Auparfum

Etat Libre d’Orange annonce la Fin du Monde

par Jeanne Doré, le 11 novembre 2013

C’est le 7 novembre qu’Etat Libre d’Orange a présenté dans sa boutique son dernier parfum, La Fin du Monde, avec comme leitmotiv « Sentez-la avant qu’elle n’arrive ! »
Décrit comme un « pur jus d’enfant terrible », cet exercice de style parfumé se compose de « Pop corn explosif, iris radiant, poudre à canon et retombées sensuelles en graines de carotte, cumin, sésame et poivre noir. »

Cette Eau de Parfum, signée Quentin Bisch, s’inspire de « Blaise Cendrars et toute une épopée cinématographique de Docteur Folamour à World War Z. »

 

69 euros les 50ml, 119 euros les 100ml.

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par XIIIème Heure, le 15 novembre 2013 à 20:39

Quel triste ennui que cette Fin du Monde !
Comme je l’ai dit à Newyorker lors de la soirée de lancement, la seule apocalypse qui se profile, c’est la banalisation de la copie du mainstream par la niche.
Pour moi, la note "popcorn" reste l’apanage du premier Miss Dior Chérie ; que d’originalité, "d’indécence et d’insubordination olfactive" !

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par Farnesiano, le 16 novembre 2013 à 10:13

- Quand la niche copie le mainstream, cela donne Outrageous de Frédéric Malle en vente maintenant à Bruxelles ! J’ai tenté cette semaine une deuxième approche : non, décidément non. Pomme, muscs blancs, un peu de cuir synthétique... Vraiment pas fameux. Et la senteur, et le flacon me font penser à des parfums vendus dans les boutiques de mode pour jeunes, H & M et autres Superdry. Ou un mauvais ELO.
- Pour un beau popcorn, délicatement mêlé de riz, d’herbe fraîchement coupée et de bois fins, laissez infuser dans un grand bol pendant cinq minutes, un peu de thé Genmaicha de chez Kusmi et votre salon sentira divinement bon !

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par dau, le 18 novembre 2013 à 11:44

J’étais d’accord avec outrageous, mais vous m’avez définitivement eu avec le genmaïcha. Je fais prendre le thé chez vous quand vous voulez !

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ghost7sam

par ghost7sam, le 13 novembre 2013 à 00:35

Bonswar.

En ce qui me concerne, il s’agissait de ma première fois. Pour un lancement, j’entends. En ce qui concerne le jus lui-même, j’avoue ne pas en avoir gardé un gros souvenir, mais en même temps y’avait une grosse odeur de Pop-Corn en mode Karanal qui étouffait tout l’espace.
 
Patwiss m’a fait sentir les opus les plus dignes d’intérêt de la marque, mais là encore, je crois que je n’étais pas dans la meilleure disposition pour bien sentir un parfum. Etant débutant, j’ai encore besoin d’être dans un endroit et une ambiance propices à sentir. La c’est vrai qu’entre le DJ, les coupes de champagne, tous les gens qui font la queue pour dire bonjour au Boss, on a du mal. Chacun peut avoir son propre historique et cheminement vers le Saint-Graal.
 
Après pour ce qui est des passionnés, je pense qu’il ne faut pas non plus s’arrêter aux apparences. On pourrait tout à fait tomber sur une personne "branchouille&cie" avec pourtant un réel intérêt pour le parfum ! En ce qui me concerne, je me foutais des fragrances il y’a encore quelques années et mon job à été l’élément déclencheur favorisant la naissance de cette passion, que je crois franche et honnête et bien partie pour durer.
 
Concernant ce qui a été dit sur les classiques, c’est en effet ce qui peut arriver dans les conservatoires en musique (d’après ce que j’y ai vu ces 2 dernières années) mais en même temps proposons une explication statistique (je fais l’avocat du diable) : Avec tout le temps écoulé, il existe maintenant une quantité impressionnante d’œuvres -musicales, artistiques, olfactives...
Pour un jeune c’est dur d’avoir systématiquement le réflexe de s’intéresser à des choses très anciennes, quand le nombre de succès contemporains est quand même important et surtout plus parlant.
— -
peace.

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par Jicky, le 13 novembre 2013 à 00:56

Le problème c’est quand ces jeunes viennent te citer en référence Bleu, One Million et dans le meilleur des cas j’ai eu Allure de Chanel (qui est un parfum des années 90, enfin je sais pas mais c’est quand même très récent quoi... Et c’est loin d’être un GRAND parfum).

 

Et c’est surtout la pédanterie de certains, leurs avis tranchés, sans nuance et sans profondeur hormis un simple plaisir immédiat. Le test sur peau est compromis, le temps au parfum n’est pas laissé. M’enfin bon. Il est tard et y’a plein de messages intéressants, je relirai tout ça demain. Reposé. Apaisé.

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AdRem

par AdRem, le 12 novembre 2013 à 22:45

P.S : dans un autre genre...quoi que ?...invitation déclinée ici....personne pour ouverture de L’EXPO (majuscule et en gras ^^) Miss Dior ? Ratage d’un évènement MAJEUR comme les 2 "machins trucs" déjà ratés ? ^^ http://www.dior.com/file/mobile/exp...

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par CuirFélidé, le 12 novembre 2013 à 23:49

Figurez-vous AdRem que je serai presque tentée de m’y rendre.
Je suis curieuse de voir ce qu’ils invoqueront pour donner corps à leur Miss Dior actuel.

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par AdRem, le 13 novembre 2013 à 00:28

Plein de petits fours....."avec des nouveaux gouts exquis" ?...peut ètre ? ^^
(Moi aussi très curieux d’entendre le discours et de voir la mise en scène sous les fers du Grand Palais ( Le Louvre ou Orsay étaient probablement trop petits...ou indisponibles ?)...et je rêve même de lire le dossier de presse...pour vous dire mon impatience :( ^^)

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Emeline

par Emeline, le 12 novembre 2013 à 19:06

Bonsoir Newyoker,

Rassure-toi, ce n’est rien de bien méchant à ce que tu ne m’aies pas vue jeudi soir. Même si je t’ai aperçu, il m’arrive d’être suffisamment farouche pour rester dans mon coin et parvenir à me faire oublier.
Je vois que je ne suis pas la seule personne contrariée par cette soirée.
Mais dois-je être soulagée ou inquiète ?
Je défend souvent le jusqu’auboutisme assumé d’ELO parce que je préfère une vision potache et décalée plutôt que du soit disant grand art, grandiloquent au passage, pour un discours abscons se résumant à une éloge superficiellement sexuelle.
Là où le bat blesse, c’est qu’à jouer sur cette corde, l’émotion et le plaisir ont été sacrifiés au profit d’une surenchère d’extravagances et de concepts.
Mes parfums préférés de la marque ne sont pas les plus réussis, ni ceux aux noms les plus suggestifs. Afternoon of a Faun et Jasmin et Cigarette par exemple.
J’avais vraiment envie de défendre cette création mais je n’y parviens pas. Outre mes goûts tout à fait personnels donc limités, le positionnement marketing à finit par engendrer les prémices d’une parfumerie certes indépendante, mais tout aussi dénuée de profondeurs.

Emeline

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Emeline

par Emeline, le 12 novembre 2013 à 00:55

J’étais présente pendant la soirée d’inauguration du jeudi 7 novembre. Drôle d’expérience, aussi j’ai été confrontée à un énorme sentiment de malaise.

Je salue l’initiative Etat Libre d’Orange d’avoir diminué l’épaisseur prévue car, ayant senti avant les vacances d’été le prototype défini, il s’avère que le parfum présenté jeudi dernier était beaucoup moins écoeurant que ce qu’il devait être.
Néanmoins, bien que pas si désagréable, il reste encore incroyablement lourd.
L’intérêt olfactif, résidant principalement dans les premières minutes où un bel iris croquant et un effet carotte se mêlent à un santal mi crème mi pétard, se perd au fur et à mesure pour ne laisser qu’un beurre compacte.

Malgré mon point de vue sur ce nouvel opus, je ne veux pas fusiller le travail de Quentin Bisch.
Je ne suis pas étudiante à l’ ISIPCA, je n’ai pas non plus d’ami dans cette école. Mes connaissances se résument à mes évocations personnelles et mes émotions. Aucune prétention donc de pouvoir juger l’élaboration de ce parfum, je serai incapable d’en faire un.

Pourtant, ce soir là, je me suis pris une claque. Et ce n’est pas tant le parfum qui me l’a procuré mais un tout que je ne veux plus revoir. Une boutique se résumant à des sonos assourdissantes, une moitié de personnages étalant leur sciences moléculaires avec condescendance sans passion dans le regard, et une vision de la parfumerie extrêmement stylisée et sans aucune poésie.

Je suis partie aussi vite que je suis venue. J’ai ainsi rapporté avec moi une touche de Fin du Monde qui n’a jamais aussi bien porté son nom, la désagréable impression de ne pas être à ma place et le constat écrasant que la démocratisation de la parfumerie de niche n’a fait qu’empirer les choses en donnant accès à des individus la transformation de cet art en surenchères du style.

Emeline

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par CuirFélidé, le 12 novembre 2013 à 09:50

Avant de créer toute polémique involontaire, je précise que les passionnés ne sont aucunement mis en cause dans cette soirée contrariante. Bien entendu, beaucoup en connaissent davatange sur la parfumerie et sur sa conception, certains mordus étaient aussi présents, peu importe qu’ils en sachent plus que moi sur les molécules en question. Je trouve d’ailleurs que c’est un aspect aussi passionnant que les ressentis.
Il s’agissait surtout d’une impression, n’engageant que moi, où deux catégories se présentaient ; ceux venus par curiosité et réel intérêt et ceux qui souhaitaient être "dans la place"
Dans le vacarme, il était difficilement possible de se faire une idée des opinions de chacun, et le perceptible manque d’entrain peut aussi être dû à la déception du parfum présenté.
Malgré ces précisions, je n’en démordrai pas, il y avait réellement quelque chose de gênant ce soir là mais peut-être étais-je la seule à le ressentir ainsi...

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par Newyorker, le 12 novembre 2013 à 13:14

Bonjour Emeline,
 

Je viens enfin de capter qu’on se connaissait ! Mais je ne t’ai pas vu lors de cette soirée. Je suis content de lire ton avis, qui est en accord total avec ce que j’ai pu ressentir également. Ambiance hipster et bobo la malice, créatures improbables, minets venant se montrer, snobisme etc. Ca, de toute manière, je m’y attendais. Mais je pensais qu’on parlerait un peu plus du parfum en revanche. Ce ne fut pas le cas. Alors parlons en ici. Personnellement, je trouve cette nouvelle création absolument affligeante. Seule la tête, avec sa verdeur, me semble digne d’intérêt. Et après, ça se gatte, ça se sucre, en fait je me rends compte que j’ai même pas envie d’en parler. Je suis venu, j’ai senti et on est tous parti prendre un verre ailleurs. La parfumerie de niche est en train de se vautrer dans la médiocrité, l’alimentaire et le sucre, 15 ans après le mainstream. Et je vois de plus en plus de jeunes étudiants en parfumerie qui ne jurent plus que par la niche actuelle, qui devient pour eux une sorte de référence, alors qu’ils connaissent peu les grands classiques, et seulement dans leurs versions reformulées. C’est vraiment dommage.
Ci dessous un extrait du texte de présentation de la marque issue de son site internet :
 

"Une parfumerie d’angle aux frontières de l’indécence et de l’insubordination olfactive. Ici à grands coups d’existentialisme et d’irrévérences nous parfumons autrement les apatrides, les contrebandiers, les sang-mêlés et tous les désenchantés énigmatiques qui ont perdu âme et sillage à trop suivre une parfumerie massive et financière".
Ouh là là, attention, hein, c’est que ce sont de sacrés rebelles !

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par Newyorker, le 12 novembre 2013 à 15:45

Le problème maintenant, c’est que le concept prend le pas sur le jus et ses qualités intrinsèques...Comme dans le mainstream. C’est le concept qui excitait tout ce petit monde, le parfum passait au second plan, on l’a bien vu. Il en va de même pour les dernières créations de l’Artisan Parfumeur...

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par Jicky, le 12 novembre 2013 à 16:59

Je me refuse de défendre les dernières créations de L’Artisan Parfumeur mais je m’oppose à l’idée que les jus soient bâclés ou si peu réussis au point de les associer à cette Fin du Monde (que je n’ai pas sentie non plus, donc que je ne juge pas pour le moment, même si je fais une totale confiance au nez des gens qui l’ont sentie). Les derniers Artisan ne sont "pas très beaux" mais néanmoins ils sont aboutis, aussi bien dans la forme que dans le fond, ce qui n’a pas l’air le cas du dernier ELO, qui une fois de plus se cache derrière les grands discours au nom du fun (quel fun ?? Désolé mais associer Dr Folamour à du popcorn, je pense que ça ne fait rire qu’eux...)., au détriment du parfum. Ce qui s’annonce comme dommage, après des réussites olfactives foudroyantes comme Like This, Fils de Dieu ou Bijou Romantique...

 

Mais pour l’instant je ne l’ai pas senti, je ne préfère donc pas émettre de jugement définitif sur la question. En revanche les propos d’Emeline sont à mes yeux très intéressants et posent des mots très justes sur une certaine parfumerie. Je rebondis sur eux dans un prochain message.

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par tambourine, le 12 novembre 2013 à 18:23

hello à tous,

je n’ai pas à priori été emballée non plus par cette nouveauté, mais je ne l’ai pas testée assez attentivement sur peau, donc à revoir avant de porter un jugement définitif.
Autant j’approuve votre constat sur la niche actuelle : trop de marques opportunistes, trop de parfums qui ne valent pas mieux que le mainstream, bref de quoi déprimer sévère... Autant d’un autre coté on ne peut accuser ELO de se vautrer systématiquement dans le sucre ou de prendre le consommmateur pour un con.. Bijou Romantique, Fils de Dieu, Like This, Rossy, Putain des Palaces ou Rien pour ne citer qu’eux, présentent un réel intéret. Comme dans toutes marques il y a des réussites et des "loupés"... Bon. A suivre. En revanche je partage votre point de vue sur le fait que la niche évolue dans un sens qui me fait peur : trop de marques, trop de compositions moyennes qui valent à peine mieux que ce qui se vend chez Sephora, une qualité des matières premières qui laisse trop souvent à désirer etc... Bref la niche a l’air d’être un filon qui rapporte vu le nombre de gens opportunistes qui se jettent là dedans alors qu’ils n’y connaissent rien du tout.

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par Jicky, le 12 novembre 2013 à 18:24

Ma chère Emeline, si vous saviez ô combien les points que vous soulevez sont importants !

 

J’ai eu la chance, je considère cela comme de la chance quand même, de participer à de nombreux rendez vous parfumés à l’image de ce que j’imagine être cette soirée (je n’étais pas là ce soir là, j’avais plein d’examens le lendemain ^^ puis honnêtement, c’est loin de ma maison en métro et j’avais eu une semaine de crotte donc nom, je voulais pas de bruits ni de gens. Oui Opium, au***** si tu veux ^^). Et j’ai eu plusieurs déconvenues comme la votre. La première j’en ai parlé sur auparfum dans un long billet, c’était pour le lancement de Yuzu Man. J’avais 16 ans à l’époque, et je pensais qu’à un lancement de parfum, tous les gens invités étaient des passionnés impatients de discuter avec l’équipe ayant créé le parfum, découvrir ledit parfum et débattre encore et encore sur la création en question.

Tu parles, je suis tombé sur un truc de la fashion week ou sur deux heures j’ai seulement entendu "huuuum c’est frais" en ce qui concernait le parfum, le reste se réduisant à un dj douteux, des verres de champagnes tristement incolores et un défilé zoologique à rendre dingue le cardiologue de Brigitte Bardot.

 

Vous posez le problème, le parfum n’a finalement qu’une communauté passionnée plutôt restreinte. Et, c’est un peu nul, mais pour la plupart des parisiens, on se connait à peu près tous (pas les autres hélas, mais je peux vous dire qu’on pense à vous :D !). Néanmoins je fais encore de très belles rencontres à ces événements là de temps en temps, ne généralisons rien...

Le reste, j’ai remarqué que c’est une sorte de communauté branchée, qui, je n’en doute pas une seconde, est toujours habillée très in, et écoute de la musique top. Le parfum étant encore un peu underground dans l’underground (parce que la mode et la musique c’est trop mainstream), j’imagine que pour eux c’est du dernier chic de porter le dernier parfum d’une marque de niche, "tu dois pas connaître".

 

Et comme le précise Newyorker, c’est là que le concept se doit d’être canon. Parce que bon, Goutal, Hermès, Cartier et Frédéric Malle ont beau sortir les parfums les plus canons du marché, le concept bah c’est pas drôle quoi.

ELO est parfait pour ça, ils ont l’image transgressive, les noms provocateurs, une dynamique jeune. Bref, c’est hype quoi. Et ils ont plutôt bien réussis leur coup : une soirée de lancement ouverte à tous, pour bien buzzer dans le milieu branché.

 

Ce qui est regrettable, ce n’est pas tant qu’ils ne soient pas passionnés de parfum comme certains d’entre vous (oui, je ne m’inclue pas mouaaah ah ah), c’est normal, mais c’est plutôt une certaine pédanterie qui ne cache qu’une ignorance déplorable.

 

Un deuxième public : l’étudiant en parfumerie. On se dit, celui là, bingo, c’est un passionné, il est pour moi. Bien, je veux pas briser le mythe mais bon... il y a peu d’étudiants en parfumerie réellement passionné par le parfum. Une amie à l’ISIPCA dans le fameux master me disait que sur la vingtaine d’élèves, la moitié n’étaient pas si intéressés que ça. Et pour fréquenter certains jeunes de l’ESP, bah j’ai l’impression que pour certains c’est pareil. Sauf que j’imagine que c’est pas classe dans certains milieux de dire que sa fille est en master pour développer des filières bio de petit pois...

Le problème de l’étudiant en parfumerie, c’est que lui il est étudiant en parfumerie, et pas toi.

 

Et l’enjeu majeur, vous le citez Emeline, ce sont les mots. Et c’est là, selon moi, qu’est la différence.

 

Que ce soit le branché, l’étudiant, le marketeux ou la modeuse perdue, la différence se fait sur les mots. Il ne faut pas avoir peur de ne pas savoir reconnaitre l’anthranilathe de méthyle ou de confondre l’acétate d’isotrucbiduchyle avec le méthylbinouchol. Car ce sont un peu des trucs de singes savants à leurs niveaux. Il faut savoir que nommer une odeur est quelque chose de très significatif, de très symbolique. Et il y a un très grand monde entre l’odeur réelle, l’odeur sentie et l’odeur nommée. Il y a donc différentes manières de nommer une odeur, et il faut admettre que l’industrie et le marketing l’a plutôt bien compris, ou du moins l’applique bien, sans forcément en avoir une totale conscience.

C’est que si vous sentez par exemple une molécule qui s’appelle (*cherche dans sa tête*).... tiens, ambrinol ! Si vous sentez de l’ambrinol (quoique mon exemple n’est pas forcément parfait, puisque c’est une matière choc, qui provoque forcément la réaction, mais tant pis), et que je vous dis que c’est de l’ambrinol, ok c’est tant mieux. C’est le nom. Mais si je vous dis ambre gris, là tout de suite, il y a un imaginaire qui se créé (comparaison de sensations, analogie avec duu véritable ambre gris, etc). Et mieux, si je dis "piscine, bave, salinité, terre, boue, haleine", là on est toujours dans les mots autour de l’odeur. Et l’imaginaire est beaucoup plus parlant.

 

J’ai remarqué qu’hormis quelques tics de langage, qui sont en fait des adjectifs du milieux, les parfumeurs ne dissertaient pas tant que ça sur les noms des molécules parfumées, mais beaucoup plus sur les comportements de l’odeur. Décrire l’odeur, que ce soit avec des adjectifs compliqués (salycilés, aldéhydés, caloné...), ou purement émotionnels/sensoriels (odeur chaude, odeur ronde, aigues, humide, sèche...) avec toute la gamme de nuances que proposent la langue française.

 

 

En attendant, il ne faut pas complexer sur ça à notre niveau. Car au delà de la nomination de l’odeur (j’aimerais beaucoup qu’un philologue ou même un philosophe nominaliste se penche sur les noms de molécules dans le milieu de la parfumerie... genre pourquoi l’hédione s’appelle l’hédione ? pourquoi beaucoup de muscs ont des noms d’épopées SF ? pourquoi est ce que les notes vertes ont toujours des noms moches ?), il faut savoir que le passionné de parfum a une exigeance que n’ont pas beaucoup de personnes, notamment grâce à une connaissance de base des grands classiques de la parfumerie (que ne connait ni le branché ni certains étudiants... I know that ;) ), et permet d’apprécier un parfum pleinement, tantôt en faisant abstraction du marketing, tantôt en le prenant en compte. Tantôt en jonglant sur le parfum et son inspiration, tantôt en essayant juste de voir sa position dans le marché actuel.

 

Ainsi, certains jus de ELO sont vraiment inintéressants par rapport à leur concept (genre le Don’t Get me wrong baby i don’t swallow niveau le muguet de fragonnard, et ce n’est pas un compliment), d’autres sont vraiment top (Rien, Like This, et plusieurs autres !), d’autres encore font débat (Sécrétions Magnifiques notamment, mais aussi le Fils de Dieu récemment).

Bref, ce que je peux dire en conclusion c’est synthétiser les problématiques soulevées aujourd’hui :

- la place du parfum dans l’imaginaire social : quelque chose d’underground, où la marque "niche" prévaut sur le parfum en lui même. Où quand le concept délaisse la créativité (pourrait-on dire "quand on prend les gens pour des cons" ?)

- parler du parfum : le passionné de parfum est-il légitime pour parler du parfum ? Grande question que celle là. Beaucoup de professionnels pensent que non. J’ai envie de dire bitch please quand je vois le niveau de certains... (#prunol)

- dégradation du niveau de la niche : le concept dépasse le parfum et l’exigeance qu’on attend d’une création en niche disparait en même temps qu’on nous promet le graal. Plus de modestie ?

 

 

C’est une discussion très intéressante. Il faudrait que j’aille sentir le ELO en question. Je vous tiens au courant. En attendant, je fais une totale confiance aux nez qui l’ont senti... (surtout que l’écho a l’air d’être sensiblement le même pour tout le monde : une petite tête verte carotte iris sympa mais qui se patatraffe au bout de 20min).

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par CuirFélidé, le 12 novembre 2013 à 20:56

Jicky, merci de ce long et intéressant message. Il fait, lui aussi, écho à mes diverses interrogations survenues depuis cet évènement.
J’apprécie l’idée que vous pensez à moi de temps en temps ^^
Bon, mes interventions resteront toujours assez rares je pense et il est tout à fait normal que vous formiez un bloc solide.
Bien qu’il soit question d’Etat Libre d’Orange, il se déroulait pendant la même soirée le lancement des Eaux Sanguines de Philippe Di Meo.
Ce fut pire.
Un vigil posté devant une salle parisienne du Metro Temple donnait le ton : Soirée Privée. Il fallait justifier de notre présence avant de s’engouffrer dans une salle dépouillée et plongée dans le noir avec des spots rouges et quelques bougies posées par terre en guise d’éclairage. J’apprécie pourtant ce genre d’atmosphère casi mystique, encore faut-il que je sois seule.
Là, je ne voyais absolument pas les raisons de cette mise en scène pour sentir trois parfums si ce n’est pour épater la galerie branchouille qui avait d’ailleurs fait le déplacement. Du monde, il y en avait.
Le son était tonitruant et résonnait dans les pauvres murs de pierres. Au moins, au 69 rue des Archives, il était encore possible de s’entendre parler car je peinais à m’exprimer aux quelques rares personnes avenantes. Nous hurlions pour nous comprendre.
Impossible de parler à Philippe Di Méo de ses créations, il semblait plus disponible ailleurs. Et quand bien même il aurait été possible d’entamer une discussion constructive et enthousiaste, ce bruit infernal aurait empêché tout dialogue fructueux.
Je me suis sentie encore plus mal, oppressée et même angoissée.
Finalement l’armoire à glace de l’entrée était plus mille fois plus agréable que la faune branchée venue réchauffer leur longue nuit d’hiver.
Je suis rentrée dépitée avec l’impression d’être à côté de la plaque et complètement out.
Pourtant les jus étaient intéressants, bien plus que la Fin du Monde, mais ce m’as-tu-vu et cette sensation d’être là pour gonfler les rangs des adeptes m’a une fois de plus dérangée.
Ce soir là, je me suis posée des questions notamment sur ma place au sein de cet engrenage. Passionnée, surement mais est-ce suffisant ?

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par AdRem, le 12 novembre 2013 à 21:45

Merci de partager le "n’importe quoi et presque rien" de ces 2 " événements" (trop fort et positif ce terme semble t il.....disons si vous le voulez bien "machins trucs" ?) : au moins aucun regret d’avoir été occupé ailleurs...sauf peut être pour une armoire à glace sympathique ( toujours sympa...voir utile....d’avoir 1 costaud ou 2 dans sa liste d’amis) ^^
Franchement ELO avait déjà été affligeant avec la communication autour de "Philippine Houseboy", devenu moins trash et plus vendable avec le nom de " FILS DE DIEU DU RIZ ET DES AGRUMES" , mais au moins le jus de Ralf Schwieger restait une création parfumée digne d’intérêt....Avec cette fin du monde c’est à vous entendre la fin des haricots...d’hommage et dommageable de voir la com prendre le dessus chez une marque qui a été "courageuse" dans ses choix olfactifs avec plusieurs parfums dignes et "à ne pas oublier" (la liste que donne Jicky est une bonne liste)....Je vais aller respirer tout ça dès demain cependant...pour ne pas automatiquement jeté le "bébé" ( le parfum) avec "l’eau du bain" (la com)...mais sans grand enthousiasme ayant confiance dans vos jugements...

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par CuirFélidé, le 12 novembre 2013 à 23:37

Vos examens ont donc eu un effet positif en vous évitant d’avoir à assister à ces deux évènements qui mettent sans dessus dessous ce que tout les passionnés tentent de former. Merci à vous de penser, comme vous le dites, à ceux qui n’ont pas accès à tout. Je pense par exemple à votre initiative qu’est l’Olfactorama. J’espère que vos avis et ceux des nombreux éloignés de Paris amortiront ce qui s’annoncent comme le début d’un phénomène de mode fulgurant et périssable.
Cependant, notre passion nous empêche t’elle d’être objectifs ? Notre position est-elle la bonne ? La Fin du Monde a t-il un intérêt que nous sommes incapables de comprendre ? Et si finalement c’est nous qui avons totalement faux ?
Peut-être un loupé comme le souligne Tambourine. D’ailleurs ma critique ne visait pas essentiellement le parfum même si je rejoins Newyorker sur la déception qu’il me procure.
C’est avant tout une vision de la parfumerie de niche qui se globalise.
Emeline

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par Patrice, le 13 novembre 2013 à 00:14

Ahahah... Emeline, vous me faites penser à Jicky, Opium et moi au mois d’août, dépités et en quasi dépression nerveuse autour d’une assiette de soupe aux nouilles dans un restaurant japonais de la rue Sainte Catherine en pensant à l’avenir de la parfumerie, et surtout son état actuel, les gens qui la composent et sont sensés faire "rêver" les consommateurs autant par le métier qu’ils exercent que par les produits qu’ils proposent.
 
Pendant deux mois, je n’ai cessé de me dire : "Non, ce n’est pas fait pour moi. Non, ce n’est pas fait pour moi".
 
Comme dirait une grande dame que j’admire et que tout le monde adore ici : "travailler en parfumerie quand on aime le parfum, ce serait un peu comme travailler dans un abattoir quand on aime les animaux". Cette phrase est tellement véridique qu’elle illustre parfaitement tout ce que j’ai vu jusqu’à aujourd’hui dans ce milieu. Et tout ce que vous dites ici, Emeline, rejoint cela. Mais tout n’est pas perdu ! Heureusement !

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par Farnesiano, le 12 novembre 2013 à 21:10

Ces étudiants à l’ISIPCA, peu passionnés, me font penser à ces innombrables élèves qui s’inscrivent au conservatoire simplement parce qu’ils " aiment bien " la musique ou simplement LEUR instrument. Pour bien les connaître, je sais qu’ils écoutent peu les chaînes classiques, qu’ils achètent peu de disques et qu’ils ne vont au concert que sur les conseils ou insistances de leurs maîtres... Bien aimer ne suffit pas : c’est la passion doit guider, et la soif de connaissances autant que l’amour des belles choses.
Je m’en vais de ce pas retester mes quelques échantillons d’ELO. Entre ( ), ELO c’est pour moi, avant toute chose, le nom d’un groupe pop anglais qui connut de grands succès fin des années 70 : Electric Light Orchestra !

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par AdRem, le 12 novembre 2013 à 21:50

D’accord avec toi...la musique d’ELO était sympatoche...pas réécouter depuis très très longtemps :)

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par Farnesiano, le 12 novembre 2013 à 23:21

Entretemps, AdRem, j’ai ressenti les ELO que Jicky défend à juste titre : Like This est une merveille (pour ceux qui comme moi aiment l’immortelle) que j’ai retrouvée avec un réel plaisir : ah, les belles notes sèches de ce fond qui me rappelle les étés de mon enfance.... ; Fils de Dieu ne ressemble qu’à lui et c’est une qualité ; sur mon poignet ce soir, la violette un peu cuirée de Putain des Palaces se superpose au cuir bien rude et cinglant de Peau d’Espagne, senti cet après-midi, qui forcément prend le dessus... mais très bizarrement, c’est Bijou Romantique qui m’a le plus conquis, j’en deviens accroc depuis une heure. Quelle bonne et belle vanille, doucement orientale et coquine juste ce qu’il faut !
- PS : merci, AdRem, t’as visé juste : Patoche fut mon surnom au collège et comme j’ai été enfant de choeur quelque temps, on m’avait baptisé saint-Patoche ! :-)

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par Patrice, le 13 novembre 2013 à 00:06

Effectivement, ce constat se fait dans beaucoup de domaines, et surtout les domaines artistiques, parfumerie incluse.
Les références classiques ne sont pas toujours connues, ce qui est regrettable, mais je crois que le pire est le manque d’intérêt, de motivation et de curiosité pour le domaine.

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