La Panthère Élixir
Cartier
Cœur fourrure
par Cécile Clouet, le 15 octobre 2025
Dix ans après la naissance de La Panthère, Mathilde Laurent nous en offre la version la plus tendre et émouvante. Allégée de sa tête fruitée, la composition semble n’être que cœur. En un ondoiement lent et hypnotique, les notes se lient et se délient pour titiller et caresser le nez, dans une fusion troublante avec l’épiderme. Muscs tièdes et enveloppants, épaisseur veloutée des pétales de gardénia, jasmin en pelage duveteux, je me respire, je respire autour de moi, et je ne sais plus qui sent quoi. La frontière entre le parfum et ma peau est abolie et je hume la fourrure : non pas son odeur, non, mais sa chaleur sous mes doigts, son frôlement, son volume souple. Le jeu de senteurs est devenu jeu de textures, et mon nez me permet alors de voir, palper, entendre. Ne cherchez pas l’animal en odeur, car les notes indolées restent ici en retrait. Cherchez l’animal en vous, tout contre vous, voilà ce que semble nous susurrer cet Élixir à la douceur décadente, comme une invitation à nous laisser guider par l’instinct et les sens. À l’heure où la publicité et les nouveautés en pagaille nous enjoignent à la séduction ou à l’affirmation de soi brandie en étendard, cette Panthère nous autorise à arrêter la course du temps, à nous écouter et à porter un parfum juste pour soi. Merci.
Cette critique est à retrouver dans Nez #18 - La Couleur des odeurs
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par Petrichor, le 23 décembre 2025 à 09:39
Selon moi, la version élixir de "La panthère" est la variation vanille et fleur de tiaré (monoï) de la panthère.
J’ai déjà mes chéries dans cette catégorie.
Je pense à "Songes" d’Annick Goutal ou "Compliment" de Maison Violet, qui ont plus de budget, pour les extraits naturels de ces fleurs. (Ce panthère élixir est un peu synthétique, vanille - flan, à mon goût sur ce plan. Peut-être qu’il est fait pour aller sur la peau, et que ma peau fonctionne mal avec cette sélection de notes musquées et éventuellement "cuir de daim" velouté). Dans les autres compositions, l’absolu vanille et les extraits naturels de tiaré en composition, jusque dans ses côtés étranges et médicamenteux, qu’est-ce que c’est beau !
Mais je suis très content de cette sortie dans les parfumeries non confidentielle.
Cet élixir est beau, est perçu par moi comme une marque de grand respect, et explore de nouvelles constructions olfactives.
(En parlant d’innovation parfumesque de Mathilde Laurent chez Cartier :
je deviens lentement addict à "V L’heure osée" et à la gamme des oud de Cartier, pour leur note boisée indescriptible, une sorte de note cèdrée et blanche qui me rappelle le benjoin, mais sans en être. Des fois, je me dis que c’est peut-être l’odeur de l’aquilaria - aloés - calambar sans la moisissure qui en fait le oud. Mathilde Laurent avait déjà exploré des bois naturels différents sur "L’envol", notamment du bois de chêne pyrogéné, je crois.
Heureusement que des flacons de "V L’heure osée" arrive sur le marché de l’occasion, probablement à cause du départ de fraîcheur carottée, bubblegum et ylang-ylang. Plutôt que "punk", je la trouve "plucky", c’est-à-dire qui a du cran, de l’enthousiasme, et de l’énergie. Les extraits de rose au cœur de "V L’heure rosée" tiennent sur la durée sur le tissu, me rappelant le cœur des meilleures versions anciennes de "Chamade", mon parfum préféré. Je leur trouve une fraîcheur additionnelle, et si je devais imaginer ce que sentent les coûteux extrait de rose blanche, les rosa alba fraîches et miellées, j’imaginerai cette odeur-là. En comparaison actuellement chez Caron, je fais le reproche aux roses de "Infini" "N’aimez que moi" et d’autres noms que j’oublie, de disparaître vite avec la fin des notes de tête. J’ai comme l’impression que les compositions reposent trop sur un unique extrait de rose, au lieu de faire des "communelles" à la façon de Guerlain, c’est-à-dire de mélanger différentes provenances et différents millésimes -surtout de l’est de l’Europe- pour avoir un rendu optimal à chaque cuvée , au lieu de trop dépendre d’un fournisseur unique en matière première quand c’est un grand groupe, ou d’un sous-traitant qui assemblerait le concentré de parfum à partir de la formule sans se donner à fond).
Je trouve que la reformulation de l’EDP normale de "La panthère" est encore plus belle qu’avant.
Et la version "parfum" actuelle fonctionne comme un extrait de parfum, tant elle est intense et sublime dans le premier quart d’heure.
Oh là là cet accord abricoté beurré rosé jasminé <3 <3 <3. (Je n’ai pas de souvenir de la version "parfum" précédente, celle d’avant le changement de flacon). Bref, tout le monde n’aura pas besoin de 30 50 ou 100ml, mais presque tout le monde devrait être aux anges avec un decant ou une miniature de 7ml de la version "parfum". (Le parfum tient longtemps et évolue. Mais avec la dernière moitié de la composition, je suis content mais pas emballé de sa tonalité "sirop de sureau, irisé", qui peut rappeler le "Insouciance" de la gamme "Les rivières" de Cartier de la même auteure).
En dépit de ma critique, j’ai un flacon plein de La panthère élixir, et je suis ravi avec.
Il est beau, dévissable, et je l’aligne avec le flacon de la nouvelle EDP. J’ai hâte que des flacons vides arrivent sur le marché de l’occasion pour les acheter, car je trouve ce design très joli.
(Transvaser, mode d’emploi.
À force d’acheter des vieux flacons d’occasion, souvent dépareillés et sans spray, j’aime parfois choisir un modèle dévissable de la même marque, à bouchon et spray, un modèle que je vais chercher à acheter vide en plusieurs exemplaires. Je lave le flacon dévissable et le spray à fond et de façon répétée, avec uniquement de l’alcool ménager à 95° sans odeur additionnelle * puis uniquement de l’eau savonneuse. Je finis par un rinçage avec un alcool de qualité pharmaceutique. (Mais certains parfums laissent une odeur, qui n’est pas lavable. "Jour" d’Hermès a une note de cuir de daim synthétique, qui se cramponne au spray et au verre). Puis je transvase le parfum qui ira dedans avec une pipette plastique neuve ou bien nettoyée. Un flacon standard permet d’unifier le rendu esthétique d’une partie de ma collection. Si le spray est de qualité, il n’y a presque pas d’évaporation sur les semestres, contrairement à la majorité des vaporisateurs rechargeables pour le sac. La plupart des vapo de voyage bousillent leur contenu si vous ne l’utiliser pas sur les 3 prochains semestres, l’alcool s’évapore en premier sans trop bousiller la composition, puis la composition se déséquilibre et se nature vraiment quand il ne reste plus qu’un contenu visqueux dans le contenant).
* Alcool ménager à 95° sans odeur.
Pas cher en 1 litre, trouvable partout, à environ 5€.
Énorme risque d’enflammement à la moindre étincelle, donc transvaser d’avance les millilitres dont vous allez avoir besoin.
Attention au verni des meubles et des sol anciens. L’alcool presque pur pourra les faire cailler et/ou les décolorer. Port de gants et aération recommandée, même si je m’en passe souvent. Pipettes neuves en plastique d’avance (l’alcool presque pur bousille souvent la partie réservoir). Mouchoir jetable et sac poubelle à portée de main, pour éponger rapidement des projections de gouttelettes. Agissez de toute façon avec plus de prudence que moi, car je refuse d’être tenu responsable, si quelque chose se passe mal chez vous.
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par Garance, le 23 décembre 2025 à 10:26
J’avais senti par curiosité la version elixir de la Panthère, et lui avais trouvé quelque chose de légèrement sirupeux. Vos descriptions me donnent envie de sentir à nouveau les deux autres versions. J’ai toujours eu un rapport ambivalent à ce parfum. Je reconnais qu’il est bien construit, avec une forme de cohérence entre le jus et le nom. Un beau sillage, également. Et pourtant, il ne m’a jamais touchée. J’avais pourtant à sa sortie fait de multiples essais, car de nombreuses critiques étaient dithyrambiques...
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