Auparfum

Parfums disparus : flop olfactif ou flop marketing ? 2/4

2- Les féminins, années 2000

par Jeanne Doré, le 14 janvier 2008

Mahora, Guerlain

2000, Jean-Paul Guerlain

Mahora, inspiré du nom de Mayotte, ou “Maoré” en dialecte local, fut un Guerlain qui ne fit pas long feu. Composé autour de la fleur d’ylang-ylang, dont Guerlain avait ses propres cultures à Mayotte justement, du frangipanier, de la tubéreuse, du néroli, avec beaucoup de vanille et du santal, Mahora est dans mes souvenirs un floral fruité, opulent et sucré, sans grand interêt. Mais le pire était quand même le flacon, une aberration du design contemporain, au même niveau que la publicité, insipide et ambigüe, aux antipodes de l’univers Guerlain. Résultat, un flop commercial qui a dû faire perdre beaucoup d’argent à la société... Mais devinez ce qu’a eu la bonne idée de faire Guerlain ? Tout en transparence, et sans le moindre scrupule, la marque a recyclé Mahora sous le nom Mayotte, dans la collection “Les Parisiennes”, vendues à la boutique à un prix très haut-de-gamme, dans les flacons “abeille”. Ou comment récupérer un vieux flop en l’incorporant dans une nouvelle série exclusive comme un parfum vintage.
Mahora avait été le dernier “grand” Guerlain féminin signé par Jean-Paul Guerlain, qui se consacra ensuite aux collections plus intimistes de la Maison Guerlain, aux flankers et autres éditions exclusives, et après Coriolan, également un flop masculin sorti en 1998 et supprimé depuis, il était temps de passer la relève....

Oblique Givenchy

2000, Fast Forward : Ilias Ermenidis, Play : Jean-Claude Delville, Pascal Gaurin, Rewind : Nathalie Lorson

Je ne m’étendrai pas sur les trois parfums eux-mêmes, Fast Forward, Play et Rewind, dont je n’ai honnêtement pas beaucoup de souvenirs olfactifs (un citron meringué, un oriental fruité et un floral ozonique ?). Mais qu’avait donc Givenchy en tête en lançant cette mini-gamme futuriste avec un concept totalement énigmatique, axé sur la technologie et l’innovation.

C’était sûrement l’effet nouveau millénaire qui trottait un peu trop dans l’esprit des chefs de produits, et la gamme se serait-elle appelée Givenchy 2000 qu’elle n’aurait presque pas été plus ridicule.

Murmure, Van Cleef & Arpels

2002, Jacques Cavallier, Alberto Morillas

Un jasmin très naturel, un chèvrefeuille miellé, un mimosa poudré, une mandarine pétillante et un musc doux et propre comme un savon. Rien de désagréable dans ce floral sophistiqué, chic et très féminin, dans la lignée d’un Organza. Il n’a cependant pas su séduire un nombre suffisant de femmes, pas assez attirées pas ce Murmure, décidément trop discret.

Eau Torride, Givenchy

2002, Christine Nagel

Le concept de l’Eau Torride était de retranscrire le feu sous la glace, un contraste chaud-froid, qui a été plutôt bien illustré par un accord très pétillant de pamplemousse, mandarine et orange, un cœur fruité juteux pêche et poire, superposé avec une fleur d’oranger opulente, et un fond musqué, boisé, propre et crémeux.
Une communication simple et moderne avec la belle Lou Doillon (plutôt feu que glace), un flacon minimaliste et sobre, un parfum frais, féminin et pas ennuyeux. Mais qu’est-ce qui clochait au juste ?

Gloria Cacharel

2002, Olivier Cresp

« G-L-O-R-I-A » hurlait Patti Smith sur le tube de Van Morrison dans la pub du nouveau Cacharel en 2002. Cela sonnait plutôt sex, drug & rock’n roll, total glamour et sexy, mais étant donné le flop retentissant de ce lancement, il n’a pas semblé tomber au bon moment (un poil trop en avance ?).
Dommage, Gloria n’était certes pas facile à porter, mais il avait l’audace et l’impertinence de son personnage imaginaire éponyme, sorte de rockstar nonchalante, un brin provocante.

Gloria était construit autour de l’idée de l’Amaretto, liqueur italienne au délicieux goût d’amande amère, associée à un accord de lait chaud, riz au lait, vanille, très gourmand, limite écoeurant. Il se prolongeait sur un fond oriental boisé santal, faisant echo au coeur par sa facette chaude et lactée.

J’aimais bien porter Gloria, de temps en temps, le soir, lorsque j’avais envie de me sentir dans la peau d’une groupie blonde, sexy et aguicheuse tout droit sortie d’un backstage des 60’s....

Barbara Bui

2004, Anne Flipo

Le premier parfum de la créatrice chic fut également le dernier. Un oriental boisé ambré, aux effluves de cèdre, d’encens, de vanille, de musc et d’épices. Tout à fait dans l’esprit des vêtements de la créatrice, élégant, sobre, féminin, avec un soupçon de sensualité. Mais les ventes ne furent pas au rendez-vous. Marque pas assez connue ? Pas assez de publicité ? Pas assez différent ? Il renaîtra peut-être un beau jour, recyclé sous le nom d’un nouveau créateur, ou d’une actrice, et connaîtra qui sait plus de succès ?

Et vous, quels sont vos parfums disparus préférés ?

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PoisonFlower

par PoisonFlower, le 14 février 2008 à 22:00

En ce qui concerne Mahora, autant que je me souvienne, il me rappelait Spellbound, les épices en moins et le côté solaire en plus.

Je pense en tout cas que les deux parfums ont en commun une fragrance d’esprit floral, très féminine et assez puissante, sucrée/néroli, boisée et vanillée, assez orientale au final.

Tout à fait agréable, mais pas inoubliable, disons que Mahora ne manque pas plus que ça à la gamme "courante" Guerlain, dans laquelle il empiétait plus sur les territoires de Jardins de Bagatelle ou de L’heure bleue qu’il n’avait véritablement sa place bien à lui.

Il est amusant de constater qu’en ces années 1999-2000, la marque semblait ne jurer que par les accords à base d’ylang-ylang et de vanille : l’Aqua allegoria Ylang & vanille, l’eau de toilette Terracotta Voile d’été (dans mon souvenir, elle ressemble beaucoup à Ylang & vanille, ce qui ne serait pas étonnant, dans la mesure où elle partageait je crois pas mal d’ingrédients avec l’Aqua allegoria) et enfin Mahora.

D’ailleurs, si Mahora n’était pas sorti en dernier, on aurait pu croire que Ylang & vanille et Voile d’été en étaient des déclinaisons plus fraîches et légères sur le même thème.

Au niveau du flacon, autant je peux trouver des qualités à celui des eaux de toilette et de parfum (qui n’est après tout pas pire à mon goût que ceux de Derby ou de l’Eau de Guerlain première présentation), autant celui de l’extrait était hideux par rapport à ce à quoi Guerlain a pu nous habitués pour "mettre en scène" la concentration parfumée la plus précieuse (je me demande toujours où le bouchon était situé...).

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par chrisfred, le 8 février 2008 à 21:07

Mahora existe toujours... en boutique Guerlain, mais sous le nom de Mayotte...
Pour Gloria de Cacharel, il était trop innovant à l’époque et surtout le concept n’a pas été compris, mais c’est normal vu que la marque n’a pas communiqué dessus : en fait chaque produit dérivé de la gamme complémentaire était construit autour d’une note de Gloria, donc grâce à ça son parfum pouvait être différent de celui d’une autre personne portant gloria... (l’huile pour le bain, un régal !!)

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Jeanne Doré

par Jeanne Doré, le 16 janvier 2008 à 09:50

Oui, peut-être un peu dure pour Mahora, qui n’était pas si mauvais en soi, mais manquant de personnalité, de style, et sûrement pas digne d’un grand Guerlain, et le flacon, la communication n’arrangeaient rien... Quant à Gloria, si, si, je vous assure, c’était un gros flop ! Du moins par rapport aux attentes de L’Oréal, qui n’a réussi le gros lot qu’un peu plus tard avec Amor Amor, et vient de se planter à nouveau avec Liberté, le flop des flops 2007...
Ravie de vous retrouver sur le forum JerryB !

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par jerryb, le 16 janvier 2008 à 00:42

Il est un peu dur de dire que Mahora ne présentait aucun intéret, car c’est une belle fleur de frangipanier, assez proche de la fleur d’origine, mais qui n’a pas plu à cause d’une note noix de coco un peu grasse qui ressortait et faisait "cheap" pour un Guerlain. Il avait ses adeptes, récompensés maintenant. Le flacon était maladroit mais pas laid. Je regrette aussi Eau Toride, car c’était un beau parfum bien construit... hélas, une petite touche marine qui n’a plus la côte et un fruité assez proche d’un hugo boss et le concept à manqué sa cible. Je ne pense pas que Gloria fut un flop, mais il n’a pas tenu sur la longueur ... indigne pour une marque phare de l’Oréal .. ; et Liberté prend le même chemin !

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