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Myrrh Casati

Mona di Orio

Flacon de Myrrh Casati - Mona di Orio
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Poussière d’adieu

par Cécile Clouet, le 11 décembre 2014

J’ai encore fait ce terrible rêve d’une femme inconnue dont l’image me hante.

C’est le midi. Le soleil de plomb darde de ses rayons les murs blancs et les rues poussiéreuses de la ville endormie. Quelques chats errants, un jouet d’enfant abandonné, je marche vite et m’échappe par la porte du sud. Au-delà ce sont les faubourgs, puis le désert. Un parfum d’aridité, de désolation et de pauvreté accompagne les effluves des ronces séchées au bord du chemin.

C’est ici : le quartier des embaumeurs. Je marche vite, guidée par ma mémoire, et je retrouve la modeste bâtisse dont je pousse sans bruit la porte entrouverte. La pénombre m’aveugle un instant. L’odeur âcre des résines me saisit, je dois m’appuyer au mur tiède et râpeux. Devant moi, un lourd rideau par lequel je faufile mon regard.

Elle est là, ses longs cheveux noirs épars et encadrant le pâle visage, immobile désormais.

Autour d’elle, l’homme s’affaire. Ses gestes sont lents, tremblants et imprécis, mais empreints de tendresse. Il sanglote, titube, je perçois son haleine chargée d’alcool, de tristesse et de colère. Soudainement submergé par la rage et dans un long hurlement, il renverse tous les pots d’onguents, jette au feu les herbes et les résines qui s’embrasent furieusement éclairant la pièce encombrée, puis dans un long râle impuissant, il s’effondre.
Il dit adieu à celle qu’il aime.

Enfin, j’ouvre les yeux et quitte mon lit, dont les draps froissés gardent la moite tiédeur d’une nuit de cauchemars.

Myrrh Casati est le premier opus de la marque Mona Di Orio... sans Mona.
La fragrance se veut un hommage à la marquise Luisa Casati, figure de la société européenne du début du vingtième siècle, muse et mécène qui marqua son temps par ses extravagances et son goût pour les sciences occultes.
Les premières minutes sont violentes, exploitant les facettes médicinales, résineuses voire liquoreuses de la myrrhe : j’imagine des herbes marinées dans l’alcool, une bouteille de génépi, une réglisse sombre et amère.
Le rendu est impactant, montant et cinglant, à la limite du dérangeant.

Malheureusement, après cette entrée en matière tonitruante certes, mais également évocatrice et poétique, le feu s’éteint : la fragrance s’endort doucement sur la peau dans un manque d’épaisseur que je regrette.

Myrrh Casati n’a pas la ronde présence à laquelle la marque nous avait accoutumés, ce style de clair-obscur d’un jus sculpté dans la matière en pleins et déliés, mais bien plutôt la fragilité d’une feuille d’automne séchée dont la beauté nous attire et qui aussitôt que saisie se mue entre nos doigts en une poussière bien vite envolée.

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par Noctys, le 6 janvier 2018 à 20:12

Et pourtant, je l’adore !
J’aime la myrrhe. En huile essentielle, elle me rend presque folle, comme celles de benjoin, de sapin baumier et le très regretté cèdre du Liban. Alors la sentir dénaturée, quand elle n’est pas purement et simplement massacrée, dans la plupart des compositions qui portent son nom... La myrrhe d’embruns de Serge Lutens est belle mais froide alors que la myrrhe, c’est CHAUD. Quant à la myrrhe impérial d’Armani Privé, je la trouve plate.
Mais celle de Mona di Orio post mortem, c’est de la myrrhe, de la vraie, et j’aime qu’elle n’évolue pas en goudron, vent du sud ou pluie de fleurs.

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Noctys

a porté Myrrh Casati le 6 janvier 2018

Les odeurs et moi, c’est une longue histoire. Enfant à paternel en perpetuelle vadrouille, c’est le chien de la famille qui me servait de père de substitution. Alors, encore maintenant que j’ai passé (...)
Sa note :

Noctys

a porté Myrrh Casati le 28 décembre 2017

Les odeurs et moi, c’est une longue histoire. Enfant à paternel en perpetuelle vadrouille, c’est le chien de la famille qui me servait de père de substitution. Alors, encore maintenant que j’ai passé (...)
Sa note :

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