Les dualités olfactives de Dries van Noten
par Anne-Sophie Hojlo, le 14 avril 2022
Après une première création portant son nom, lancée chez Frédéric Malle en 2013 (aujourd’hui disparue), le styliste belge présente sa première collection de dix parfums.
Célèbre pour sa mode riche en imprimés et en associations de couleurs, Dries van Noten a souhaité des compositions contrastées, qui jouent sur des dualités de matières ou d’effets, comme autant de « combinaisons impossibles ». Le créateur flamand a travaillé pour cela avec dix parfumeurs, qu’il a invités chez lui pour qu’ils s’imprègnent de l’atmosphère de son jardin et de son univers.
En témoigne Jardin de l’orangerie, signé Daniela Andrier chez Givaudan, construit autour des « différents visages » de la fleur d’oranger, « douce, laiteuse et mature ».
Neon Garden, par Fanny Bal d’IFF, révèle quant à lui une « harmonie déconcertante » en réveillant l’iris « si élégant et haute couture », avec « l’énergie de la menthe ».
Daphné Bugey, chez Firmenich, célèbre une rose « étrangement belle, réelle, imparfaite et ambiguë » avec Rosa Carnivora.
La fleur est également travaillée par Louise Turner de Givaudan, avec Raving Rose, qui en « bouscule le classicisme » en lui offrant un visage « ultra-moderne et épicé ».
Autre registre avec Cannabis Patchouli, par Nicolas Bonneville chez Firmenich, où se rencontrent « feuilles vertes fraîches de sauge sclarée » et « feuilles boisées de patchouli ».
Le patchouli est également mêlé au romarin dans Voodoo Chile, composé par Nicolas Beaulieu d’IFF, inspiré par le morceau de Jimi Hendrix, dont l’énergie est retranscrite par les « forces opposées » de ces plantes.
Nisrine Grillie, de Givaudan, marie « l’éternel et l’éphémère » à travers le bois de santal et la feuille de figuier dans Santal Greenery.
Avec Rock the Myrrh, signé Amélie Jacquin de Givaudan restitue « l’atmosphère éclectique et mystique » qui règne dans la boutique parisienne de la marque grâce à une overdose de myrrhe alliée au benjoin et au ciste.
Dans Fleur du mal, Quentin Bisch de Givaudan tire parti de la dualité de la fleur d’osmanthus, « à l’apparence innocente », mais qui peut se révéler « sensuelle, presque animale ».
Enfin, Marie Salamagne, chez Firmenich, évoque la texture des robes de soie du créateur, « si fluide qu’elle semble se confondre avec la peau », dans Soie Malaquais, une combinaison de « châtaigne et de vanille sensuelle et soyeuse ».
Les flacons, rechargeables, traduisent la dualité des parfums « grâce à l’utilisation ludique de matières, de motifs et de textures juxtaposées ».
Certains parfums sont également disponibles en version crème et savon.
Eaux de parfum 220 à 240 euros/100ml, recharge 260 à 290 euros/200ml
Déjà disponibles dans les boutiques de la marque à Paris, Anvers et Los Angeles et sur le site.
Premières impressions
Une collection en demi-teinte, qui nous épargne les gros ratages que recèlent parfois les lignes exclusives de grandes marques, mais semble un peu éloignée de l’audace qu’elle revendique – du moins pour ce que nous avons pu sentir. Parmi nos préférés : Fleur du mal, dont l’osmanthus subtil, mêlé à un délicat cuir velouté, évite l’écueil de l’abricot confituré, et la note cannabis joliment habillée de rhubarbe croquante et de patchouli hippie de Voodoo Chile. Sur un thème très proche, Cannabis Patchouli se révèle plus commun et un peu linéaire, tout comme la discrète Rosa Carnivora, dont on cherche un peu les épines. Dans Neon Garden, le mariage iris-menthe est malheureusement troublé par des bois ambrés peu discrets, tandis que l’onctueuse crème de marron rafraîchie de notes vertes de Soie Malaquais se fond dans une vanille plus générique. Nous n’avons pas senti Jardin de l’orangerie, Raving Rose, Santal Greenery ni Rock the Myrrh.
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