The Unicorn Spell

par crocutacrocuta, le 7 juillet 2017
Je suis vraiment super contente d’avoir pu trouver un échantillon de ce parfum !
De prime abord, une explosion de violette atomique, l’éclosion de petites fleurs radioactives et sucrées. Cet effluve d’une candeur quasiment agressive s’adoucit pourtant pour retomber sur une salade de printemps. Comme en Suisse, on mange des fleurs, j’ai une vision de violettes reposant sur un délicieux lit de petit pois frais, et toutes sortes d’herbes vertes et malheureusement indiscernables pour mon nez peu entraîné.
C’est sans doute mon manque d’érudition qui me fait louper le caractère admis comme humoristique de ce parfum. Mais je décèle, dans The Unicorn Spell, un drôle de mélange d’enfance et de grand-mères peintes. Quelque chose d’un peu savonneux aussi, se dégage dans les premiers instants auprès de l’amie violette, qui finit par mourir, assez rapidement d’ailleurs, sur la chair. Ensuite de quoi l’odeur regagne en humidité et explore un petit sous-bois magique parce que sans terre ; une culture hydroponique (pour donner des violettes aux licornes ?). Aucune nature dans cette verdeur toute moelleuse, aucun référent réaliste ne vient troubler cette espèce de rêve éveillé ; nous sommes plus dans une abstraction faite de savons hi-tech que dans la reconstitution des sous-bois médiévaux habités par les licornes. À mesure que j’écris, je comprends mieux le caractère pointu du parfum ; son absence totale de naturalisme est une grande réussite, alors qu’on ne s’y attendrait pas tellement pour une famille fraîche. Un film à effets spéciaux sur un écran vert, remplacé par un décor en toc.
Le côté savonneux me fait penser à un domaine plus cosmétique, plus technologique. Une sorte d’alliance en somme, entre les vieux ingrédients connus des traditions et des molécules de synthèse décomplexées. Je ne connais pas assez bien la parfumerie pour distinguer les odeurs synthétiques des odeurs obtenues par extraction, mais je sens un usage ambitieux d’odeurs très connues pour arriver à un truc neuf et bizarre. Sa bizarrerie ne m’était pas non plus venue à l’esprit rapidement ; son premier abord est – mes collègues me remercient – très facile à respirer.
Bref, sans doute est-ce parce que je fais, de fait, des licornes en 3D dans mon travail, que j’imagine ce parfum à leur image. Comme je suis pour mes amis Madame Licorne, je ne pouvais pas ne pas essayer ce parfum. Et je trouve qu’il me ressemble ! Des teintes en gorge de pigeon, irisations si simples et pourtant toujours fascinantes, holographiques comme des bulles de savon. On finit sur quelque chose d’argenté, de presque métallique, mais là encore, métaphorique. J’adore.
J’avais pourtant eu peur du caractère pour moi très sucré du début. J’ai une sainte horreur des floraux sucrés, alors la violette m’inspirait une grande terreur… Cependant, ses inflexions un peu langoureuse, presque vibrantes (hystérie des jeunes pousses de plantes vertes !), m’ont vraiment réconciliée avec cette note. Un peu comme on s’excuse, dans une crise enfantine, d’avoir mangé les 15 cuberdons* qu’on avait pourtant acheté pour ses amis.
*Un bonbon belge conique constitué d’une croûte de sucre et de gélatine à la fois friable, cassante et tendre avec un cœur de sirop coulant. Le tout est de couleur plutôt lie-de-vin portugais, et associe généralement la violette à quelque chose de réglissé.
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