Héritage
par Petrichor, le 28 juin 2021
On parle de l’EDT et de l’EDP d’Héritage, c’est bien ça ?
Je ne connais pas le Ford, et il semble n’exister qu’en EDP.
Sur Héritage, voilà le topo :
La première EDT avait un début génial.
C’étaient thème "cologne" de notes jaunes-orangées, à la fois très naturelles -genre bergamote mûre non filtrée, écorces d’orange amère, géranium à facette rosée, ?voire de la fleur d’oranger ?- et ultra-amplifiée, par la lavande les épices et le patchouli. De la cologne, on retrouve aussi le rituel : une exubérance de notes hespéridées qui ne durent pas, ici à cause d l’évolution du parfum vers d’autres accords.
Luca Turin utilise une métaphore musicale, et involontairement visuelle : la catégorie d’instrument d’orchestre des cuivres.
Comme les cuivres, opposés aux cordes, les notes de héritage sont tonitruantes, épiques, chaudes, texturées.
Comme les cuivres, la couleur passait du jaune-orangé des hespéridés, au rouge des épices, au rouge brun du patchouli, jusqu’au fond ambré poudré vanillé.
Cette couleur presque "or rose" correspondait bien au luxe de ce parfum hyper texturé, avec la facture "parfumerie traditionnelle" de la qualité des ingrédient du début, jusqu’au fond confortable et pépère qui est une autre définition du luxe.
De mémoire, la première EDP tirait vers "Derby", c’est-à-dire :
1. une transition "oeillet", faite de l’association des facettes "clou de girofle" des épices et des facettes "rosées" des hespéridés,
2. avec un fond plus moussu, presque chypré. (C’est contre-intuitif, car la définition de "fougère" oriente plutôt à une surdose de fève tonka dans le fond en accord avec de la lavande).
D’ailleurs c’était superbe, mais "un peu trop tout", un medley de parfumerie : cologne, fougère, chypré, ambré vanillé.
Et comme le relève aussi Luca Turin, il y avait du sillage. Moi j’adore, c’est parfumesque, mais les clients hommes BCBG du Guerlain de l’époque n’ont peut-être pas apprécié. D’autant que les parfums masculins qui innovent ont déjà tendance à faire des flop.
Comme l’a dit Opium, Héritage a souffert de la comparaison des autres parfums superbes sur la photo de famille Guerlain. (J’ai cité Derby, sorte de Mitsouko au masculin à l’oeillet. Nahéma et Parure sont d’autres chypré prune oeillet (et rose). Et Habit rouge. Et chacun est sublime dans sa version des années 90.)
L’EDT et l’EDP actuelles se ressemblent : l’ossature synthétique ressort.
L’ouverture n’a plus rien de vraiment exceptionnelle ou envoutante. (la bergamote filtrée ; la réglementation sur l’eugénol ; des idées ?).
Le coeur est faussement complexe, plus plat et un peu ennuyeux. (il n’y a plus le moelleux, et l’effet de confort pompeux de l’original)
Le fond est affecté par un patchouli à la demi-vie de l’uranium, qui me paraît donc un peu trop synthétique. (moins de mousse de chêne)
On a donc encore un "bon" parfum comparé à la concurrence, mais la formule a glissé vers quelque chose de plus ennuyeusement conventionnelle et de synthétique. Les espoirs de reformulation meilleure sont permises. J’espère.
(Ces souvenirs de patchouli me donne envie de sentir à nouveau "Habit rouge l’extrait" par Thierry Wasser).
Je vous laisse comparer avec le Tom Ford. (Vous m’avez rendu curieux !). La seule différence que je peux dire, c’est que les contrefaçons de Tom Ford pullulent, alors qu’on trouve facilement l’authentique Héritage sur les sites d’occasion.
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