Auparfum

Pourquoi n’y a-t-il plus de bons parfums masculins...

par Thomas Dominguès (Opium), le 4 mai 2014

Une fois n’est pas coutume, auparfum partage avec vous un article particulièrement intéressant (comme souvent, ça, okay...) ; mais, en anglais.

Lee Kynaston, expert auprès du quotidien anglais The Telegraph, a publié un article le 29 avril dernier qui soulève nombre de points réalistes et intéressants à propos de l’état de la parfumerie masculine actuellement, dont certaines des raisons expliquant sa médiocrité et sa monotonie aujourd’hui.
La plupart des éléments pourraient être appliqués à la parfumerie féminine également.
Et, surtout, tous les points évoqués seront partagés, je pense, par la communauté auparfum et ont déjà été débattus ici à maintes reprises.

A titre personnel, je souscris, malheureusement, à l’intégralité de l’analyse. On pourrait croire que cela a été écrit par Jeanne ou par moi, tant nous partageons l’opinion développée, si les propos n’étaient pas en anglais...

On peut lire dans l’article (je vous laisse traduire), par exemple, l’extrait suivant, c’est savoureux :
"So dull are today’s creations that the fragrance du jour may as well be called Ubiquity Pour Homme – a concoction that is everywhere, smells like everything else and is characterised by a top note of predictability, a heart note of safety and a base note of utter blandness. Oh, and pink pepper and something sweet and vanillary for good measure. Wear it and you’ll smell like every other man in the street..."

Plutôt que la "conviction", on préfère donc le "consensus"... Et voilà comment on reproduit, à foison, les mêmes parfums sans personnalité totalement interchangeables, aussi vite oubliés qu’ils ont été mis sur le marché.

Cela démontre que, non, nous ne sommes pas (que) de vilains méchants vachards sur auparfum ; juste des gens avec un certain sens critique. Cela fait du bien de constater que certaines convictions sont partagées ailleurs, qui plus est de l’autre côté de la Manche !
Malheureusement, le constat, lui, est navrant en plus d’être juste.

Mais, plutôt que de tout révéler, je vous laisse découvrir la suite par vous-mêmes....

Retrouvez cet article passionnant du journal The Telegraph en cliquant ici.

Bonne lecture !

Source : The Telegraph
Site web : www.telegraph.co.uk

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Ankalogon

par Ankalogon, le 26 juillet 2014 à 16:53

Nous avons les parfums que nous méritons...
Ou alors, nous somme de mauvaise fois, allez savoir.

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par Donald Bovy, le 24 mai 2014 à 12:43

Après près de 30 ans à trainer mon nez dans les parfumeries, j’ai connu des périodes plus sombres. Lorsque les niches n’avaient pas pris leur envol, les "nouvelles" créations étaient encore plus rares et la qualité n’en parlons pas. Le recul historique nous laisse les bons souvenirs mais les "bons" parfums ont toujours été rares. Les années 80 et 90 ne sont pas pour moi glorieuses. Les tambours et trompettes des créations Grosjman puis les années lessives et eaux de mer... Aujourd’hui nous les regardons avec affections mais à l’époque nous attendions un énième Guerlain qui nous décevait souvent. Après Derby et Samsara, leurs créations sont peut-être belles mais je leur préferais les anciennes ! Et à l’époque, très peu de niches pour nous changer les idées. Aujourd’hui malgré un marketing uniformisateur et absolument pas créatif, nous avons eu Dior Homme, Terre d’Hermès, Tom Ford puis les créations Hermès. Non, je ne suis pas d’accord. Je ne partage pas ce regard passéiste. Vous ne vous rendez peut-être pas compte du soulagement de pouvoir lire le guide de Lucas Turin dans les années 90 qui nous parlait des vieux parfums pour nous sortir des compositions si pauvres et déjà uniformisées de ces années-là. Enfin un échange ! Aujourd’hui nous avons internet pour vous lire ! Le marketing est conservateur et l’histoire d’Angel en parfumerie résume bien son incapacité. Rendons gloire à ceux qui le pourfendent.

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par Opium, le 10 juin 2014 à 17:10

Bonjour Donald Bovy.

J’aimerais tant être aussi optimiste que vous.

Je comprends bien que l’arrivée de la liberté et de la créativité du secteur niche ont dû paraître bienvenus alors que la parfumerie commençait à sombrer dans la grande vague continue de médiocrité qui dure toujours actuellement.

Le souci, c’est qu’au final nous sommes d’accord. Vous situez la période des problèmes et de l’uniformisation avec les « mauvais » parfums aux alentours des années 80 et 90. C’est bien ce que je répète souvent ici.
(Thierry, un ami, nous disait encore samedi midi à propos de Poison dont il a connu l’invasion à peu près partout que, je cite : "Je crois que c’est avec lui que tout a foutu le camp..."" ^^
En fait, même si j’aime chacun des trois parfums que je vais citer, ils représentent trois des moments qui vont bouleverser la parfumerie contemporaine et contenaient tous trois les vers du marketing outrancier et de la vulgarité des notes et des campagnes de publicité qui nuiront tant ensuite en devenant les mètres étalons à reproduire jusqu’à l’écœurement : Opium, Poison et Angel. Ce sont trois parfums à forte personnalité que j’adore et vénère. Mais, il me faut admettre aussi qu’ils ont été des étapes nécessaires vers le tout marketing. Différence majeure avec l’époque actuelle : ces trois parfums (complexes) avaient de la personnalité (quitte à exaspérer) et on le disait ; aujourd’hui, on vante la personnalité de trucs (simplistes) qui n’en ont aucune (en dehors, peut-être, d’exaspérer par les calories ingurgitées à chaque inspiration)... ^^)

De la même manière, le journaliste précise une période de créativité en citant Grey Flannel, parfum qui a été créé en 1975, soit avant le début de ce que nous connaissons bien ici sur auparfum : une parfumerie répétitive qui copie-colle les succès déjà réalisés sans âme, tirée de l’environnement immédiat des gens interrogés durant des tests consommateurs qui visent à sortir le fil conducteur commun, à savoir pour simplifier, les arômes alimentaires, de shampooings, gels douches, mousses à raser et déodorants qui sont les objets de la cuisine et de la salle de bains.

Donc, au final, vous allez dans le sens de la critique du journaliste.

Je vais encore une fois citer un ami, Thierry toujours : « Jusqu’à la fin des années 70, tout était bien, parfois vulgaire mais rarement, et toujours de qualité ; après... »

De plus, sans tirer une sonnette d’alarme, bien malvenue pour un domaine aussi peu « important » au final, au sens de non-essentiel, il peut être utile d’être vigilants. Parce que que la niche - de plus en plus mise en concurrence, même par des gens de toute bonne foi mais qui n’y connaissent pour ainsi dire pour la plupart (soyons honnêtes...), rien en « parfums » en dehors d’en porter eux mêmes - parce que que cette niche, donc, tente de jouer de plus en plus « hors niche » et se prend pour la grenouille qui veut se faire plus grosse que le bœuf, on voit de plus en plus de produits calibrés grand public, sans originalité, sans âme, sans vibration, juste là pour augmenter la rentabilité et pour vendre. Vendre c’est très bien. Mais, que chacun reste à sa place, le grand public nul d’un côté rarement sauvé par de jolies choses et le niche médiocre très moyen de l’autre.

Auparfum est juste là pour tenter d’augmenter le sens critique afin que, peut-être, on soit plus exigeant et que la qualité augmente en grand public et se maintienne (au moins, voire évolue) en niche. N’être ni désabusé ni « ravi de la crèche ».

Vous avez raison, nous avons eu Dior Homme et Terre, mais, c’était il y a déjà près de huit ans, soit une éternité dans ce genre de domaine. Ce dernier serait lancé aujourd’hui que, c’est ce que je disais à mes camarades collaborateurs ici, je trouverais cela génial, même en niche hyper pointue hypissime ; car ce parfum arrive à concilier accessibilité relative et codes élégants, équilibrés, novateurs, pointus et, tout bêtement, grande beauté.

A propos du relativisme qu’il faut toujours conserver à l’esprit en matière d’objets présents, vous avez pour partie raison. Toutefois, si on regarde avec une certaine nostalgie des objets du passé, même ceux qu’on a peu désirés au moment de leur sortie, ils peuvent ne jamais devenir des objets chéris finalement, quelle que soit la quantité d’eau qui coulerait sous les ponts. ;-)

Par exemple, lors d’une brocante, j’ai retrouvé un fond de Liberté Acidulée des Belles de Nina Ricci, le flacon vert et rose qui sentait la framboise et la feuille de tomate. Je l’ai porté. Mais, là, oui, j’ai senti vaguement la feuille de tomate si originale à l’époque. Mais, ce que j’ai rencontré surtout, c’est un sirop de framboise bien sucré, j’ai donc passé mon chemin et n’ai pas craqué sur ce parfum, quelle que soit sa valeur relative.

De la même manière, les parfums de la période que vous citez ne sont pas non plus ma tasse de thé. Ils ont beau avoir aujourd’hui près de vingt ans, je ne les apprécie toujours pas beaucoup plus.

Trésor, Paris et Poème, bien que très originaux à l’époque de leur lancement, ne m’ont jamais parlé. Ils ne le font toujours pas plus. Ils continuent à manquer de cette grâce naturelle qui, selon moi, leur fait défaut. Mes articles à propos d’Amarige et d’Eden en sont, je crois, de bons exemples.

Là où vous avez raison, c’est pour bon nombre de Guerlain, qui ne faisaient pas assez Guerlain justement et que, rétrospectivement, on trouve plutôt intéressants ; il en est ainsi de Champs-Elysées et de Mahora/Mayotte par exemple, mais il y en a bien d’autres parmi les parfums sortis assez récemment.

Donc , parfois, effectivement, on peut retrouver des objets mal aimés du temps de leur tentative de gloire. Mais, pas toujours.

En espérant que tout ceci soit utile.

Passez une agréable journée.

Opium

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par Donald Bovy, le 15 juin 2014 à 14:45

J’aime vous lire. Ma passion remonte à une colère au début des années 90. J’aime donc la votre. J’ai senti Ungaro III et j’y ai senti Jicky. Comment peut-on laisser copier sans rien dire. La critique n’existait pas et j’ai fait ce que j ’ai pu : en parler sur France Inter dans l’émission de Brigitte Vincent avec un nez qui osait dire que la critique n’était pas nécessaire car "tous les goûts sont dans la nature". Shame ! Et aussi pendant 20 minutes au téléphone avec l’une des trois rédactrices en chef de l’époque du magazine Elle. J’avais écrit une lettre de 6 pages. Je disais qu’elles trahissaient Edmond Roudnitska car elles ne défendaient pas la qualité. Elle a décroché son téléphone car elle était amie avec lui ! Elle a fini par me reconnaître que le magazine ne pourrait jamais dire du mal d’un parfum à cause des pubicités qui les font vivre. Heureusement Lucas Turin est arrivé. Heureusement, vous êtes venus. Merci.

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par Aryse, le 15 juin 2014 à 16:44

Heureusement Lucas Turin est arrivé. Heureusement, vous êtes venus. Merci.

Oui Lucas Turin a ouvert la voie.Oui, d’autres bloggeurs ont suivi et maintenant auparfum est là.La parole est désormais libre concernant les appréciations personnelles sur les parfums.et leurs ressentis.

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par Opium, le 15 juin 2014 à 21:25

Bonsoir Aryse.
Exactement.
Vive la parole libre, personnelle, subjective, objective (ou sa tentative difficile), contradictoire, argumentée, impulsive, réfléchie, immédiate, élaborée, défendue, emportée, parfois colérique, souvent enthousiaste (ou l’inverse, je ne sais plus)... ;-)
Bonne fin de week-end.
Opium

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par Opium, le 15 juin 2014 à 21:22

Re-Bonsoir Donald.
Nous vous devons beaucoup, nous aussi, rédacteurs du web aujourd’hui.
Votre anecdote à propos de Ungaro III et Jicky est utile historiquement à propos de la liberté de parole dans le domaine du parfum. La copie est un problème depuis longtemps. La différence est que, auparavant, j’imagine que certain(e)s passionné(e)s dans divers domaines devaient se sentir bien seul(e)s face à certaines interrogations, ne pouvant pas échanger avec d’autres, se sentant peut-être seul(e)s. Ainsi, vous, à qui on prohibait le droit à la critique à propos du parfum sous prétexte de relativisme individuel alors qu’en fait, c’est juste car il ne faut surtout pas flinguer le business énorme que les cuves à parfums engrangent. Si la pub vous dit qu’c’est trop la clâss’ d’porter c’parfum, c’est qu’cest vrai ! Point. Mais, bien entendu...

(L’argument du relativisme individuel est probablement, pour être honnête, l’un de ceux qui m’exaspèrent le plus. En effet, il y a relativisme. Bien entendu. Dans le parfum. Mais aussi pour le cinéma. Comme pour la musique. La gastronomie. La lecture. L’art. Les arts. Une part importante même de la connaissance scientifique qui, pour se construire, "hypothétise" et se contredit jusqu’à ce qu’enfin, des décennies plus tard souvent, elle croit avoir trouvé certaines certitudes, mais pas forcément générales ni définitives. Etc. Comme dans beaucoup d’autres domaines en somme. Et, pourtant, on ne ressort pas cet argument du "tous les goûts tatata" en mode "scud automatique pour mise en sécurité d’un domaine protégé" comme on le fait pour le parfum dans tous les autres domaines. Il y a LE bon et SON/NOTRE bon parfum. Mais, le relativisme individualisé (très révélateur de notre époque où chacun a et doit avoir la liberté de ses opinions), s’il existe, n’empêche pas la détermination d’un champ plus global et partagé. Comme je le dis parfois, on se fait une idée d’abord, puis il faut relativiser dans un second temps, mais enfin dans un troisième, il est utile parfois de relativiser le relativisme... ^^)

Jeanne nous expliquait que, justement, son envie de créer auparfum est partie de sa lecture d’un magazine, je crois, où les journalistes faisaient oeuvre d’esprit critique dans tous les domaines SAUF le parfum, où seul le dossier de presse ânonné bêtement a(vait) droit de cité, ce qui l’a surprise et un peu choquée.
Mais, c’est que dans la presse, je confirme effectivement comme vous le précisez très justement, bien évidemment, on ne "tape" pas sur les annonceurs car, sinon, en signe de représailles, ils vous retirent les budgets de publicité, essentiels à la survie de la très grande majorité des magazines. (C’est drôle, nous discutions justement de cela hier après-midi ! ^^)

Sans internet, si nous n’avions pas été en 2010, j’aurais crû "les madames" qui me répétaient sans cesse à propos d’Opium que, non, le parfum n’a pas changé, c’est mon nez qui se "trompait". Meuh oui ! *bruit de troupeaux de vaches et moutons qui meuglent avec des regards de veau alors qu’on les amène docilement à l’abattoir*
Une colère saine, un peu emportée mais vive et justifiée, parfois, a du bon.
Vive la saine colère !

Merci encore. Que certains aient défriché le droit à la critique pour le parfum, Luca Turin le premier, et d’autres ensuite, plus ou moins anonymes (dont vous), nous a permis d’avoir l’envie de faire partie de cette communauté qui apprécie d’échanger autour de ce qui peut être un bel objet comme le parfum. J’apprécie beaucoup de vous lire, vous et nos lectrices/eurs également. Cela nous force à réfléchir, nous pousse dans nos retranchements, nous force à réévaluer tel produit ou telle pensée. A ne pas rester statique(s) en somme. Donc, merci. ;-)
Bonne soirée.
Opium

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par Jeanne Doré, le 16 juin 2014 à 21:18

Bonsoir Donald, Aryse, Opium, merci pour cet échange riche et touchant.
J’ai presque l’impression d’avoir fondé un nouveau parti politique :)
Opium a raison, l’idée d’auparfum m’est venue en constatant un jour le contraste entre les critiques acerbes (et justes) de musique/ciné/livres d’un magazine, et sa "page parfums" qui suivait, où tout n’était que délice et volupté... ça m’avait interpellée !

J’ose formuler ici le voeu que, grâce à l’existence désormais reconnue et incontournable de la critique de parfum sur internet, qui peut exister sans avoir recours aux annonceurs grâce au travail gratuit de quelques passionnés, une presse indépendante mais visible pourra un jour exister et se permettre de publier des critiques de parfums justes et utiles, qui seront admises et tolérées au même titre que les autres formes d’art.

Le jour où le public trouvera aussi normal de lire la critique du dernier Guerlain que du dernier Tarantino, alors les annonceurs seront bien obligés de composer avec...
La façon dont les marques ont déjà depuis un certain temps commencé à "s’occuper" des bloggueurs démontre bien l’importance qu’elles nous accordent !

Encore merci pour vos mots,
Bonne soirée à tous,
Jeanne

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par Anna, le 16 juin 2014 à 22:30

3:0 pour Jeanne !

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par Opium, le 22 juin 2014 à 20:56

Salut Jeanne.
Je suis content que tu sois venue confirmer l’anecdote que je me suis permise de relater ici. Du chemin a été parcouru depuis quelques années... ;-)
Je "touche de l’œillet" autant que je peux pour qu’ISM t’entende et fasse en sorte que la critique de parfums, même si elle divisera toujours (ce qui est l’essence même de la critique), ne semblera plus étonnante plus tard.
Pourvu que la presse puisse, enfin ,exprimer une vraie opinion sur le parfum. C’est très loin d ’être le cas pour le moment. Cela sera plus probablement le cas sur internet que sur papier, comme on le voit avec arabia.style.com ; c’est bien un web média qui a ouvert ses "colonnes" à Luca Turin récemment... ;-)
Vive le PP ! (Le Parti du Parfum ! ^^)
Bonne soirée. A très vite.
Opium

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ana

par ana, le 10 mai 2014 à 23:30

Merci pour le lien, Opium. C’est encouragent de savoir qu’il y a encore des gents qui partagent nos opinions.
Et oui, création dans le "mainstream" manque cruellement de courage.

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par Opium, le 13 mai 2014 à 20:14

Bonsoir Anna.
Effectivement, la parfumerie grand public n’est vraiment plus l’arène dans laquelle règne un quelconque courage...
Heureusement, on peut trouver mieux et plus original (et pas toujours forcément beaucoup plus cher) ailleurs... Ouf ! Et, heureusement, il n’y a pas que les hurluberlus que nous sommes (nous les fadas de parfums) qui trouvons qu’un truc cloche, d’autres pensent a priori exactement la même chose. ;-)
Avec plaisir pour le lien, content qu’il soit utile.
Bonne soirée à vous...
Opium

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par Anna, le 13 mai 2014 à 23:41

On va prier au dieu ISM pour un jus masculin pour Olifactorama 2014...

Hier, j’ai accomplie L’acte charitable de la semaine en dissuadent une demoiselle d’acheter un lingot de ce truc immonde. "Je kife trop, ca sente trop bon..." Elle a finalement décidé de partir avec Valentina, qui est un bon début pour une adolescente et qui va pas lui faire honte dans x années. Elle a trouvé son choix final plus original. Bref... Ce que me fait encore plus plaisir c’est qu’elle est partie avec une mouillette de l’Air de Temps collé au nez "Woouw ! C’est quoi CA ?!?" est un échantillon de Panthère. J’arrête pas de sourire à l’image d’une adolescente au sillage de l’Air du Temps...il fallait que je vous le dise.

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par Opium, le 16 mai 2014 à 21:12

Bonsoir Anna.
En fait, s’il faut prier dieu ISM, c’est car il faut en tout cinq parfums, soit au moins trois de plus que les deux jolis déjà sortis. Ce n’est pas gagné (du tout)... ;-)
Bien joué, vous avez œuvré pour la parfumerie : Valentina c’est toujours mieux qu’un lingot ou un diams en toc. Mais, surtout, faire découvrir La Panthère et L’Air du Temps à une adolescente, ça, c’est vraiment bien. Le Ministère de la Culture devrait remettre une médaille ou faire remporter des fonds pour ce genre d’initiatives... ;-)
Bravo ! Merci pour l’anecdote.
Bonne soirée.
Opium

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par Nicolaï, le 10 mai 2014 à 15:47

Ce texte, pertinent mais finalement sans grande surprises, pourrait s’appliquer au monde du cinema et des blockbusters interchangeables – tout autant testés par les fameux "panels" de consommateurs –, ainsi qu’à la littérature (ce qu’il en reste), écrasée par les Levy-Pancol-Musso-Galvalda et autres mastodontes lénifiants et consensuels. En somme : peu de place pour l’innovation véritable, stratégie du risque zéro, omniprésence écrasante sur les points de ventes ou d’accès – donc étouffement du consommateur, qui, mu par la loi du moindre effort, a tendance à manger ce qu’il y a dans la gamelle qu’on lui met sous le nez...
Et pourtant il n’y a jamais eu autant de parfums, de films, de livres, (etc.), qu’aujourd’hui. C’est l’hyperchoix, immense labyrinthe ; dans lequel on se perd – où plutôt dans lequel certains, rares, aiment à se perdre (alors que d’autres s’en remettent à l’implacable mainstream, c’est tellement plus facile). Le problème, pour ce qui nous occupe, est que 5% des parfums sont achetés et sentis par 95% des gens qui se parfument (tout le monde ne se parfume pas). Ces 5% de parfums constituant le gros du chiffre d’affaire du marché. Alors que des dizaines de milliers d’autres fragrances (de la niche, de la micro-niche et de la nano-niche tirée à 100 flacons) doivent se partager entre les 5% de gens qui restent (des perfumistas, pour la plupart). En économie on appelle ça la "longue traîne", cet espèce d’immense train de marchandises (trois locomotives, dans lesquelles tout le monde veut monter, et des centaines de wagons accrochés derrière, où traînent à peine quelques curieux...) Or comme le dit le journaliste, pas évident de prendre le risque de sortir quelque chose hors cadre, dès lors que le client est, d’avance, frileux. C’est très cher de sortir un parfum, ça coûte beaucoup (à l’auteur) d’écrire de la vraie littérature, c’est hors de prix de produire un film ; mais il faut compter néanmoins avec quelques têtes brûlées, courageux explorateurs sans qui ce monde lisse et aseptisé, où rien ne dépasse plus, serait totalement invivable. Prions pour eux :)

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par Opium, le 13 mai 2014 à 20:12

Bonsoir Nicolaï.
Encore un fois, je partage ce point de vue et ne vais pas trop rallonger la sauce, j’ai déjà abordé pas mal des points, qui sont ici échangés, un peu plus bas il y a quelques minutes.

Mais, comme je l’ai explicité il y a quelques mois, il existe une différence majeure entre le domaine du parfum et les autres régulièrement cités ; elle est d’ordre temporel.
C’est que dans le cas du parfum, contrairement aux livres, au cinéma ou à la musique, pour ne citer qu’eux (qui partagent également les similitudes d’être à la fois des objets commerciaux et parfois des contenus à valeur artistique), tout un ensemble de personnes a connu le changement de paradigme dans ce cas précis : le passage du parfum d’un objet systématiquement qualitatif, jusque dans les années 70-80, à un objet systématiquement fonctionnalo-cheap actuellement, et ce, depuis à peu près 2000-2005.
Cela explique que, dans ce cas particulier, la pilule soit plus dure à avaler. Pour le cinéma, la télévision, la musique et la littérature, il y a eu perte de qualité, soit ; mais, cela est moins douloureux, car une bonne part du mal ayant été effectué auparavant, nous avons déjà été habitués à leur perte de qualité.

J’ose ajouter que la qualité, aujourd’hui, dans le domaine du parfum grand public, est en-dessous de tous les autres domaines en moyenne selon mon échelle toute personnelle d’évaluation. Tout est mauvais. Ou presque. En tant qu’organisateur d’un prix qui vise à tenter d’établir une liste des seuls "meilleurs" de l’année, il est déprimant de constater que sur la centaine de lancements qui a lieu par an en parfumerie grand public, il est difficile d’en trouver une dizaine qui parviennent à séduire.
C’est que, dans le domaine du parfum, la connaissance étant moins partagée, on nous vante encore que "tout le monde, il est beau, tout le monde, il est gentil". Il suffit d’observer le regard stuporeux de certain(e)s quand on énonce une critique à l’égard d’un parfum ; c’est comme s’il s’agissait d’un objet mythique dont la beauté serait systématiquement celle de son dossier de presse, dont on ne devrait pas déborder.
C’est justement cette incapacité à la critique de l’objet "Parfum" qui a poussé Jeanne à créer auparfum. ;-)
Et, encore une fois, renier même le droit à la critique, ou, pire, avoir le plus souvent une attitude de déni ("Oh, mais, vous critiquez un parfum, mais, ça sent bon...), relèvent bien qu’il y a, je crois, quelque chose d’un peu différent entre le parfum et le reste ; il ne viendrait à l’idée de personne d’être surpris par une critique de film, série télé, livre ou album de musique. On peut ne pas être d’accord, se vexer, la trouver désagréable et en être affecté(e), mais l’idée même de la critique n’est pas remise en cause. Dans le cas du parfum, si. C’est qu’il y a encore davantage de chemin à parcourir. ;-)

Merci également à vous pour votre intervention fort utile.
Prions dieu ISM ! ;-)
Opium

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par Nicolaï, le 16 mai 2014 à 13:26

J’observe aussi, et pour reprendre vos pertinentes remarques, que la parfumerie fine (ou de luxe – mais qu’en reste-til ?) se voit grignotée tous les jours, – voire dévorée – par le fonctionnel. Se parfumer devient une fonction. Dans un monde-machine où chacun se doit de fonctionner. Et de bien fonctionner si possible, sous peine d’être mis au rebut. D’un autre côté, la parfumerie dite "fonctionnelle", celle qui concerne les WC, les détergents et les crèmes-douche, se voit parée des derniers atours du luxe. J’attends avec impatience le premier Mir Couleurs à l’oud de Birmanie (enfin une reconstitution, ne nous affolons pas). En fait vous entrez chez quelqu’un aujourd’hui, tout sent à peu près pareil. Sa salle de bain, ses vêtements, ses armoires, l’habitacle de sa Twingo, sa peau, tout. C’est dément. On va parvenir, encore un peu de patience, à une sorte d’esperanto olfactif, agréable et sans âme, lénifiant, sorte de Grande Senteur Globale qui va recouvrir le monde. Préparons-nous.

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par Opium, le 16 mai 2014 à 21:36

Bonsoir Nicolaï.
Je vais tâcher de répondre à vos deux messages (car les deux sont intéressants ^^) ici uniquement.

En fait, ce que vous relatez très justement relève d’un paradoxe.
Les gens déclarent ne pas vouloir sentir certains produits fonctionnels et portent pourtant des trucs qui sont proches (pour ne pas dire qu’ils appartiennent à...) d’autres domaines du fonctionnel sans s’en rendre compte. La plupart des personnes ne veulent pas de muguet, de fleurs blanches printanières, de rose ou de lavande car ces fleurs rappellent trop les bombes à lieux d’aisance où elles ont été utilisées jusqu’à plus soif pour tenter de faire oublier où et pourquoi elles étaient justement utilisées. Les figues, les encens et les ambres massifs pas trop vanillés vont être rejetés par beaucoup car ils rappellent trop les parfums d’intérieur. En revanche, les fruités yaourts, shampooings, sodas, les sucrés bonbecs, crèmes desserts, les lessives et assouplissants divers, les gels douches, déos et mousses à raser de bombes en métal, eux, sont toujours plébiscités : probablement car les gens ne perçoivent pas la "fonctionnalité" latente de l’odeur de ces produits. Sentir la figue, no way donc car cela rappelle trop la maison et n’est pas assez noble ; toutefois, se verser de la Danette sur le corps, no souçaï, ça passe... Pourquoi pas... ^^
(Lutens, par ailleurs, s’est déjà exprimé là-dessus, sur le besoin de tout odoriser pour que plus rien ait d’odeurs (mauvaises).
Heureusement, il y aura toujours quelques personnes pour aller sentir plus loin que le bout de leur nez. ;-)

A propos du fonctionnel qui s’inspirerait de la parfumerie fine pour faire rêver jusque dans les chaumières, je vous rassure, c’est déjà le cas ! Apta a lancé des produits à wawas qu’on croirait inspirés de l’univers Serge Lutens à coups de vanille, cèdre et santal. Et Mir, je crois bien, a lancé un produit vaisselle qui contiendrait de... l’iris. Oui, c’est bien ça, Mir - Produit Vaisselle Main - Secrets de Fleurs Iris Sauvage : le produit qui se la joue tellement "parfumerie fine" que son nom est plus long qu’un flanker Givenchy de 17ème génération ! Oui mesdames, messieurs, votre produit vaisselle est super klâss’ ! (La plupart des gens ne savent même pas ce que c’est que l’iris et, donc, doivent s’en moquer comme de leurs premières chaussettes. Mais, encore davantage de personnes ne savent même pas ce que cela sent : résultat, on peut faire une odeur de ce que l’on veut, personne ira s’en plaindre...) ^^
En fait, on suppose que l’une des raisons qui fait que le fonctionnel s’inspire de la parfumerie fine ne vient pas seulement du marketing des marques qui tentent d’innover, mais aussi des parfumeurs en parfumerie fonctionnelle qui profitent d’une relative liberté supplémentaire de création dans un domaine moins testé... pour peu qu’ils respectent les contraintes budgétaires qui, elles, sont des boulons serrés au maximum dans cet univers. Mais, mon détachant avant-lavage pour le linge Carrefour, après quelques notes fruitées et musquées, révèle un bouquet floral vert qui serait presque en meilleur état qu’Y aujourd’hui ! Le/La parfumeur a dû se faire plaisir ! ;-)

A propos du fade, il est, vous avez raison, partout. Le shampooing J’adore est bien No.1 des ventes, hein ? ! Pas des ventes de shampooing ! De parfum... ^^
[Petite digression...]
Je ne regarde plus la télé, je tente juste de me tenir à peu près au courant pour ne pas me trouver trop en décalage avec celles et ceux qui portent toujours attention à ce divertissement. L’émission Pékin Express, qui avait au moins l’intérêt de faire virtuellement voyager, car elle n’est pas assez rentable en termes d’audimat (trop "intello" ?), va être supprimée. Probablement pour faire place à un nouveau concept trop génial (réchauffé) avec des gens en string et micro-maillots fluos pour faire grimper l’audimat. ;-)
Bon, disons qu’il y a probablement au moins un domaine qui est au moins pas franchement mieux que le domaine du parfum : la télévision ! Quoique, entre parfumerie grand public et TF1, mais, il suffit Opium, trêve de faux débats, arrête donc d’enfoncer des portes ouvertes. (Je suis sûr que Paco Rabanne doit être la marque la mieux représentée / la plus portée par certains participants de certaines émissions de télé-réalité... ^^ #peste #mauvaise #opiumesque)
[Reprise du cours normal des programmes.]

Votre réflexion à propos du parfum en tant que simple fonction de plus, à ajouter à l’ensemble des autres, est très juste. Le parfum, désacralisé, n’est plus qu’un sent bon, dont on ne doit surtout pas dire qu’il est payé bien trop cher au vu du résultat final cheapissime (ce dont on ne peut pas faire autrement que le percevoir ici, sur auparfum, quand même). ^^
Mais, je suis convaincu également qu’il reste un peu d’espoir pour certains. Après tout, on voit le retour de l’intérêt pour certains légumes même et surtout quand ils sont moches. Car on sait qu’ils sont, alors, moins manipulés, moins triturés, plus naturels. Il y a maintenant pas mal de gens qui préféreraient une tomate plus naturelle qui moisirait (ce qui est juste normal) aux tomates botoxées actuelles, tellement figées (dans le temps) qu’elles n’ont plus aucune expression (gustative). J’ai fait l’expérience, hors du frigo : des tomates cerise qui n’ont pas bougé durant... 3 semaines ! C’est délirant !
Mais, ce genre de préoccupations n’intéresse(ra) que certaines personnes, plus exigeantes. Les mêmes, probablement, qui se rendront/rendent compte qu’un parfum qui sent un truc cheap de la maison ou du corps, c’est comme qui dirait un peu un problème. ;-)
Il y a de l’espoir. Cela ne concernera juste pas tout le monde. Tant pis, faisons pour celles et ceux qui se sentent intéressé(e)s. Après tout, tous les goûts sont dans la nature, les bons et les mauvais. ^^
Encore merci pour vos interventions fort pertinentes.
Bonne soirée.
Opium

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par Nicolaï, le 18 mai 2014 à 17:54

Vous êtes doté d’une belle énergie, cher Opium. Merci.
Ce que je trouve inquiétant, c’est que dans bien des domaines, la fadeur soit le référent qualitatif pour un grand nombre de personnes qui n’ont pas connu autre chose. Pour rester dans la parfumerie, faite sentir n’importe quel vintage (Vent vert, par exemple) à un quidam, il va le trouver soit "trop fort" soit d’un autre temps (c’est à dire has been). L’époque est au light, à la surface, à l’image. Et on ne peut pas faire grand chose contre une époque. Juste attendre l’époque suivante, en espérant qu’elle réserve quelques (bonnes) surprises.

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par Opium, le 20 mai 2014 à 21:26

Bonsoir Nicolaï.
Merci pour la "belle énergie" que vous avez eue la gentillesse de m’attribuer ! Découvrir et s’intéresser aux parfums, comme dans d’autres domaines, c’est un peu de l’endurance. Ça tombe bien, je ne suis pas trop mauvais en endurance justement. ^^

Ah, le problème de tout ce qui n’est pas tendance, d’actualité... Mais, en même temps, avec les "normcore" (ces hipsters qui assument la banalité (recherchée ?) du style), on voit arriver des tendances contre la tendance qui le sont encore plus en l’étant moins. (Je vous ai perdu hein ? ! ^^) Alors, peut-être que ne pas être tendance est une manière d’être branché finalement. Ce qui laisserait une place aux "has been" olfactifs que nous passons pour être au prétexte que l’on a un peu de sens critique et que l’on veut autre chose que du déodorant pour se parfumer. (Il y a toujours des gens pour reprocher à d’autres le fait de ne pas apprécier les émissions du samedi soir au prétexte qu’ils "se prennent la tête". Non, c’est juste qu’on peut se divertir sans avoir à annoncer un état de mort cérébrale... ^^) Au moins, pour l’appréciation de certains objets de manière plus confidentielle, la valorisation du goût individuel de chacun a du bon. On est ainsi libre d’apprécier ce que l’on entend sans se soucier d’autrui. Dans une société qui valorise l’individualité, tout est autorisé, même avoir pas trop mauvais goût ; tant pis si on est minoritaire... ^^
Et même si ce n’est pas du goût d’autrui. Quand on me dit que tel ou tel parfum est "vieillot" et "has been", je rappelle que celles et ceux qui me le signifient ont raison. Mais aussi qu’il y a une autre différence importante avec les parfums d’aujourd’hui. Si ceux du passé sont donc "has been", ceux d’aujourd’hui en très grande majorité seront des "has NEVER been", oubliés et jettés plus vite qu’un lot de Kleenex. (Qui se rappelle de la "Moche d’Opium" pourtant annoncée comme le "grand lancement 2010" ? Personne...) En général, après ça, les gens ne mouftent plus. ^^ #uppercut #KO

Votre fatalisme est, je crains, assez réaliste.
La seule chose que je refuse, c’est qu’on me fasse la leçon dans le cadre du parfum (surtout quand les bases ne semblent pas maîtrisées par l’interlocuteur). Et, globalement (toujours), avec des arguments bien ficelés, pour peu que l’on ait un public ouvert et plus de dix minutes devant soi, les gens comprennent vite qu’il y a, dans les parfums aussi, une échelle de qualité et perçoivent qu’il y a une différence entre ce QUI est beau et ce QU’ILS trouvent beau.
Il faut juste un peu de patience, du tact, de la fermeté, de l’humour, de la dérision et des arguments (bon, un peu de charisme doit aider aussi à faire passer le message).
Face aux arguments honnêtes, sincères, justes mais surtout pertinents, personne ose remettre en question que, par exemple, Chanel No.5 est un "grand" et "beau" parfum (composition complexe, d’où les matières ressortent, mais déformées comme sous un angle cubiste) alors que J’adore est un "bon" et "joli" parfum seulement (rendu trop proche d’éléments du fonctionnel de qualité moyenne). ^^

"L’époque est au light, à la surface, à l’image" effectivement. Mais, il est encore possible de prendre quinze minutes pour parler de telle ou telle chose. Il ne faut juste même pas tenter de le faire avec tout le monde. Il faut trier un peu. Mais, au final, souhaite-t-on parler avec la planète entière ? Probablement pas... ^^

Je ne veux pas attendre que les choses passent, je suis trop impatient et, je n’ai pas le temps pour ça. Simplement, pour éviter de me/se battre contre des moulins à vent, il ne faut pas chercher à tout rectifier, il faut valoriser ce qui est déjà bien et changer ce qui peut l’être.
En faisant des trucs tout bêtes. Je vais vous raconter deux anecdotes...
- Il y a plus d’un an, à la station de bus, je détecte un parfum assez rêche, crémeux, rosé et terreux, un peu dur. Je me dis que ce doit être Florabotanica. La jeune femme à côté de moi a l’air dans son monde avec son casque audio énorme et son look de robe fashion "hipsteuse". Je me dis qu’elle est pile poil dans le cœur de cible (elle a pas l’air facile, à l’image du parfum et de l’égérie qui a l’air aussi sympa qu’un banc de piranhas quand vous plongez vos doigts dans l’eau). Je me permets de lui adresser rapidement la parole, lui demande si son parfum est Florabotanica et la félicite. Je fais en sorte de faire bref car nous sommes à Paris et que la hype-steuse n’aime pas trop le contact humain par définition (elle a un peu, admettons-le, des symptômes de c*nnassitude intrinsèquement). Je félicite donc la demoiselle et lui fous la paix. Si cela lui permet un tout petit peu d’avoir suffisamment confiance en ses propres goûts pour éviter de se laisser imposer la prochaine sucraille qui collera tellement moins à sa personnalité lors de sa virée make-up + parfum, tant mieux ! Voilà pour la première. ;-)
- Samedi matin dernier, en revenant des courses, je sens Infusion d’Iris. Étonnant et rare dans le 20ème populaire où je vis. Mais, peut-être. Une dame d’une cinquantaine d’années est devant moi. Je lui demande si elle porte Infusion d’Iris de Prada. Elle me répond, après la surprise initiale passée, qu’elle porte "Prada" : c’est donc bien ça. Je l’ai félicitée et dit qu’elle sentait très bon. Elle m’a dit changer souvent et alterner avec Jardins de Bagatelle. Je lui ai dit encore que ces deux choix étaient superbes ! Si ça l’aide à résister à la prochaine proposition de Manifesto, tant mieux. ;-)
Il faut juste ajouter quelques grains de sable pour que la machine (de promotion des bouses interchangeables) se grippe un peu. ;-)
Bonne soirée.
Merci pour ces échanges.
Opium

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kranzler

par kranzler, le 8 mai 2014 à 05:38

Ce qui est vrai pour les parfums (masculins, mais pas uniquement) l’est également pour les livres, les films, et bien d’autres choses.

Inutile de chercher Elan, Fougue, Sensualité ou Mystère. Les parfums masculins semblent créés pour des femmes un peu fades qui achètent pour leurs hommes tout aussi fades un “truc sympa qui sent bon sur lui sans donner trop la migraine”.

Je ne vois pas la tendance se retourner avant la prochaine guerre. Au rayon des nouveautés, eau de toilette après eau de toilette, ce sera mediocre après médiocre, quelconque après quelconque.

C’est grave ? Pas forcément. Car un parfum n’a pas besoin d’être nouveau. Nous lui demandons juste d’ être légèrement insensé, et peu importe qu’il date d’hier. Seul les idiots cherchent à tout prix ce qui est nouveau – n’est-ce pas ?

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par Opium, le 13 mai 2014 à 20:00

Bonsoir Kranzler.
Je ne peux, bien entendu, que rappeler à quel point je partage cette analyse et suis plutôt d’accord avec sa conclusion (sans vouloir, bien entendu, vexer personne... ^^).

Le but d’auparfum, et de projets comme l’Olfactorama, c’est justement de tenter de laisser un petit espace de survie aux quelques-uns qui cherchent autre chose que cette parfumerie sans âme qui fleure bon les gâteaux secs et le déodorant.
Que la médiocrité existe, soit, mais qu’autre chose puisse exister aussi.

Bon, il y a malgré tout un élément qui a toujours et inéluctablement tendance à m’exaspérer : c’est quand une personne, sous prétexte qu’elle acheté chaque trimestre une nouveauté que la publicité lui a vantée, se croit "connaisseuse/experte" en parfums et juge bon de vous/me dire que vous/je porte(z) un "parfum de vieille" sous prétexte qu’il n’a pas le bon goût d’avoir un bon vieil arôme de fruits pour yaourts ou shampooing et de ne pas juste "sentir bon" et donner l’impression de valoir aussi peu cher que la plupart des produits Lidl ! ;-)
C’est comme si on nous disait que René La Taupe ou Michaël Youn (j’espère ne pas écorcher son nom...) étaient de grands artistes musicaux... et du cinéma en sus pour le second ! ^^ Un peu de détente, ok, mais ne mélangeons pas les torchons et les serviettes, comme je me plais à le rappeler. On a tout à fait le droit de vouloir de la légèreté et du fun, du divertissant et du facile : mais, dans ce cas, on ne crie pas au chef d’œuvre !
Quand je m’endors avec la Fleur d’Oranger de Fragonard, j’ai bien conscience que c’est justement sa simplicité apparente et sa construction autour de muscs et d’une fleur qui sont apaisants et facilitent l’endormissement qui sont mes éléments déterminants de choix : je n’ai pas l’impression de m’envelopper de la 17ème merveille du monde ! Ne mélangeons pas tout donc. (Etre lucide peut avoir du bon.) ;-)
Bref...

Conservons donc quelques objets ("insensés" dîtes-vous) qui sachent vibrer et nous faire vibrer un peu. ;-)
Passez une agréable soirée.
Opium

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par kranzler, le 16 mai 2014 à 01:53

Bonsoir Opium,

Les parfums sont faits pour nous accompagner toute une vie. Ils épousent, reflètent, exacerbent nos meilleurs moments et les heures moins belles qu’ils nous arrive de traverser. En ce sens, le parfum est noble.

"Quand je m’endors avec la Fleur d’Oranger"... En vous lisant, je réalise que je ne porte rien depuis trois ou quatre ans. J’ai vieilli ? J’ai fini par me trouver ? Je ne sais pas, mais je me rends brusquement compte que mon oreiller n’a plus d’odeur. Cela me semble dommage...

Passez un excellent week-end,

Kranzler, de Berlin

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par Nicolaï, le 16 mai 2014 à 15:07

Non seulement votre oreiller a une odeur (si si), mais il a la faculté de conserver la mémoire de vos rêves. Interrogez-le ce soir, vous serez surpris. On ne parle pas assez du pouvoir des oreillers :)

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par Opium, le 16 mai 2014 à 21:38

Bonsoir Kranzler.
Vous savez, se parfumer, le soir et/ou la nuit, n’est absolument pas une obligation. Simplement, moi, cela m’accompagne. Et j’apprécie tout particulièrement de profiter de mon parfum à ce moment là, au calme, avec un livre. ;-)
Mais, un oreiller seul peut être suffisant. Comme le dit très bien Nicolaï, votre oreiller (sommeil) va vous conter un tas d’histoires. Simplement, souvent, on ne s’en souvient pas. Et, disons que parfumer l’oreiller sert un peu d’acteur ou de souffleur à cette pièce de théâtre jouée dans les rêves et le sommeil. Parole de psy ! ;-)
Faîtes de beaux rêves à Berlin (avec ou sans souffleur/euse / parfum).
A bientôt.
Opium

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par Nicolaï, le 16 mai 2014 à 12:50

Ce que vous pointez là est très juste. Et préoccupant. Les merveilles olfactives (avec de belles matières en quantité) sont souvent connotées "vieille ou vieux" (ancien), faisant partie d’un monde qui fût, et qu’il ne serait pas de bon ton DU TOUT de porter aujourd’hui sous peine de passer pour un irrécupérable ringard. Ce qui m’inquiète c’est que, globalement, le goût se perd, tout se dilue et se dérobe dans le présent vorace. Et dans l’image. On n’aime plus le lait s’il n’est pas upérisé, les légumes qui ont trop de goût (outre qu’ils sont imparfaits donc suspects), les livres qui présentent des idées trop complexes ou trop profondes. Le fade devient la nouvelle norme, c’est terrible. Faut du facile, que ça glisse bien. Nous n’avons, de toute façon, plus le temps de nous pencher. Nous sommes à l’ère de la surface, où l’on file en jetski turbo sur les eaux noires du monde crédule. (Avec, derrière, les rivages de Cannes, peuplés de starlettes en herbe qui s’agitent vainement :)

Mais que faire sinon s’équiper d’une combinaison de plongée, pour visiter les grands fonds en silence ?

Bonne journée :)

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par Jicky, le 16 mai 2014 à 13:42

Il faut savoir retenir sa respiration !

(celles et ceux qui prennent le métro avec La Bile est Verte quelque part dans le wagon comprendront...)

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par Arpège, le 16 mai 2014 à 20:17

Vive l’apnée !
C’est moi ou on le sent de + en + ces derniers temps ?
Une épidémie !

Et la nouvelle version soit disant "légère" de La Bile est Verte est aussi épouvantable que son aînée.
Peut etre même pire si c’est possible.

Et ce matin, qui me souriait de toute la blancheur de ses 56 dents sur la vitre géante de l’abri bus ?

Julia Roberts en poster.

#Monparfumcherigoutal
#nouveaucoupdecoeur

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ghost7sam

par ghost7sam, le 5 mai 2014 à 14:36

Il nous parle surtout de dihydromyrcénol, mais on pourrait carrément ajouter tous les bois ambrés.
J’ai failli m’étouffer dans l’ascenseur quand le voisin portait un parfum de chez Abercrombie & Fitch.
— 
peace.

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par Opium, le 13 mai 2014 à 19:51

Salut Ghost7sam.
C’est drôle, justement, s’agissant ici de parfumerie masculine, j’ai pensé, lors de la rédaction de cette actualité de renvoi ailleurs, à ces "charmants" bois ambrés qui me sont si chers. ^^

Ayant le défaut de l’exhaustivité, le trait, selon moi également aurait été complet avec cette autre caractéristique de la parfumerie masculine qui, elle aussi, avec le non moins "charmant, subtil et délicat" DHM (ah, le joli nom qu’il a lui aussi meugnôn qu’il l’est le dihydromyrcénol !), a pour intérêt, au moins, de patcher les parfums durant des siècles, en plus de diffuser comme une centrale percée.
Bref. Tout cela n’est pas charmant.

Mais, s’agissant d’un article à visée de démocratisation et de vulgarisation, conserver une unique idée forte était probablement plus judicieux pour celui qui a rédigé pour The Telegraph. A trop se disperser, il aurait perdu en efficacité et impact. Là, je trouve l’article non seulement très juste, mais également fort utile : tout le monde n’est pas aussi bien informé que sur auparfum ou sur les blogs parfum... ;-)

En outre, il faut bien reconnaître que le DHMol fait des malheurs depuis bien plus longtemps que les "bois-ki-pik" (les années 80 pour celui-là en lieu et place d’une arrivée fracassante en 2008 pour ceux-ci... ^^) [Petite pensée pour Denyse et Thierry, qui se reconnaîtront, et aiment au moins autant que moi ces matériaux trop souvent appliqués à la truelle : le DHM et les BKP, c’est comme le make-up, c’est les yeux OU les lèvres et pas 17 tons au-dessus de la carnation normale, sinon cela fait, au choix, "tarifée" après une nuit difficile ou cagole en rentrant de boîte... ^^].
Reprenons... Donc, quitte à devoir citer un exemple, il est probablement plus utile, pour un rédacteur d’un quotidien généraliste, de préciser la seule lavande qui n’en est pas plutôt que les forets de perceuse aux bois ambrés (surtout après une énumération assez soutenue auparavant déjà).

Merci pour ton intervention, et désolé pour cet envahissement des bois-qui-piquent que tu subis également. Je dois bien admettre que, dans mon XXème arrondissement populaire, ils font des ravages. Et, depuis à peu près un mois, 1 Million s’est trouvé un "petit" frère (en fait, balèze le frérot !) : Infectus lâche son giga combo qui m’achève avec son attaque à la crevette asséchée trempée dans la mousse à raser, les bonbons aux fruits et les bkp ! (Là, c’est vraiment trop pour moi, çui-ci m’indispose physiquement...)
A bientôt,
Opium

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par ghost7sam, le 14 mai 2014 à 10:31

Hello Opium, merci pour ta réponse
C’est vraiment impressionnant de voir les inconvénients de la société de consommation. Cela sent bon parce que la société dit que cela sent bon (et en musique n’en parlons pas).
Peut-on blâmer les marques indéfiniment ? oui et non : le premier job des managers est de rapporter un max de sous. Je crois que les marques feraient du bon parfum si les distributeurs mettaient un peu plus de bonne volonté à vendre de belles choses.
Pourquoi aujourd’hui beaucoup écoutent de la musique de m*r*e ? Parce que les plus grosses radios la diffusent.

Mais c’est comme ça pour tout ; les passionnés de littérature crient au scandale pour le marché du livre, les musiciens, sûrement les gastronomes aussi et des tas d’autres disciplines sont "victimes" de la vulgarisation pour le marché de masse.

Ceci dit, c’est une excellent nouvelle que le journal ait fait l’effort de publier cet article. Les lecteurs auront pour une fois une critique et non pas un communiqué de presse.
A bientôt j’espère
— -
peace.

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par Opium, le 16 mai 2014 à 21:50

Bonsoir Ghost7sam.
Tu poses une question intéressante qui relève un peu de "la poule ou de l’œuf" : intéressante et difficile.

Si la distribution est aussi responsable de la dégradation de l’offre dans ce qui est un gros business, je pense qu’elle l’est d’autant plus qu’elle manufacture également certains des produits qu’elle distribue. A partir du moment où on produit certaines choses que l’on a en charge d’écouler en contrôlant les canaux de distribution, il est probable que l’on va vouloir en écouler un maximum sur ses propres linéaires. Donc, on fera comme les autres, pour s’assurer une belle victoire à coups de com’. Non seulement on favorisera ses propres produits dans le circuit de distribution concerné, mais, afin de les "aider", on les fera comme les font les autres pour ne pas voir nos "bébés" perdre la face. Et voilà comment on se trouve avec une nouvelle collection "exclusive" soi-disant plus qualitative (Givenchy, bonjour !) d’une nullité désespérante dans un créneau qui va bassiner tout le monde à coups de "créativité" et "belles matières". LOL (ou pas...) (Toute situation qui ressemblerait à la réalité, est voulue. Il ne s’agit PAS de fiction. ^^)

Et, les distributeurs font de la place à qui veut bien. Que les détenteurs de licence veuillent tenter d’écouler autre chose que de la lessive, du yaourt et du shampooing, la distribution ne refusera pas. Jusqu’au retrait du produit par manque de ventes car il n’y a pas eu de rencontre avc un public. Le problème est, je crois, assez difficile encore une fois. (Combien de licenciés ai-je rencontrés qui ont une culture olfactive proche du néant et qui considèrent que le "bon" parfum est juste le meilleur testeur, c’est à dire celui qui copiera le plus de best sellers du moment... Ils font un métier, équivalent à la vente de yaourts ou de ciment, pas étonnant que des entreprises d’autres domaines soient impliquées là-dedans ; on ne parle simplement pas des mêmes choses. Qu’ils écoulent leurs "produits". Ici, on parle de "parfum(s)". ^^)

Je suis d’accord avec toi, on peut blâmer les uns et les autres au final : l’enchaînement d’acteurs qui aboutit à la médiocrité consommée est assez long.
Je souhaite juste qu’il reste un peu de place pour autre chose que les "bouses intergalactiques", si possible pas trop chères ; et ce, juste par souci de pluralité. ;-)

Pour en revenir à l’article, le journaliste a eu le mérite, effectivement, de l’oser. Il suffit de lire certains commentaires pour observer le problème. Certain(e)s ne comprennnent même pas la notion de "problème" : ils ont acheté leur truc, d’une marque réputée, assez cher, il sent bon et vend du rêve, alors pas de souci. Pourquoi faire un truc avec du caractère qui sentirait beau et serait ne serait-ce qu’un tout petit peu clivant. Dans le cadre du parfum, pas de jugement, pas de critique, "tout est mêêêeeerveilleux", il faut a-che-ter ! Point. #confiturecochons
Malgré tout, je suis convaincu que ce genre d’initiative touche certain(e)s et est, de ce fait, utile. En effet, pour une fois, les gens auront eu sous les yeux un objet critique et non l’éternel communiqué de presse prétentieux barré à 5000 (kms des réalités) !

Bon week-end.
Opium

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par Thelittlebox, le 15 mai 2014 à 13:23

Je me demande, au final, qu’est-ce qu’un parfum de qualité ?
- est-ce un parfum composé de produits nobles associé intelligemment ?
Ou
- est-ce un parfum capable de nous faire voyager, de révéler un souvenir ?

L’analyse trop détaillée d’un parfum ne finit-elle pas par nuire au plaisir de sentir ?

Auparfum nous donne une approche pratique d’un parfum (compositions, associations, catégorie, …). Puis chacun d’entre nous venons greffer à l’article notre ressenti personnel. Et c’est là que la magie opère, chacun partage l’affect qui le lie au parfum : c’est là que se révèle l’émotion.
Nous aimons tous un parfum « moche ». Je suis sûr que dans 10 ans, un de ces affreux pacthoufruits actuels vous mettra en émoi lorsqu’il vous replongera dans un souvenir particulier !

(Oui ! J’enfonce des portes ouvertes :))

Tout ca pour dire :
- prenez le temps d’aller sentir les parfums qui « puent » pour ne pas passer a coté d’un coup de cœur !
- il faut relativiser ce qu’est la parfumerie actuelle.
- la parfumerie actuelle sera probablement regrettée dans le futur, comme nous regrettons la parfumerie vintage aujourd’hui.

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par Jicky, le 15 mai 2014 à 23:19

"L’analyse trop détaillée d’un parfum ne finit-elle pas par nuire au plaisir de sentir ?"

C’est une question qui est souvent posée lorsqu’on commence à analyser quelque chose. C’était l’argument favori de mes camarades en seconde quand il fallait étudier un texte en français. C’est un truc que je lis souvent dans les commentaires des articles de cinéma. Je ne pense pas qu’il faille revenir sur l’intérêt de la critique (c’est quelque chose qui a déjà été beaucoup discuté, et très bien, et qu’en plus je ne maîtrise pas suffisamment pour vous en parler). En revanche, et vous le dites juste après !, la critique du parfum va seulement ouvrir des portes de compréhension d’un parfum. Généralement, ceux qui les écrivent ont la délicatesse de ne faire que suggérer cette porte, d’en clencher discrètement une autre et de toquer à encore une autre. L’analyse va permettre de comprendre pourquoi est ce que tel propos est tenu. Parfois le raisonnement est simple, parfois il doit être déroulé sur plusieurs lignes, parfois sur un texte entier parfois sur plusieurs longs textes. D’expérience, ce texte ne sera jamais aussi exhaustif que le parfum (du moins, quand le parfum a suffisamment de bagage derrière lui, par exemple je trouve qu’on a beaucoup trop écrit sur Invictus au pro rata du vide intellectuel abyssal qu’il y a derrière ce parfum). Mais ça n’enlève en rien la légitimité du texte.

De plus, lire un texte sur le parfum, c’est aussi (souvent) une petite porte d’entrée dans le monde de l’auteur(e). Car si, comme vous le dites, chacun vient y greffer un petit bout de soi, ce petit bout de soi s’attache aussi à la personne qui a écrit. C’est aussi un point de vue intéressant.

Pour la parfumerie, j’ai bien peur hélas qu’il y ait peu de regrets dans le futur. Il y a effectivement des parfums qui ont été redécouverts bien plus tard. Trésor et Champs Elysées par exemple pour les années 90 (et encore, ils font toujours débat, mais de manière moins virulente). Mais globalement, les parfums qui restent sont rarement de grosses bouses commerciales informes et vides. Les parfums qui sortent du lot dans les décennies sont rarement les petites créatures chétives que l’on conspue. Qui se rappelle d’Eau Méga de Viktor and Rolf, Lola de Marc Jacobs, de Flora By Gucci ou de Chance Eau Tendre chez Chanel ? Ces shampoings ne passerons jamais dans l’histoire.

La parfumerie actuelle a encore et toujours ces parfums. En relativisant, aujourd’hui on se rend compte que (comme le constate à juste titre Opium), se balader au Sephora en suivant les sorties, c’est quand même se balader chez Shopi. Entre la salade de fruit pas fraîche, le gel douche innocent, le Fanta Rouge et le déo marin anti transpirant, je pense que l’émoi qui sera provoqué dans dix ans le sera plus grâce à l’odeur de l’hiver, celle du bruit du train de 16h51 ou encore des effluves d’une fleur jaune vaguement bleutée.

En revanche, dans 30 ans quand je sentirai les grands mères de 2040 avec leur gros sucre, je penserais avec le sourire à ces doux mois des années 2010. Mais ce ne sera pas le parfum qui me fera sourire, mais plus ma tête de 2013 déconfite qui se matérialisera dans mon esprit...

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par Opium, le 16 mai 2014 à 22:13

Bonsoir Thelittlebox.
Lorsque je vous ai lu(e), je me suis dit qu’il faudrait que je vous réponde. Entre-temps, Jicky, avec qui je suis assez souvent d’accord, a répondu. Et, je suis totalement d’accord avec lui.
Je ne vais pas revenir sur l’éternel débat de l’œil neuf et naïf vs le regard critique qui retire peut-être un peu de naturel. C’est en partie vrai. Et pour partie faux. Tout dépend de l’interlocuteur. Du moment. Du cas de figure.
Mais, bien entendu, s’il est utile d’être critique, il faut l’être en tâchant de conserver émotion et pétillement.
Je crois que, sur auparfum et de nombreux blogs, justement, nous tentons de ne pas être trop blasés. Le jour où on le devient trop, il faut aller faire autre chose je crois.

Sur auparfum, il y a un dénominateur commun de tou(te)sles rédacteurs/trices : nous n’aimons pas écrire d’articles négatifs. Cela nous gonfle. Cela n’est pas ce que l’on souhaite renvoyer comme image. Cela nous gonfle vraiment (je me suis rendu compte que j’avais répété ce mot, c’est que vraiment, on n’aime pas ça !). Cela nous fait, durant quelques instants, moins aimer/apprécier l’objet parfum par effet de contagion. Or, le parfum, les rédactrices et rédacteurs ici, s’investissent suffisamment pour qu’on soit convaincu, je crois, de leur passion. Enfin, cela nous fait surtout perdre du temps que l’on préférerait consacrer aux bons et beaux parfums. Pendant que l’on s’attarde sur une bouse déprimante, c’est du temps en moins à consacrer aux belles choses. ^^ (Mais, bien entendu, il y a bien pire que se passionner pour le parfum. Mais, justement, cela peut être si beau qu’il est rageant quand cela est parfois si laid.)
C’est d’ailleurs pour cela que, courant 2013, il n’y a presque pas eu de critiques négatives durant plusieurs mois sur AP. On ne s’en n’est pas rendu compte, cela s’est fait naturellement, nous avons été vers ce qui nous plaisait préférentiellement. Comme la critique de Cerruti 1881 Bella Notte pour Homme pour ma part dernièrement : car cela me faisait plaisir et m’a offert une bulle d’air dans la marée de trucs moches.
Mais, parfois, par souci de démonstration de l’état des lieux actuel, il faut bien montrer aussi que le monde n’est pas tout rose.
Et, il est vrai que ne pas devenir désabusé lorsque l’on sent pour la 100eme fois, en deux ou trois ans, le même type de floral délavé shampooinesque, la soupasse fruitasse actuelle, totalement insignifiante, est parfois un peu difficile ; une certaine lassitude gagne malgré tout (alors, on se rappelle les Eau de Narcisse Bleu et autres La Panthère pour se redonner de la motivation).
Et, il nous faut bien, par souci d’authenticité, pourtant, observer concrètement l’état des lieux, comme une sorte de diagnostic (sincère et réaliste).

Alors, à propos du constat qui est fait, non, je ne crois pas que rétrospectivement, on se retournera dans quelques années pour admirer cette parfumerie cheap, simpliste, et inexistante (tout comme Jicky).
Bien entendu, il ne faut (en théorie) jamais dire jamais.
Il est possible, toutefois, que l’on se dise plus tard que, rétrospectivement, en 2014, c’était moins pire qu’en 2024. Oui, cela est toujours possible. Mais, en tant que rédacteurs, nous sommes confrontés à ce cas de figure souvent. "Moins mauvais" signifie-t-il "Bon" ? Bien entendu, non.
Ce n’est pas parce que certains lancements sont moins pires que LBEV ou Infectus qu’ils sont bons pour autant.
Rétrospectivement, je considère certains parfums de 2006 comme mignons voire jolis. Mais, ce ne sont toujours pas et ne seront jamais de grands parfums. Les roses transparentes baies-rosées sur patchouli cœur qui ont proliféré à ce moment-là, sont mignonnes ; j’aime bien Elle et Midnight Poison. Je les aime "bien" (et même il m’arrive de les porter), mais, c’est tout. Perles déjà se démarque mieux (malgré sa possible reformulation). Mais, il se démarquait déjà en 2006 (l’article de Jeanne à l’époque est assez parlant...). Il n’y a donc pas de revirement. Juste une confirmation.
La signature du début des années 90 me paraissait manquer de naturel à cette époque : c’est toujours le cas pour moi. (Et, cela n’a rien à voir avec le travail de Sophia Grosjman qui a eu le mérite, comme Jean-Claude Ellena ensuite, d’imprimer une écriture olfactive forte. Simplement, j’y suis insensible en dehors de Champagne/Yvresse.)
J’adore a maintenant quinze ans, un petit bout de chemin déjà. S’il disparaissait demain (cela n’arrivera pas !), je ne le regretterai pas. Le flacon du shampooing avec son joli col doré me manquerait un peu car c’est un très bel objet de design. Mais, le jus : rien. Et, je le pensais déjà quand il est sorti. Pas moche. Juste désespérément pas un parfum tel que je l’entends : trop générique, d’une banalité qui pourrait tenir lieu de somnifère, insignifiant en somme. Pas moche. Joli. Mais, a-t-il une âme ? Probablement pas. ;-)
Pour ma part, je passe mon temps à relativiser la parfumerie actuelle. Il y aura, dans le futur, des gens qui regretteront ces parfums car il les auront accompagnés. Cela n’en fait pas de bons parfums.
Drakkar Noir, Égoïste Platinum et Chrome d’Azzaro m’ont accompagné quelques années. (Bon, pour ma défense : TOUT le monde portait Drakkar Noir dans les années 90, ça a été mon premier parfum offert, ce n’était pas un choix personnel. Chrome était un cadeau d’un ami travaillant dans la presse. Mais, je dois avouer que dans le cas d’Égoïste Platinum, c’est car je portais Égoïste et que, pour l’été, j’ai été un bon mouton et je me suis laissé bercer par les sirènes enjôliveuses de la marque aux double "C" en tentant de choisir quelque chose de "plus frais". Ah, ça, pour être frais, c’est froid comme... du métal. ^^) Cela n’en fait pas de beaux parfums. Ils me seront un peu rattachés par les souvenirs vécus. Point. Si Drakkar Noir disparaît, cela sera un peu dommage. Mais pas car je l’ai porté ni car il est "bon". Simplement car il a été vraiment énormément porté, qu’il a représenté le signal olfactif de la masculinité durant une dizaine d’années ; c’était un peu Le Mâle ou le 1 Million de son époque. Il a été une sorte de symbole. Il a, de ce fait, un vague intérêt historique. (Un peu comme, en architecture, ces quelques tours que beaucoup trouvent horribles, des années 50 à 70, toutes de verre mais surtout de métal et de béton gris recouvertes, atroces au regard - mais qui ont été les premières à posséder une structure bien particulière permettant de monter très haut (noyau central en béton armé soutenant une façade rideau en métal et verre) -, sont protégées en tant que témoins d’une méthode et d’une période de construction.)
Tel n’est pas le cas d’Égoïste Platinum ou de Chrome. Avec leur disparition, c’est le temps passé en leur compagnie qui s’en ira. Le mien, mais pas que ; mais, rien d’autre, ou à peu près. Ces parfums ne me paraissent pas particulièrement importants et marquants d’une étape de la parfumerie. 1 Million et Invictus, malheureusement, si. Ils ont renouvelé par certaines caractéristiques immédiatement identifiables les formats olfactifs masculins partagés d’une époque. C’est un fait.
Alors, bien entendu, il n’y a aucune "honte" de craquer pour ces "parfums de la honte", il faut tout tester. Mais, pourquoi se casser les pieds avec ce qui est laid quand on peut avoir ce qui est beau. (Oui, je sais bien qu’il y a un relativisme individuel, mais, il est confronté à un certain accord (plutôt qu’une vérité) fondé sur une certaine vision commune qui fait qu’il faut relativiser un peu le relativisme. Comme je le dis souvent, on peut adorer (individuellement) Britney Spears, mais il faut bien admettre (collectivement) que ce n’est pas Mozart ! ^^)
Voilà quelques idées qui vont dans le même sens que les points abordés par Jicky. En espérant que cela soit utile.
Bon début de week-end à vous.
Opium

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par Thelittlebox, le 17 mai 2014 à 04:33

Cher Jicky, cher Opium,

Je vous remercie pour vos réponses. J’espérais que vous iriez dans ce sens.

Voici une petite histoire : Quand je suis arrivé sur Auparfum, j’ai rapidement fait un très vilain amalgame entre parfums sucrés et mauvais parfum. Je me suis senti un peu idiot, moi qui pensais être un peu connaisseur dans le domaine… « je me plante totalement dans l’appréhension de ce qu’est un bon parfum ? ».

Je ne pouvais pas me résoudre à penser que le premier Lempicka soit un mauvais parfum. Pourtant il a tout les traits d’un mauvais : le sucre, le marketing, la grande distribution, et le succès. « Tabbaco Vanille et Spice Bomb étaient-ils infects eux aussi ? » (Ce sont mes trois sucrés).

Ce n’est qu’au bout de plusieurs semaines de lecture que j’ai compris mon erreur. En effet, ici, les critiques de nos rédacteurs sont bien plus abouties que le calcul sucre + fruit = daube. La critique se situe dans d’autres sphères : dans le mimétisme de la parfumerie actuelle, dans sont insipidité, dans la surenchère bonbonnesque, dans la qualité douteuse des matières, ect..

Rassuré, je suis finalement allé sentir tous ces mauvais parfum que je j’avais décidé de ne pas sentir sous prétexte qu’ils sont mauvais. Et j’en suis ravi ! Ravi d’avoir sniffé ces jus que je n’aime pas non plus, mais qui m’ont permi d’élargir mes connaissances, et développé ma curiosité.

De fil en aiguille, plein d’entrain, je suis (j’ai ?) atterri chez Goutal, et je crois bien que je suis encore scotché au plafond blanc de la boutique, les yeux plein d’étoile, entre les nuages, tellement c’est beau ! Merci à vous pour ça.

Dans ce que j’ai écrit ici et plus haut, je m’adresse d’avantage aux lecteurs très amateurs, qui pourraient, comme moi, commettre une erreur d’interprétation, et non aux rédacteurs dont la curiosité à toute épreuve les pousseraient à sauter les pieds et mains liés dans un une piscine remplie de La Vie Est Belle pour aller dégoter le petit dernier tout juste sorti.

Pour la question "L’analyse trop détaillée d’un parfum ne finit-elle pas par nuire au plaisir de sentir ? » C’est une vraie question qui se présente à chaque fois que je n’arrive pas à apprécier un « beau parfum » ou inversement, à ne pas détester un « mauvais parfum ». Parce que, oui, cette première question en impose une seconde : « comment reconnaitre le qualité d’un parfum que nous n’aimons pas ? ». Je n’ai pas de réponses mais vous m’avez donné quelques clefs.

Opium je vous rejoint sur le plaisir d’écrire des critiques positives, d’ailleurs cela s’illustre parfaitement dans les commentaires des perfumistas, en effet les commentaires positifs sont souvent plus étoffés que les négatifs, l’envie de partager sont bonheur :).

Insupportablement positivement positif, je reste à croire que dans 10 ans nous aurons en vénérations quelques une de nos sucrailles actuelles ! Rendez vous dans 10 ans ! Qui sait quelle sera la prochaine tendance après le sucre ?
Vous comparez le parfum au cinéma, à la musique, je le compare à la peinture. Combien de peintre ont été reconnus de leur vivant ? Dali, Picasso, Magritte et quelques rares. Oui ce sont des créateurs et non des créations, mais je veux croire que nous sommes dans cette même démarche aussi en parfumerie !

PS : Les bouses nous font apprécier les merveilles à leurs justes valeurs :)

Amicalement,
(en m’excusant pour l’orthographe et ma petite plume)

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par Opium, le 20 mai 2014 à 21:34

Bonsoir Thelittlebox.
Merci pour votre longue et utile commentaire. ;-)

Je pense que d’autres doivent faire également cet amalgame entre parfums sucrés et mauvais parfums. Mais, c’est qu’il y a tant de mauvais parfums, tant de parfums sucrés, tant de parfums mal sucrés et par voie de conséquence tant de mauvais parfums sucrés, qu’il est facile de tirer la conclusion hâtive : parfum sucré = mauvais parfum. Moi même je dois lutter contre l’envie de bâiller lorsque l’on m’annonce (fièrement) un "floral fruité gourmand". (Oh, le 123ème de l’année, et on est en mars ! ^^)
Mais, dans le lot de trucs ineptes, il y en a quelques-uns qui nous permettent de ne pas trop culpabiliser de craquer, nous aussi, pour la tendance gourmande pâtissière actuelle.
Et, dans ce lot, font partie les trois parfums que vous citez : Le Premier Parfum, Spicebomb et Tobacco Vanille sont tous trois de très bons parfums dont il ne faut surtout pas avoir honte. Et, il est vrai, subsidiairement, ce sont trois jolis gourmands, trois "sucrés" comme vous dîtes. Mais, on s’en moque au final.

La critique sur auparfum est, effectivement, autre que la simple équation : "sucre + fruit = daube". "La critique se situe dans d’autres sphères : dans le mimétisme de la parfumerie actuelle, dans son insipidité, dans la surenchère bonbonnesque, dans la qualité douteuse des matières, etc..." : je suis bien d’accord et n’ai rien à ajouter ! Merci beaucoup. ;-)

Je rajouterai à votre liste quelques autres gourmands assez sympatoches.
Au premier d’entre-eux tous, Angel : jamais égalé, d’un foisonnement et d’une richesse auxquels on peut reprocher le trop-plein et la suffocation, mais pas la bêtise plate actuelle des "sucrés" actuels, qui semblent s’inspirer de tout ce qu’il y q de plus mauvais et industriel de l’agro-alimentaire de sodas et bonbecs.
Tonka de Réminiscence est également très joli, très sucré, mais réussi, et pas cher du tout.
Guimauve et Héliotrope de cette marque également permettent de succomber également.
Cuir Beluga de Guerlain et Vanille de Réminiscence toujours permettent de succomber aux desserts vanillés sans trop de honte.
Dries Van Noten et son effet spéculos trempé dans du lait peut être intéressant.
Traversée du Bosphore est un loukoum pomme, rose et sucre glace qui ne fait pas prendre un gramme.
Ambre Narguilé et ses pommes compotées beurrées au sucre et à la cannelle, Back To Black et son sucre cuit, Love de By Kilian et sa fleur d’oranger transformée en guimauve ne sont pas à proscrire non plus.
Dior Homme ainsi que L’Instant pour Homme et leur version "Intense ne sont pas que des gourmands mais ils en révèlent certaines facettes avec plaisir.
Enfin, pour un prix riquiqui, Héliotrope Blanc de L.T. Piver est une amande sucrée presque frangipane pour moins de dix euros !
Comme quoi, donc, on ne peut pas tout jeter avec l’eau du bain... ^^

Il est bon, pour nous aussi, rédacteurs, d’aller sentir de mauvais parfums. Cela cultive en apportant des points de repères et en nourrissant les références mentales qui serviront d’éléments de comparaison ultérieure. Cela améliore la réthorique et la maîtrise de son sujet.
Mon professeur d’économie nous le conseillait à propos de la lecture des journaux et quotidiens. Lire ce en quoi on croit, lire ceux qui en sont les contradicteurs parfois aussi afin de maîtriser les arguments contraires. Je l’applique et avoue que cela est plutôt fort utile.

Se poser des questions est parfois une démarche qui sert. Mais, il y aussi ce qui est évident, comme l’Eau de Narcisse Bleu, La Panthère, Terre Eau Très Fraîche, Cerruti 1881 Bella Notte... : pas besoin de tergiverser dix ans. La beauté est évidente !
À côté de cela (de ceux là ?), on peut aussi faire confiance à ce qui interpelle un tout petit peu. Souvent, cela pourra être le début d’une future grande passion. Que ce soit chez Goutal ou ailleurs ; ce que cette marque est jolie, les créations sont tellement belles. Il m’a fallu du temps pour les appréhender, mais, quand cela a été fait, quel bonheur !
En fait, plusieurs profils existent : les craquages regrettés, les maintenus, ces amours qui ont mis du temps à se construire...

AP donne quelques éléments pour distinguer ce qui pourrait plaire ou non, mais, surtout, chacun doit en faire ce qu’il souhaite ensuite.
Le plaisir d’écrire des critiques positives avec commentaires positifs souvent plus étoffés par envie de partager son bonheur (plutôt que ses désillusions) est indéniable.
D’ailleurs, lorsque l’on est confronté à la sempiternelle morosité française, j’avoue, là, être parfois lassé.
N’être ni un "ravi de la crèche", ni un casse-pieds qui ne prend de plaisir en rien. Après tout, le parfum est un anti-dépresseur, mais encore faut-il qu’il puisse agir. ;-)

La reconnaissance de la valeur rapidement ou du vivant des créateurs est encore une question intéressante. Il est vrai que c’est rare. Mais, par exemple, je reconnais déjà des qualités à LVEB (sa puissance, son affirmation de soi, sa signature qui fait qu’il se distingue, son effet de texture sur la note "sucre" qui vire poudre ici). Mais, je crains que mon souvenir reste pour le futur, dans 10 ans : "Ah, oui, cette période où les rames de métro sentaient le biscuit humide rassis rance en automne avec les pluies et le paquet éventré de petits beurres gras et ramollis en été à la chaleur"... ^^

En fait, l’ensemble des réponses est un peu adressé à vous bien entendu, mais je dois probablement l’avoir fait aussi comme prétexte à des échanges divers.
J’aime bien votre PS : Les bouses, effectivement, ont au moins l’intérêt de nous faire apprécier les merveilles à leur juste valeur (par comparaison). ;-)))
Et, vous n’avez pas d’excuses à faire pour l’orthographe qui est un sans fautes ou presque. Un bonheur à lire, sur le fond et sur la forme. ^^
Merci encore.
Opium

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par Anna, le 21 mai 2014 à 06:44

Merci mille fois cher Opium pour cet rappel de l’époque ou mon frère portait cette infection qui était Drakkar Noir. Aucun jugement. Parole de scout.
Et oui, je confirme, c’était une épidémie. Nauséabond dans les transports en communs.

Autant que ça nous importune, est que on peut réellement juger des porteurs de nombreux rejetons de Paco Rabanne, Lancome, Dior, Givenchy ?
Non, mais ils ne sont pas moins dégueu pour autant.

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par Opium, le 21 mai 2014 à 20:11

Bonsoir Anna.
Disons que je ne crois pas que l’on puisse juger les porteurs des parfums qui nous horripilent.
On peut juste tirer quelques idées préconçues, et, comme toujours, pour une plus ou moins grande majorité de cas où l’on vise juste, on commettra des conclusions hâtives erronées également. Mais, c’est le principe même de la psychologie, de la sociologie et du marketing. Établir des règles de fonctionnement générales qui concernent la majorité à défaut de concerner la globalité.

Ce que l’on peut déduire de mon cas personnel, regardez, c’est qu’on peut avoir porté quelque chose d’aussi insignifiant que Drakkar Noir (pas tant immonde que cela, si ce n’est par le fait qu’il était porté par tout le monde (votre frère, moi, et les deux tiers des "mâles" de l’époque entre 15 et 35 ans je suppose... ^^) et donc matraquait énormément du fait du nombre de têtes et corps qui l’arboraient, mais surtout très "générique" au final), et ensuite évoluer suffisamment pour se retrouver à collaborer sur un site consacré aux parfums de manière, disons, plus pertinente, poussée et judicieuse. ;-)

(Bon, là j’ai l’air très sympa ; mais quand, pour la 7ème fois de la journée, cela sent les petits gâteaux rassis de La Vie Est Moche ou le combo émétique des masculins qui s’la pètent, chuis moins sympatoche... ^^)
Bonne soirée à vous.
Opium

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par Anna, le 21 mai 2014 à 22:01

Vous avez sorti le mot "immonde", pas moi, quoi que c’était ce que je pensais de l’affaire. Je dois au moins réessayer une fois, tiens... Après des longues et douloureuses négociations avec frérot, j’ai du casser ma tirelire et lui acheter la panoplie complète de Insensé de Givenchy. Dur en affaires, le gamin.
J’aimais bcp Insensé, souvenez vous de cet fleuri-boisé assez vert ? Malheureusement, il n’a pas fait long feu. En comparaison avec l’homme des cavernes (c’était le but de jeux de DN, non ?), Insensé était une élégance rare et bienvenue. Je sais qu’il était réédité, mais toujours introuvable, alors je ne peux pas vérifier avec le recul...

J’ai constaté que un bon nombre des hommes défendent leur virilité (va savoir pourquoi) en s’aspergent avec des meilleurs ventes au nouveautés par facilité. OK, des femmes font le même. Mais des hommes se parfument moins que des femmes, en général. Alors, quand ils le font, il faut que ça se remarque, comme une claque a la figure. Pour cette partie de la population, se parfumer n’est pas une recherche, ni cet jeux de subtilité, ni identité propre et encore moins privé.

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par Thelittlebox, le 22 mai 2014 à 18:28

Cher Opium, merci de votre retour si plaisant à lire.

Je crois bien que l’homme tend naturellement à l’amalgame, par la facilité de cheminement que celui-ci (l’amalgame) présente.
En l’espèce, en l’absence de repère, il est bien plus facile de tout catégoriser : « parfum sucré » dans la case « mauvais parfum », « mauvais parfum » dans la case « je n’aime pas ».

Cette remarque s’écarte un peu de nos propos, mais je n’en viens pas là par hasard.

En effets, lors de ma pérégrination journalière, je suis allé sentir les Cartiers hommes disponibles en Mainstream (Déclaration, Déclaration d’Un Soir, Pasha, Roadster).
C’est Roadster, qui m’a causé un cas de conscience. Selon les critiques c’est un beau parfum.
Pourtant, en 10 secondes le dossier est classé. Je prends une longue inspiration le nez au dessous de la touche : PAFF ! Je le fourre dans la case « fougère », que je jette dans la case « parfum viril », elle-même balancée dans la case « j’aime pas ».

Généreusement aspergé sur mes poignets et bras, Roadster diffuse en continue depuis maintenant quatre heures. Je me force à ne pas nettoyer tout ça sous un bain de liquide vaisselle basilic thym infect de la cuisine du mon bureau.
Peut-être vais-je passer outre mes préjugés et comprendre ce qui en fait un beau parfum ?

Certes, ce ne sont pas les élogieuses critiques de Roadster qui doivent définir l’appréciation de celui-ci. D’ailleurs ce qui m’influence ici, c’est cette vilaine propension à mettre toutes choses dans des catégories.
C’est pourquoi je crois que nous sommes sujet à l’amalgame malgré nous, et que s’extraire des ses considérations est chose difficile, quand bien même nous sommes conscient de cet état de fait.

Je vous assure, je n’en viens pas là par hasard !

Voila que la question initiale, sur laquelle Jicky et vous-même avez rebondi, trouve un morceau de réponse : « l’analyse d’un parfum ne nuit-elle au plaisir simple d’aimer une effluve ? ».

Là réponse est en partie là. On pourrait définir deux manières (catégorisons ^^) de sentir un parfum : passive et active.
- Sentir passivement consisterait à aimer ou non l’odeur. (L’émotion ne pouvant être générée que par le souvenir).
- Sentir activement un parfum consisterait alors à l’analyser. Cette analyse moins accessible, est celle qui génère le plaisir, le rêve, le voyage et l’émotion.
L’analyse exige les connaissances, un travail (souvent agréable), pour appréhender, décrypter, comprendre le parfum. Du temps.

Comment Ninfeo Mio ferait-il voyager dans ce jardin italien, entre citronniers, figuiers et rivière, si nous n’étions pas capable cerner ces agrumes, cette figue, ces notes aqueuses ?

Je retrouve la même problématique dans ma première passion : la pâtisserie. Apprécier la création d’un pâtissier, son envergure, ses difficultés de réalisation, sa singularité, la qualité des produits, n’est accessible - pleinement - qu’en maîtrisant le domaine. Lorsque c’est le cas cette fichue tarte au chocolat devient divinement compréhensible !

Tout ce blabla pour en venir à cela : la connaissance du domaine évite les raccourcis malheureux, et permet l’analyse détaillé qui engendre la découverte du délectable invisible.

Et parce qu’en véritable lèche-bottes, j’aime vous flatter, je rajouterais que c’est ce qu’on trouve en partie sur Auparfum, et que c’est un bonheur pour nous de pouvoir recevoir un peu de votre savoir à tous, chers rédacteurs !

J’ai hâte d’atteindre ce niveau en parfumerie :)

PS : Mes bras sentent le basilic et le thym…

Amicalement,
(en m’excusant pour l’orthographe)

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par Jicky, le 22 mai 2014 à 20:19

Bonjour Thelittlebox !

Vous avez des remarques très intéressantes sur le parfum. Sentir activement est quelque chose de complètement inconcevable pour 99% quand il ne s’agit ni de vin ni vaguement de bouffe, c’est un exercice en soi mais que les gens ne pensent pas à développer. D’ailleurs, on en a encore vu une démonstration vendredi dernier sur une émission de la quatre qui faisait intervenir les étudiants de l’ESP, le mythe du "nez" voudrait qu’il n’y ait pas d’olfaction active : les gens pensent souvent que ceux qui sentent et parlent de parfum ont un don naturel, inné, qu’ils sentent tout le temps de manière inopinée (et qu’il faudrait même parfois "se réfréner" ! Essayer de faire en sorte de ne pas sentir, comme si on n’y pouvait rien ! Le goût occidental pour le tragique y serait il pour quelque chose ? Va ! Je ne te nez point ! Ah ah... "Tragique ironie ou licence poétique ? À toi de me le dire" comme dirait mon cher Pingouin). Alors que non !! Ça étonne tout le temps mais c’est tout simplement du travail. Le nez se travaille, comme des abdos (bon, ok, c’est toujours moins glamour à la plage).

Et les interactions entre plaisir simple de sentir et analyse complexe sont multiples et nuancées : j’aime ce parfum mais c’est mauvais (parfum de la honte), je n’aime pas mais c’est génial, j’aime mais je ne comprends pas, je n’aime pas mais je sens qu’il y a un truc, je n’ai aucune émotion mais c’est intéressant, je ne sais pas quoi en penser il me faudrait creuser, je ne sais pas quoi en penser mais pas la peine de creuser, j’en passe et des meilleurs. L’analyse est un outil pour aborder le parfum, ou tout simplement pour réfléchir. Vous avez du vous en rendre compte, mais sur auparfum le débat dépasse souvent le cadre du parfum.

Ainsi, je vais un peu me répéter par rapport à ce que je disais au début, mais l’analyse de parfum (en critique ou en commentaire) n’est pas tant un discours définitif qu’une porte d’entrée. Elle permet d’entrer dans un parfum selon une porte que l’on avait vu mais sans en remarquer les détails, une porte qu’on n’aurait même pas imaginée une seule seconde, une porte devant laquelle on est passé sans faire gaffe, et parfois une porte pour voir un peu à l’intérieur de la personne qui a écrit l’article, une porte sur la personne qui a créé le parfum, l’a vendu, l’a mis en scène...

Le pouvoir d’évocation des mots est très fort dans le parfum. Quand on discute et qu’on dit "tiens j’ai une note caribou oui, caribou. ça vous pose un problème ? par cet effet" et que l’interlocuteur cherche on a souvent le droit après à "haaaan mais oui je vois ce que tu veux dire". Ou plus banalement, on dit "pêche" et on sent l’effet qu’on n’avait pas deviné avant.

Ainsi, dans Roadster, passer par la fougère n’est pas forcément très intéressant. En revanche, si vous connaissez la feuille de violette, c’est déjà plus fun ? Vous ne connaissez pas ? Si je vous dis concombre, terre, foin séché et grain de moutarde de Dijon ça parle plus. Aérez avec une menthe froissée vivifiante, comme un courant d’air sur de la terre, ajoutez une profondeur vétiver et des épices à gogo. On est loin du vieux savon de barbier un peu cheap. Et ce n’est qu’une seule façon d’entrer dans Roadster. On peut essayer de l’aborder en essayant de voir ce qu’il se passait en 2008 (le parallèle avec Guerlain homme est intéressant). Ou alors on peut essayer de l’insérer dans l’histoire de Cartier (comment transcrire le concept de la montre sportive en parfum ? De la précision, de la vitesse, un côté roots...). Ou alors essayez de l’envisager selon le style de Mathilde Laurent (pourquoi diable est-elle obsédée par la menthe ??).

Voila encore quelques éléments de réponse à cette question pas si innocente que ça ;)

En tout cas merci pour vos compliments aussi. Je pense qu’on ne remerciera jamais assez Jeanne pour l’importance de ce site en terme de discours sur le parfum !

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par Frédéric, le 23 mai 2014 à 11:57

il serait possible d’éviter que les réponses affichent 3 mots par ligne ?c’est très désagréable à lire une colonne de texte au milieu d’une page blanche. C’est une mise en page/affichage très désagréable.

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par Nicolaï, le 23 mai 2014 à 12:26

C’est vrai c’est gênant. Au premier abord. Car la lecture verticale, et c’est prouvé, est bien plus rapide que l’horizontale. Faut juste que le cerveau s’adapte. Mais bon, plus sérieusement, il faudrait toute une refonte de l’ergonomie du site, pas sûr que ses concepteurs soient ok. Mettons plutôt nos mots les uns sous les autres ! Et qu’ils fassent sens ;)

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par domik, le 23 mai 2014 à 14:31

Bonjour

Je me permets d’intervenir ici, et tant pis si l’ergonomie du forum ne permet que ma réponse soit très lisible. Nous travaillons en ce moment même à son amélioration (pendant que j’écris). Preuve, je l’espère, que nous sommes à votre écoute.

Organiser un fil de discussion n’est pas simple et et nous sommes victimes de notre succès et de votre enthousiasme.. Cet affichage est dû au grand nombre de réponses.

Si vous avez des exemples de forums aussi actifs que le nôtre et à l’ergonomie irréprochable, n’hésitez pas à nous les indiquer, sachant que nous avons aussi une contrainte qui est : nous ne sommes pas un forum au sens propre... et nous ne sommes pas Facebook (vous arrivez à suivre une discussion dans facebook ? :) )

Sinon, il y a beauté test qui a une ergonomie intéressante... mais je n’y vais pas assez souvent pour être sûr... :-)

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par Thelittlebox, le 1er juin 2014 à 22:56

Bonjour Domik

Le texte est en effet facile à lire depuis le changement, mais désormais on à du mal a voir qui répond à qui. (Voyez ma dernière réponse ce jour à Jicky, pas évidement de voir a quel message cela répond)

Merci tout de même :)

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par Thelittlebox, le 1er juin 2014 à 22:51

Bonsoir cher Jicky,

Veuillez m’excuser pour le délai de réponse.

En effet, je pense qu’ici nous sommes tous d’accord pour dire que le nez se travaille.
Avant de vous connaitre je ne faisais pas attention à ce que je sentais. Maintenant que je vous lis depuis plusieurs mois, je me rends compte que je suis plus attentif aux odeurs qui m’entourent et que j’essaie de savoir ce dont il s’agit et d’où cela provient. Notamment les plantes / arbres dans la rue ou… la soupe à l’oignon de la voisine …
Il faut être attentif à son nez pour le développer c’est évident.

De même, il faut apprendre de déconstruire un parfum. Cet exercice est vraiment compliqué pour moi, parce que malheureusement je n’ai que peu de référence, je n’ai pas la moindre idée de ce que peuvent sentir la moitié des ingrédients qui compose nos parfums. Je commence a me demandé si je ne vais pas aller chez la fleuriste du coin acheter les fleurs une par une pour avoir les bases.

J’ai maintenant saisit ce que vous vouliez me faire comprendre avec votre histoire de portes [ -]. Nous pouvons aborder un parfum de différente manière…. Je n’avais conscience de ce point là, cela me semble très très intéressant. A mettre en pratique !!
Je vais m’y essayer.

Aller, vive la note caribou, je me joins à vous pour remercier Jeanne :)
(En m’excusant pour l’orthographe)

Petit PS : j’ai la chance d’avoir un Guerlain mainstream offert, mais je ne sais pas lequel choisir. Shalimar et Habit rouge sont trop « citron sans la fraicheur », la lavande de Jicky me fait peur, je ne porterais pas la rose de Samsara et de Nahema, j’aime beaucoup L’Heure Bleue mais il m’intimide.. et bien d’autre..
Pourriez-vous me conseiller ?

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par Anna, le 4 juin 2014 à 01:38

L’Heure Bleu. Avec en peu de courage et patience vous allez l’apprivoiser. Ou elle vous apprivoisera.
Au Vol de Nuit.

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par Opium, le 10 juin 2014 à 16:52

Bonjour encore Thelittlebox.
Je réponds à vos deux commentaires à partir de celui-ci car il m’était adressé nommément et qu’ainsi j’ai un peu plus de marge pour la réponse. ;-)

Vos interventions sont passionnantes.

A propos du besoin inéluctable pour l’être humain de catégoriser et qui nous pousse à tirer des conclusions rapides parfois hâtives et erronées, je vous confirme que cela existe bien chez chacun(e) d’entre-nous.

Il faut faire un effort pour sortir de ce mode de fonctionnement mental qui a pour but d’alléger le traitement de l’information et est donc plus économe d’un point de vue cognitif. La catégorisation sociale a lieu perpétuellement, dès lors que l’on rencontre quelqu’un. Dans un environnement inconnu et/ou hostile, le cerveau élabore des hypothèses, en tire des conclusions : cela nous a permis de survivre, d’éviter des situations à risques. Mais, le souci, c’est que s’agissant d’êtres humains, donc, doués d’intelligence mais l’appliquant chacun de manière différente, cet esprit d’analyse rencontre aujourd’hui de plus en plus d’exceptions qui invalident les règles générales à partir desquelles il tire ses conclusions.

Le problème n’est pas de traiter l’information de manière simplifiée, le souci, c’est de laisser notre cerveau fainéanter et le laisser faire car il a envie de se payer des vacances aux Seychelles toute l’année ! ;-)

Sentir activement, comme vous le dîtes très bien, est effectivement un effort, mais dont la rémunération est une satisfaction plus grande que la simple appréhension sans réflexion. Et, je ne peux que vous rejoindre intégralement pour ce qui suit : « la connaissance du domaine évite les raccourcis malheureux, et permet l’analyse détaillée qui engendre la découverte du délectable invisible ».

A côté de cela, en revanche, parfois, mais, je suis sûr que nous sommes parfaitement d’accord à ce propos, il faut savoir apprécier un objet passivement, sans analyse, juste pour la beauté évidente dudit objet. Mais, on peut lâcher prise d’autant mieux que l’on sait que l’on pourra décortiquer cet objet plus tard ou que, déjà, on l’a fait par le passé.

Pour conclure sur une pointe de légèreté : vous êtes, comme chacun(e) ici heureusement, libre d’apprécier ce que vous voulez. Tant pis si parfois vous catégorisez un peu rapidement. Tant que vous avez conscience de le faire de manière hâtive, cela vous laisse la liberté de pouvoir, par la suite, déjouer cet empressement pour tenter, à nouveau, de laisser une chance à ce qui ne vous a pas marqué au départ.

De manière plus générale, par le passé, nous avons été nombreux à catégoriser les fougères comme ces bons vieux parfums faciles sans aucune prise de risque, assez ennuyeux en somme. Aujourd’hui, on a envie d’embrasser n’importe qui porterait une fougère classy qui sentirait vraiment le savon de barbier plutôt que le rayon « Hommes » des Carrefour. Rester simple et sans originalité est toujours plus sympa que de vouloir se faire remarquer en faisant n’importe quoi... ;-)

La pâtisserie est, j’en suis convaincu, un artisanat qui, lui aussi, confine à l’art. Nous sommes au moins deux à l’apprécier ici. Nân, en fait, chuis sûr que nous sommes bien plus nombreux... ;-)

A propos de votre demande de conseil : Et Vétiver, trop boisé peut-être... Avez-vous accès à Après L’Ondée et Vol de Nuit ? Ils pourraient vous plaire. Sinon, juste un conseil comme ça : ne vous laissez pas intimider par un parfum ; L’Heure Bleue vous plaît, craquez ! (Anna a raison.) ;-)

Merci pour vos compliments, ils nous alimentent jour après jour et sont un moteur essentiel en même temps qu’un challenge ; c’est qu’il faut tenter d’être à la hauteur.

Quant à vos capacités, elles sont déjà très grandes et peut-être pas si éloignées que celles que vous avez acquises dans le domaine de la pâtisserie. ;-)

Encore merci pour ces échanges passionnants.

Bonne journée.

Opium

Ps : Jicky, lui, adorerait sentir tout le temps le basilic et le thym... ;-)

Nb : Il n’y a PAS de fautes, c’est parfait.

[Début de digression...]

Ce n’est pas de la grande pâtisserie, mais, j’ai vu des « hérissons au chocolat », une spécialité de Rhône Alpes (avec crème d’amandes ou frangipane posée sur un fond à tarte et ganache) que, en tant que bon parisien, je ne connaissois pô. Et, ça a l’air d’être une tuerie intergalactique (et bourré, sinon ce ne serait pas drôle, de 750 milliards de calories)... ^^ #miam

[Fin de la digression...]

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par Anna, le 10 juin 2014 à 17:50

Grande pâtisserie au parfumerie, aucune importance si c’est un bon et sincère, hm, produit. On snobe pas Roger&Gallet ici, parce que on ne le vende pas comme une révolution olfactive.
Et mes 2 Forets Noirs d’hier, eh, ban...il y avait une couche de ganache avant la tuile de chocolat noir. Commende spéciale.

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par Opium, le 15 juin 2014 à 20:54

Bonsoir Anna.
Nous sommes parfaitement d’accord. Si sur auparfum, nous nous centrons avant tout sur l’olfactif, il y a aussi un cadre et un discours à prendre en compte.
Et, si on ne doit, bien entendu, pas tout pardonner ou tout laisser passer sous prétexte de simplicité et de sincérité (un produit mauvais reste mauvais), toutefois, un parfum présenté comme un "truc simple", "sans prise de tête", "sans trop de prétention", nous rendra un peu plus indulgents que le même au triple, quadruple ou décuple du prix avec un discours prétentieux.
Comme le disait quelqu’un ici, un de nos lecteurs très réguliers, ce qui est snob, finalement, c’est de porter le dernier D&G Sport ou équivalent d’une banalité sédative (qui nous enverrait faire dodo mieux que du Donormyl ^^) parce que c’est de la marque plutôt qu’un truc bien plus sympa et original mais sorti de telle parapharmacie ou tel circuit de distribution moins "glamour".
Mmmmmh, vive la Forêt Noire, en commande "spéciale" en plus ! #miam
Bonne soirée.
Opium

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par Anna, le 15 juin 2014 à 23:52

Cher Opium, c’est toujours un plaisir vous lire et souvent j’ai envie d’ajouter un "Amen !" a la fin de vos interventions.

Pourtant, j’ai un pêché a admettre. Dimanche m’inspire...
J’ai snobé D&G pendant pas mal de temps. J’étais tellement influencée par l’mage de la marque et par plupart de lors produits qui sont, selon moi, sans intérêt, originalité, d’un gout discutable...et j’ai passé à cote de Sicily. Trop gourmand pour moi (ma peau "chauffe" la vanille a tel point que’elle couvre tout le reste), mais loin d’être sans intérêt. Sicily est complexe et inattendue. La composition fonctionne, a mon étonnement.
Une amie a porté The One et je l’ai trouvé adorable sur elle. J’ai suggéré Yvresse, mais c’était trop. Et puis, l’image ne lui a pas plu. Apres avoir trouve un lingot dans sa salle de bain, c’était plus la peine. Après ça, je l’ai continuellement encouragé The One, parce que elle voulait toujours acheter une nouveauté bling-bling. Si pendant des années à coté de moi, elle n’a rien comprit, pourtant selon elle mes vieilleries sentent bon....soit !

Et, je soutiens, Opium actuel n’est pas l’ombre de lui-même. J’ai baigné dans ses effluves pendant mon enfance. C’est a pleurer.

Alors, je me suis promis d’essayer à l’occasion des marques à la mode ; il faut pas mourir ignorent, c’est (tragi)comique et être optimiste c’est bon pour la santé.

Bonne nuit parfumé a vous tous.
##parfum au pyjama##

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par Thelittlebox, le 18 juin 2014 à 15:08

Opium, Anna, cher tous,

Vous savez, cher Opium, pour rebondir sur « ce n’est pas de la grande pâtisserie » : la pâtisserie est également victime de ce tout commercial au détriment de la qualité.

Nous avons certains des Grand Noms de la pâtisserie, qui sont devenus des marques, qui s’exportent et qui, tels des machines à sous (en chocolat) produisent à la chaine dans des grands laboratoires qu’on assimile aisément à des usines. Du beau, de l’original, mais le gout est-il là ? Le plaisir ? La sincérité ? Eux ne sont parfois pas au rendez-vous, le prix par contre, ne rate jamais ce rendez-vous.
Nous avons ces pâtissiers célèbres faussement talentueux, qui se donnent des airs à coup de produits « m’as-tu-vu » qui ne valent pas grand-chose. Cette image est renforcée à coup de prix aussi gonflés que des choux-chantilly. Nous avons même le Lady Gaga de la pâtisserie au US dont la popularité mondiale est lié au buzz : faire frire dans l’huile un croissant en forme de donut et en limité la production journalière.
Et nous avons les pâtissiers du coin qui sont capables de vous atomiser le palais grâce à un pov’ sablé chocolat-gianduja assassin à vous damner.

Nous sommes dans l’air du marketing, du people, de la manipulation de masse – ne réfléchissez pas, nous décidons pour vous - (conspiratioooooooon !) et cela atteint toutes les sphères.
Heureusement, comme pour le parfum, il y à aussi d’excellentes surprises.
Restons positif !

Bref, retournons à nos parfums avant que Jeanne ne nous raccompagne gentiment vers un forum douceurs&pâtisseries.

Vous avez tout dit, votre retour est très intéressant, vous avez l’air d’être très pointu sur le fonctionnement cognitif du cerveau humain.
J’aime beaucoup le parallèle à la catégorisation sociale, la première impression sur une personne / un parfum, puis par l’effort, attisé par la curiosité et l’appel du plaisir, apprendre à la connaitre / à le sentir, pour aboutir à un facettage de l’opinion plus précis, ou même différent.

C’est rassurant de se dire que le cerveau cherche la facilité. Dépasser cela, c’est récompenser l’effort par une plus grande satisfaction. Le plaisir n’est-il pas notre ultime but ?
Quoi qu’il en soit, voila une bonne justification à la fainéantise.

Je vous rejoins également sur le plaisir simple d’apprécier un bel objet sans le décomposer. C’est une idée que j’aime beaucoup, pouvoir se permettre de ne pas analyser car nous savons que nous pouvons le faire. Nous savons donc que nous ne nous tromperons pas le moment venu (du moins d’après notre vérité personnelle).
Le principal étant d’avoir conscience de l’état, conscience que nous catégorisons, que nous n’analysons pas…
Je m’éloigne un peu mais cela me fait beaucoup penser à une amie qui me disait quelque chose comme cela : « je me permets d’être un peu folle, parce que je sais qui je suis, j’ai mes valeurs et mes bases, et c’est justement parce que je les aie que je peux me permettre d’en sortir pour expérimenter sans risque »

Je vous remercie pour cette discussion très intéressante.

PS : je vous assure ce produit vaisselles basilic thym est affreux, voulez-vous une publication dessus ?
PS2 : Après l’Ondée est le seul qui me demande de le choisir. Anna vous avez raison, j’ai le temps pour l’apprivoiserJ.

Thelittlebox
(Veuillez m’excuser pour l’orthographe)

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par Anna, le 18 juin 2014 à 22:02

Si on n’expérimente pas, on ne vivra rien de nouveau. Passer à coté de quelque chose intéressent parce que nous avons peur d’être déçu ? Ça risque pas d’arriver à votre amie.

A la base, je ne suis pas de tout une Guerlinolatre. A part l’Heure Bleue, qui passait toute seule (va le savoir pourquoi), j’ai eue du mal avec des autres. Des certains, comme Jicky restent encore incompréhensibles. Guerlain pour moi, c’est un univers à part. Puis cette vanille se balade un peu partout aussi.
Ceux qui m’intéressent probablement le plus sont Apres l’Ondée et Vol de Nuit. Difficiles a trouver (j’ai des vieux échantillons vides), très complexes, et sur moi super fugaces. Mais ils sont tellement incroyables...

J’avais envie de suggérer une discussion sur qui porte quoi pour dormir. Nous nous parfumons plus au moins tous pour le faire. Et puis, j’ai remarqué que je ne porte presque jamais certains de mes parfums "en public". Ça peut être marrant...

Et puis, on ne va pas faire un concours quel parfumista a le pire orthographe, c’et n’est pas un blog littéraire, non ? J’ai souvent honte du mien, aussi. je suis un cas désespéré.

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par Opium, le 22 juin 2014 à 20:49

Bonsoir Anna.
Cet échange est fort intéressant.
J’ai bien pris note de vote proposition de discussion qui pourrait s’intituler "Qui porte quoi pour dormir ?" ou "Les parfums de la sphère privée (qui ne quittent jamais le pas de votre porte)..." ^^
C’est une excellente idée, je pense que cela fera beaucoup discuter.
Merci pour cette idée excellente.
Comme pour Nicolaï, ne désespérez pas : si tout le monde faisait (seulement) vos fautes, mes yeux souffriraient bien moins souvent... ;-)
Bonnes redécouvertes des Guerlain : je suis certain qu’un jour la plupart des parfums qui restent "incompréhensibles" pour vous aujourd’hui ne le seront plus par la suite. ;-)
Bonne fin de week-end.
Opium

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par Opium, le 22 juin 2014 à 20:40

Bonsoir à nouveau Thelittlebox.
Votre évocation de la pâtisserie permet de me rappeler qu’il faut relativiser. Comme pour la musique, le cinéma, la pâtisserie donc, et bien d’autres domaines encore, il est normal que certains dans ces activités tentent pour se payer des vacances de rêve, de participer à de belles opérations de fumisterie censées nourrir l’individualité de chacun(e) à coups "d’originalité", "exception", "raffinement", "subtilité" etc, pour proposer au final des choses très banales auxquelles la majorité accédera facilement. Mais, comme certain(e)s ici et ailleurs sont de vrai(e)s casse-pieds qui aiment que les objets rejoignent les discours qui leur sont attribués, la "saine colère" continuera à s’exprimer librement (ici et ailleurs).
[La (Le ?) Lady Gaga de la pâtisserie, ce ne sont pas des cookies qui lui ressemblent par hasard ? Car, sinon, ça doit être quelque chose. J’ai vu un truc sur le "Cronut", la fusion entre croissant et donut, mais, ce n’est pas ça. Si vous avez un lien, j’ai dû mal chercher, je n’ai rien trouvé de concluant... ^^]

Vous avez raison, il est agréable de "se laisser porter" parfois, de ne pas trop connecter, et de se permettre de le faire car on sait qu’on peut le faire. Comme pour le sport, il faut juste éviter de toujours remettre au lendemain en se disant qu’on pourra faire ensuite. Car, en faisant cela, on risque de ne plus jamais s’y remettre. ^^
Les breaks sont utiles, en tous points de vue dans tous les domaines : savoir ne pas connecter son écran, savoir rester chez soi au calme, se prendre le droit de ne rien faire. Il faut juste que les breaks restent des breaks, sinon, cela devient un mode de vie. ;-)
Mais, si l’on sait ne pas basculer du tout au rien de manière extrême, les moments de pause (mentale) sont essentiels car ils ressourcent. Bon, cela fait un peu page 78 d’un livre de développement personnel, mais, il y a un peu de tout cela tout de même. ;-)
Dans ce sens, votre amie a tout à fait raison.
J’ai quelques ami(e)s un peu déjanté(e)s, qui adorent s’amuser, discuter jusqu’à plus d’heures, sortir (trèèèèèèès) tard le soir (devenu le petit matin, pas toujours si petit que cela) : ce sont d’excellents parents. Mais, il leur faut leurs moments de décompression. Ils les prennent, mais seulement quand le "contrat parental" a été accompli et bien accompli (avec attention, affection et présence). Ils disjonctent donc seulement une fois de temps en temps. Résultat : le reste du temps, ce sont les gens les mieux/plus épanouis que je connaisse. Car ils restent vivants. ;-)

A mon tour de vous remercier énormément pour cette discussion, mais aussi pour bien d’autres aussi qui sont passionnantes également. ;-)

Bonne soirée et bonne fin de week-end.
Opium

PS 1 : Pas besoin de publication pour le produit vaisselle horrible, mais, vous avez le droit de citer la marque, ça m’intrigue... ^^
PS 2 : Après L’Ondée est superbe. Pourvu que l’adoption fonctionne. ;-)
PS G (nân, elle est pourriTe celle-ci ^^) / 3 : Il n’y a toujours pas de quoi vous excuser pour les fôttes, c’est nickel ; si seulement la plupart des gens pouvaient "fauter" comme vous... ;-)

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par Thelittlebox, le 30 juin 2014 à 21:20

Bonsoir Cher Opium,

Il s’agit bien là du Cronut, notre Lady Gagâteau étant le chef pâtissier Dominique Ansel. Bon, ok, ... la comparaison est exagérée, je fais l’analogie entre les deux pour leur habileté à faire plus de bruit que nécessaire.
Ce pâtissier est probablement talentueux, à la vue de son cursus, il ne peut que l’être.
Mais ce Cronut n’est vraiment pas … raffiné à mes yeux, de la pâte à croissant bien grasse, frit (frite ? ) dans l’huile bien grasse, et recouvert d’un glaçage bien sucré et écœurant. Roulons le un peu dans du sucre après l’avoir fourré de crème. (Des pléonasmes dans cette phrase ?).
J’en ai gouté un, il était certes de la veille, mais vraiment pour moi le seul intérêt de cette éponge à graisse est de faire du buzz.

Excellente soirée,
Thelittebox

PS1 : La Maison verte – liquide vaisselle fraicheur Thym Basilic, pour laver les poignets de Jicky tous pleins de la Vie Est Belle. Quoi que… il n’a pas réussi à lessiver Jasmin Noir de Bvlgari ! Qui sait, peut être un futur succès sépho 

PS2 : Ouups lapsus, je voulais dire L’Heure Bleue et non Après l’Ondée. C’est celui qui m’a le plus interpelé. Un des plus opulents et des plus féminins il me semble, je le trouve beau mais impressionnant !

D’ailleurs, j’ai Shalimar EDP sur le bras, une fois les agrumes apaisés, il est plutôt agréable. Je suis étonné, ce grand féminin est parfait pour un homme. Nous savons qu’il n’y a pas de genre en parfumerie, mais tout de même je n’aurais pas eu l’idée de le tester ce monument il y a quelque temps.

J’ai également L’Homme Idéal de Guerlain sur touche, j’attends avec impatience la critique Auparfum.
Est-ce le vétiver qui donne un coté fougère, le romarin ? J’ai l’impression d’y trouver un coté fougère.

PS3 de Sony (celle là aussi est bien moisie), vous êtes prêt pour votre guide d’épanouissement personnel ;-)

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ChrisB

par ChrisB, le 5 mai 2014 à 06:46

Bonjour,
Article intéressant, qu’on ne peut qu’approuver. Le pire, à mon sens, est que les rares parfums (masculins)récents, sortant un peu du lot (voire beaucoup), ont très vite quitté les rayons : je pense à "Kokorico", à "Bang", à "Man" de Paul Smith...

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par Opium, le 13 mai 2014 à 19:40

Bonsoir ChrisB.
En fait, le problème avec les trois parfums que vous citez, c’est qu’on peut se poser une question : est-ce que la marque dont ils sont issus n’est pas assez désirable pour que leurs produits fonctionnent ou est-ce que ces parfums sont trop "différents/clivants/créatifs" pour fonctionner. (Je mets des guillemets car, même si j’apprécie chacun des parfums cités, en termes d’originalité, je sais bien qu’on se situe dans l’univers très aseptisé des nociphorarionnauds, ces temples modernes des yaourtières, bonbonnières, shampooineuses et autres rayons rasage des grandes surfaces, mais, quand même, ce n’est ni Sécrétions Magnifiques ni M/Mink non plus)...

Inutile de préciser (même que je vais le faire quand même) [avec erreur de syntaxe incluse siouplé], que je préférerais que la raison principale soit la première hypothèse plutôt que la seconde, par trop déprimante. Imaginer que Man, Bang ou Kokorico seraient trop originaux, juste cela, est bien déprimant. (Ne nous leurrons pas, j’ai beau tâcher d’être optimiste parfois, je ne m’illusionne pas trop et sait bien que, malgré tous mes espoirs, la deuxième raison possible doit bien jouer un peu/beaucoup...)

En période de crise, on le sait, on se focalise sur ce que l’on appelle des "valeurs sûres".
Quand tout va plutôt bien (ou un peu mieux), on peut chercher à se différencier en finesse.
Quand rien ne va plus, on cherche à se différencier plus grossièrement.
Pour avoir beaucoup côtoyé certains grands magasins ces quelques derniers mois, je peux vous assurer qu’alors que les gigantesques espaces Chanel et Vuitton ne désemplissent pas (on fait même la queue pour acheter tel objet de maroquinerie convoité (surtout par les russes et les chinois, qui apprécient de se prendre en photo dans les grands magasins, signe de réussite sociale semble-t-il ; ça change du Carrefour du coin !)), les stands de taille plus réduite Bottega Veneta, Burberry, Chloé, et même Dior (moins désirable que les deux premiers cités), marques pourtant souvent d’excellente qualité et avec des produits au moins aussi originaux et raffinés, ont du mal à trouver des visiteurs... [Ces marques sont bien entendu simplement citées à titre d’exemples, mais, en réalité, elles sont quelques dizaines dans la même situation.]

Simplement, quand rien ne va plus, finies les fantaisies et originalités diverses. Il faut du consensus. Là, le souci ce n’est plus de se distinguer parmi celles et ceux qui se distinguent, mais juste de parvenir encore à se distinguer (parmi la population générale, déjà, on considérera que c’est bien !). Il faut du logo, et connu de tous SVP, pour bien faire savoir à la face du monde que l’on est bien dans le bon pourcentage de la population, celui qui a réussi (Rolex, qui a dit Rolex ? ! ^^). [Je ne veux pas lancer de polémique, mais, cette anecdote est révélatrice des aspirations et "idéaux" de certain(e)s, il nous faut bien le constater.]
A ce petit jeu, il faut juste se démarquer de manière visible quand la crise est là. Se démarquer, surtout de la part de populations qui ont acquis récemment l’aisance, qui cherchent à se distinguer, pour signifier et se signifier, qu’elles ne sont plus placées au niveau le plus bas de l’échelon social. Ce qui fait qu’il y a concentration sur seulement quelques marques très identifiables, les "bonnes", les "valeurs sûres". En ce moment, c’est Chanel et Vuitton surtout qui se partagent la part de leur gâteau oligopolistique. Tant mieux pour elles, mais, c’est dommage pour les autres qui subissent cette répartition de l’attrait de manière peu équitable. (Demandez à quelqu’un si, pour un montant identique, il/elle préfère obtenir un Chanel ou un Bottega Veneta dont, pourtant, on connaît la maîtrise, et vous constaterez que presque tout le monde vous répondra, même dans des milieux qui ne comptent pas trop leurs sous à la fin du mois : "Chanel". J’ai pris ces exemples précis ici de manière voulue, demandez la même chose à propos de Vuitton, vous n’obtiendrez pas la même réponse en France, la marque pâtissant de ce qui est ressenti comme une trop grande "démocratisation". Mais, pas trop d’inquiétudes à avoir, un petit repositionnement en doublant les prix et, à nouveau, la désirabilité sera de retour partout. Après tout, Chanel vendait des t-shirts dans les années 80 et a connu des années difficiles. Aujourd’hui, c’est LA marque.)

Et, malheureusement, les tribues un peu bobos qui pourraient avoir envie de s’encanailler avec des marques qui nourrissent quelques chemins de traverse, et sont donc plutôt les cibles de ces quelques marques plus confidentielles, n’ont finalement pas tant de budget à dépenser. Ce qui fait que ces marques ci "tournent" moins vite que les quelques rares qui ne désemplissent pas elles. Il s’agit juste de concentration (qui va plutôt de paire avec une certaine mondialisation visant à l’uniformisation des goûts : on mange chez McDo, on boit du Coca, on boit et paie son café moussu rincé à 850 calories et plus de 5 euros chez Starbucks, on se paie un sac ou autre accessoire Chanel, Dior et Vuitton ; à défaut, on passe chez Sephora pour acheter le parfum, premier pied d’accès à la porte du luxe et au sentiment partagé d’avoir atteint un certain objectif personnel/social).

Je le dis souvent à mes camarades : les marques moins médiatiques et désirables, celles que l’on admire dans les pages de magazines mais dont le besoin impérieux de passer à l’acte d’achat est moindre, ces marques peuvent, en sus des accessoires, au mieux, "placer" un produit en terme de parfums : qui devient "LE" produit de référence de la marque. Ainsi, Mugler a Angel, Gaultier a lancé Le Mâle, Lempicka possède Le Premier Parfum, Miyake son Eau ("d’Issey") etc.
Bien entendu, il y a quelques exceptions, mais globalement, l’idée est là. Pour un Alien qui grimpe quelques places à côté d’Angel, combien de deuxième, troisième et quatrième lancements qui, malgré une qualité qu’on leur reconnaît, ne trouvent pas acheteuses/teurs ? Les gens veulent, en accessoires et parfumerie, les logos les plus désirables : Chanel, Dior et Vuitton ; eux, ils peuvent faire du Givenchy d’aujourd’hui (en "qualité" de parfum), ils vendront leurs flacons, tout le monde attend cela. C’est malheureux, mais c’est ainsi. Vuitton cartonnera normalement avec son futur premier parfum, quel que soit le choix effectué : très nichu ou plutôt accessible ; les gens ne veulent pas une odeur sympa, ils veulent qu’on leur tatoue un LV n’importe où... Alors que, quelque chose me dit que les deux nouveautés de Karl Lagerfeld vont plafonner rapidement : les gens veulent du Chanel, pas du Karl, son représentant. Ce qui est d’autant plus malheureux qu’on attribue de nombreuses qualités au monsieur. (Bon, pour avoir senti ses deux derniers parfums, passons, inutile de s’attarder, cela sent le grand public de 2013-2014, rien d’autre.)

D’ailleurs, Gaultier, Lempicka etc ont réussi à placer leur leader des ventes à une période qui connaissait moins la crise où, donc, ces "niches" étaient encore désirables, et à le maintenir (ce leader) grâce à des campagnes de communication régulièrement alimentées... et peut-être aussi car le produit était bon. ;-)
On a vu et on verra la plupart des parfums disparaître presque aussi vite qu’ils ont été lancés sur le marché. Tant mieux pour les vilains. Dommage pour les plus jolis (et différents). L (qui avait pourtant tout pour réussir avec ses notes baumées vanillées sucrées), A Scent (déjà plus "osé" en cette période de régime qui rêve de sucre et de calories plutôt que de verdeur) et d’autres, une petite pensée pour eux...
ChrisB, à bientôt.
Opium

[Les marques et exemples cités ne l’ont été que pour nourrir le commentaire à propos de ces trop malheureuses marques qui, dans le domaine du parfum, s’échinent à lancer des parfums, mauvais et ennuyeux pour certaines, inventifs et jolis pour d’autres ; mais, malheureusement, en ce moment, avec souvent le même triste effet : l’écrasement face aux mastodontes du moment qui trustent l’attention.]

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Jicky

par Jicky, le 4 mai 2014 à 20:59

Prions pour que cette année on arrive à trouver un cinquième prétendant pour le prix du Grand Masculin pour l’Olfactorama 2014...

Merci pour le partage de cet article !

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par Opium, le 13 mai 2014 à 18:56

Bonsoir Jicky.
Avec plaisir ! ;-)
Oui, tu as raison (malheurseusement).
Lorsque j’ai rédigé cette actualité, je n’ai même pas pensé au paramètre "Il faudrait au moins 5 parfums masculins sympas pour pouvoir les nommer l’an prochain contrairement à cette année"... Pourtant, j’ai souvent ce genre de curseur en tête comme tu le sais.
Mândieu, je sens encore qu’on est mal partis ! Pour le moment, il y a quoi, deux masculins vraiment "viables" et un ou deux très moyens...
Bon, je ne vais pas trop y réfléchir, sinon, ça va me déprimer. Tant de médiocrité qui "sent trop bon"... #beurk #rototo
Allez, bon début de soirée à toi.
Opium

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