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Russian Tea

Masque Milano

Flacon de Russian Tea - Masque Milano
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Samovar mon amour

par Samuel Douillet, le 14 décembre 2020

Un thé noir fumant tout droit sorti des steppes sibériennes.

Consommé depuis des millénaires, notamment par les civilisations asiatiques, le thé est souvent considéré en parfumerie comme une note aromatique accompagnée d’agrumes ou de fleurs. On pense bien sûr à l’Eau Parfumée au Thé Vert de Bulgari (1992), où Jean-Claude Ellena le fait brillamment apparaître par de savantes illusions olfactives. Mais qu’en est-il du thé russe, ce thé noir et corsé que l’on boit presque brûlant ?

Pour la petite histoire, le thé arrive en Russie au début du XVIIème siècle, lorsque des émissaires reçus par le Khan mongol, goûtent avec scepticisme le mystérieux breuvage. Mais leur manque d’enthousiasme, couplé à la méfiance de l’orthodoxie et de la médecine russes à l’égard de ses vertus médicinales, repoussent sa véritable découverte jusqu’à la fin du siècle. Un providentiel traité diplomatique ouvre la route de Sibérie et marque les débuts de l’épopée du thé « à la Russe ».

C’est de sa consommation en société, avec l’eau bouillante d’un samovar et une confiture de framboise pour en adoucir les tanins, que Masque Milano, maison milanaise fondée en 2012 par un professeur d’université et son élève, en a puisé l’inspiration pour créer cette composition intrépide et raffinée.

À l’ouverture, la framboise, juteuse et charnue, dévoile ses atours fruités gourmands, appuyée par une note poivrée et tonique et une menthe montante, presque givrée. Très vite, les feuilles de thé noir apparaissent et déploient leur atours quelque peu fumés et amers. L’infusion est prononcée, puis bientôt accentuée par le bouleau dont l’aspect cuiré rappelle le long voyage effectué par la précieuse marchandise, et les souvenirs de fréquents arrêts autour de feux de camp qui s’éteignent, quelque part dans les forêts.

Le cuir s’étire dans un labdanum chaud et résineux qui s’assèche sous l’effet de puissants bois ambrés, toutefois domestiqués.

Sur le papier, la présence de framboise sur lit de cuir m’avait tout de suite fait penser à Tuscan Leather, mais le résultat final en est très éloigné, l’objet culte de Tom Ford étant bien plus racé et moderne, là où Russian Tea assume nettement son côté XIXème siècle. On pourrait alors plutôt le rapprocher du regretté Midnight in Paris de Van Cleef & Arpels, qui de son côté explorait le thé et le cuir sous un jour vanillé, voire gourmand.

Qui ne se lasse pas du thé sera charmé par l’attrait sophistiqué - mais onéreux ! - de cet habit chaud et protecteur.

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