Avec Les Épures de parfum, Cartier met la nature en flacon
par Anne-Sophie Hojlo, le 20 avril 2020
Le parfumeur maison Mathilde Laurent livre son interprétation du kumquat, du muguet et du magnolia dans une nouvelle gamme exclusive qui « restitue la fraîcheur spontanée et l’impression de vie ».
Après Les Heures de parfum et Les Heures voyageuses, Cartier lance une collection de « haute joaillerie de nature ». Les Épures de parfum ont été imaginées afin de « mettre l’odeur fragile de la vie en flacon pour offrir le plaisir originel de sentir la nature ».
Ce nouveau trio s’adresse à « celles et ceux qui sont en quête de beauté olfactive simple plutôt que sophistiquée », selon le joaillier. Pour composer ces « parures irrésistibles », Mathilde Laurent s’est frottée au kumquat (appelé kinkan en japonais), au magnolia et au muguet.
« Du jus à fleur de peau rien qu’à le sentir » : Pur Kinkan a été pensé comme « la plus pure expression d’un hespéridé ».
Pur Muguet est présenté comme « une vision contemporaine de ce soliflore historique », caractérisée par un « réalisme inédit et poussé à l’extrême ».
« Perlé de fraîcheur, gorgé de brillance, Pur Magnolia met à l’honneur la fleur printanière « pour une fois, sans romance, comme sur l’arbre ».
Les Épures sont proposées dans un nouveau flacon qui devient aussi celui des Heures et des Heures voyageuses, habillé respectivement de plantes, de chiffres romains ou de moucharabieh.
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Eaux de parfum 270 euros / 75 ml
Disponibles le 1er mai
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Premières impressions
Ce triptyque à la beauté brute remplit le contrat de l’hyper-réalisme, disséquant chaque ingrédient de façon presque chirurgicale pour le restituer à la manière des écorchés des planches d’anatomie. Avec Pur Kinkan, le kumquat se fait zeste, écorce, pulpe, jus, mais aussi feuille et branche grâce à des notes végétales et boisées qui habillent le thème hespéridé. Pur Muguet matérialise le brin tout entier, vert, croquant, tendre et aqueux. Quant à Pur Magnolia, il décline tous les aspects de la fleur entre facettes citrus, crémeux solaire et nuances de pêche et de poire pour illustrer ses pétales charnus.
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par Nez inexpert, le 20 juillet 2022 à 17:02
Le muguet : splendide, frappant de réalisme, le revers de la médaille étant une ténue tenue qui, à ce prix, fait réfléchir. Pour gaspiller mon pognon en bidules éphémères j’ai déjà les impôts, merci. Je continuerai donc à préférer Brindille de Galimard et Eau fraîche muguet de Rocher.
Le magnolia me déroute en n’évoquant pas la divine fleur de Magnolia grandiflora si fraîche, propre et hespéridée. Peut-être est-il inspiré d’une autre espèce. Cette absence de référence participe à me le rendre un peu foutraque, artificiel et synthétique (pas les "ingrédients", juste l’impression).
Le kinkan est hespéridé et pétillant. Pas un coup de drefou mais à approfondir.
Il existe aussi Pure rose : une rose puissante et moelleuse.
A 3,6 €/ml, quand même, ce quidam-ci hésite à se faire plumer pour agrandir la piscine des actionnaires de Richemont.
par Petrichor, le 11 juillet 2022 à 14:24
Comme Farnésiano, je classe le "Pur muguet" dans mes préférés. Mais ce n’est pas celui que j’ai pu tester le plus.
Mon classement de ceux qui m’ont plu est "Pur muguet" > "Pur kinkan" > "Pur magnolia" & "Pur rose".
"Pur muguet", sur touche, m’a rappelé tout ce que j’aime dans le Diorissimo vintage.
Je pense à des facettes qui sont pour moi des gages de qualités : une note très belle de rose, un socle "foin, narcisse" pour enraciner la verticalité de la note muguet. On retrouve aussi des notes neigeuses pour enrober la note muguet, mais dans un registre d’ingrédient plus moderne : des notes plus radieuses et plus fusantes.
Il faudra que je teste comment il ressort sur peau, sur tissu, et sur la durée -la performance, quoi-. Le prix est un frein, aussi.
("Muguet porcelaine" était bien au tout début, puis se disloquait. Le Dusita, "Cavatina", se cassait vite la figure aussi, sur moi, même s’il conservait une cohérence et une originalité, une sorte de facette de sève de pin qu’on retrouve dans plusieurs dusita.)
"Pur kinkan" m’a plu.
Il m’a fait pensé à "Pamplelune" (même auteure, chez Guerlain) que j’aime déjà beaucoup. Mais c’est un autre registre d’agrume, avec de l’intensité. A l’inverse de ce que fait la parfumerie avec l’écorce d’orange, qui sent l’épluchure et quelque chose d’éteint, ici les notes d’agrumes orangée sont vives, riches et symphoniques. Là aussi, il faudra que je teste mieux.
(Dans mon souvenir, seul "Les nuits d’Hadrien" de Goutal avaient ces notes orangées-là, mais avec des notes alimentaires vertes rigolotes).
"Pur magnolia", ce n’est pas celui que j’aime le plus, même si j’ai racheté un flacon d’occasion.
Sur moi, ce sont les notes clivantes qui ressortent. Je suis un peu rebuté par l’odeur aigrelette de gant en latex de la tubéreuse. (L’edp actuelle de Diorissimo fait ça aussi). Il y a un côté un peu farineux et patatesque de jenesaisquoi (un peu comme dans "Bois farine"). Et le magnolia n’est pas ce que j’arrive à faire ressortir avec le plus d’intensité (j’aime pourtant énormément cet extrait naturel). Mais "Pur magnolia" restitue un effet pourpré et caressant que la plupart des autres parfums aux feuilles et fleur de magnolia chinois n’ont pas.
D’ordinaire je revends mes erreurs d’achat, pour continuer à financer ma passion. Mais là je pense garder le flacon, car le coffret et le flacon me procure un vrai plaisir esthétique -même remarque sur les miniatures de 15ml-. Comparer aux anciens coffrets de la collection "les heures", le coffret rouge des "épures" est plus petit et élégant, le rouge a un effet verni, et un dessin en façade, légèrement holographique.
"Pur rose" souffre de la comparaison avec "V l’heure rosée".
Dans les deux, Mathilde Laurent semble avoir travaillé un rose otto avec des facettes naturelle de poire. Dans mon imaginaire, j’associe cette note aux roses blanches (?) Je mets la suite de mon avis sous l’article de "V L’heure rosée".
par Farnesiano, le 7 juillet 2022 à 08:44
Échantillon de Pur Muguet.
Je remercie ici Adina76 qui m’a permis d’avoir accès à ce parfum magnifique ou plus exactement à retrouver en plein cœur de l’été un bouquet d’authentiques brins de muguet printanier.
Une splendeur, le muguet à l’état " pur ", encore humide de rosée. Rien à voir à les parfums dits au muguet, et Dieu sait si je les aime (ma mère me les a appris :-)) Non, ici c’est toute la fragilité, et paradoxalement, la force de ces petites clochettes qui nous sont restituées. Bravo à Mathilde Laurent pour ce rendu, à ma connaissance, sans équivalent. Un vrai cadeau, non pas du ciel, mais de la terre, du jardin !
par Petrichor, le 24 avril 2020 à 17:29
Moi j’y crois :)
Toutes les bonnes narrations commence par la suspension de l’incrédulité. On accepte le fait qu’on nous raconte une histoire, et l’immersion commence. Je m’étonne que beaucoup de passionnés ici partent d’un a priori négatif.
Donc j’irais les tester. (Et pas forcément les acheter). Pour l’instant je peux juste en dire que les photographies sont très belle, et que j’aime le libellé de presse passe bien. J’attends particulièrement "Pur Kinkan", car les nez qui maîtrisent les hespéridés sont très rares, et depuis "Pamplelune" "Flora Nerolia" "L’heure fougueuse" je sais que je peux faire confiance à Mathilde Laurent.
Le magnolia et le muguet seront aussi des tests ardus, puisqu’on peut tout de suite faire la comparaison avec pleins d’autres. Personnellement avec Elena chez Hermès, j’avais trouvé "Muguet porcelaine" beaucoup trop proche de Diorissimo, avec un petit côté synthétique dans le fond. J’espère que Cartier saura se démarquer.
Bref, j’ai hâte
par Melu, le 24 avril 2020 à 16:37
hors de question de me faire avoir cette fois ! Je ne l’achèterais pas.
par Defender Shotgun , le 21 avril 2020 à 11:46
Un magnolia transparent qui évoque la Haute Joaillerie et les soi-disant "parures irrésistibles", franchement mais quelle plaisanterie ! Malheureusement le consommateur d’aujourd’hui ne se souvient plus ou plutôt n’a jamais connu un parfum qui véritablement sublimait la haute joaillerie, Parure de Guerlain (injustement discontinué depuis des années). Je rêve d’un nouveau Parure, pas d’un énième muguet frais !
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par Adina76, le 21 avril 2020 à 15:40
Bonjour Helianthe, bonjour à tous,
Puisque nous en sommes à exprimer nos attentes, moi, j’aurais aimé une réelle mobilisation des maisons de parfums et un lobbying auprès des instances bruxelloises. Si seulement on remettait en cause les exigences absurdes concernant les seuils toujours plus restrictifs quant à la concentration ou l’utilisation de certains composants des parfums au nom de la santé publique. Voilà mon rêve... et alors Parure nous serait rendu. Quantité de jus massacrés par les reformulations retrouveraient leur superbe. Mais bon, ça c’était avant que d’obscurs experts venus de pays dépourvus de toute culture du parfum ne s’attellent à l’entreprise de démolition que l’on connaît, qui plus est avec la bénédiction des grands groupes qui y ont trouvé leur intérêt puisque leurs coûts de production ont ainsi baissé. Je ne sais pas ce que les dernières exigences vont encore créer comme dégâts mais je crains le pire. Cela dit, concernant les dernières créations de Cartier, je suis curieuse de les connaître même si le prix est délirant. Une fois de plus hélas...
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par Helianthe, le 24 avril 2020 à 12:40
Bonjour Adina,
Ce sont les géants de l’industrie chimique suisse qui ne font même pas partis de l’Union européenne qui s’auto-régulent et font du lobbying à Bruxelles. Givaudan, Quest, Firmenich sont des groupes qui pèsent plusieurs milliards. Il y a des intérêts gigantesques à défendre et même si occasionnellement on interdit des molécules synthétiques (probablement cancérigènes mais ils ne feront pas de communication là-dessus, les dossiers secrets de ces entreprises doivent être aussi révoltants que ceux de Dupont de Nemours aux États-Unis avec le scandale du téflon), ce sont les matières premières naturelles qu’ils attaquent depuis une vingtaine d’années.
L’Europe est aux mains des grands groupes industriels, il y aurait plus de lobbyistes à Bruxelles qu’il y en a à Washington ! Personnellement je suis bien heureuse pour les britanniques qu’ils soient sortis de cette Europe là et puis il suffit de voir qu’à la moindre crise grave, il n’y a pas d’Europe. On ferme toutes frontières et les riches pays nordiques rechignent à mutualiser la dette, l’euro n’est pas une vraie monnaie comme le dollar et l’Europe ne sera jamais un pays nation comme les États-Unis.
Quant aux maisons de parfums, elles appartiennent pour la grande majorité à des grands groupes, en l’occurrence Guerlain c’est LVMH. Tout repose sur une stratégie commerciale basée sur la maximisation des profits. Allez au stand Dior (LVMH) du Printemps Haussmann et Galeries Lafayette à Paris, les testeurs classiques sont cachés dans les tiroirs. Faudrait pas que ça jure avec les jus rose pâle et rose bonbon des mille déclinaisons de Miss Dior et de la Collection Privée !
Aucune chance que Parure revienne. Guerlain se sont spécialisés dans les parfums éditons limitées pour la riche clientèle internationale (Le Bouquet de la Mariée, Le Bouquet de la Reine, Le Plus Beau Jour de ma Vie etc.). Je les ai rapidement testés, en gros du fruité floral rose pâle ou rose bonbon sur une overdose de muscs blancs "en voulez-vous en voilà" à 800 euros le flacon. Voilà ce que c’est Guerlain en 2020. C’est vrai que Mitsouko et L’Heure Bleue ont bien été remaniés mais ça va pas plus loin. Parure ne reviendra pas ou alors sous une forme réactualisée, c’est à dire un jus rose pâle ou rose bonbon très épuré, javelisé dans un joli flacon quadrilobe édition limitée à 800 euros.
par Petrichor, le 24 avril 2020 à 17:41
Parure de Guerlain est génial, mais il ne m’évoque pas la joaillerie.
Et si on se replace à l’époque, il ressortait peu dans la gamme Guerlain, à cause des autre chypres : Mitsouko, Nahéma, et leur pendant masculin, Derby. C’est avec le temps qu’on regrette sa rose, sa prune, son accord oeillet, son patchouli très mousse, très chypre. (arg)
C’est le n°18 qui colle le mieux à un brief de "joaillerie", même si peu de gens connaisse l’histoire. Le n°18 fait référence au numéro de rue de la joaillerie Chanel, place Vendôme. La composition, tout en transparence de rose naturel, en fraîcheur d’alcool de poire (ambrette), et qui se réchauffe sur la peau, correspond bien aux diamants. Eux aussi sont transparents, brillants, et un peu froids quand on s’en pare *, avant qu’on les réchauffe de notre propre chaleur.
* L’appareil principal pour détecter les vrais diamants mesure ça, d’ailleurs. La conduction des diamants est plus grande que pour les imitations
par Farnesiano, le 21 avril 2020 à 08:24
Les termes sophistiqués de « haute joaillerie de nature » et de « parures irrésistibles » contrastent furieusement avec ceux de « fraîcheur spontanée et impression de vie » pour offrir le plaisir originel de sentir la nature... Que ne dit-on pas pour accrocher le chaland ! Il n’empêche, très intrigué par ce muguet, je suis avide de pouvoir sentir un jour ces créations (dont les flacons hésitent entre ceux, étroits, des Heures et ceux, un tantinet plus épais, de chez Hermès.) En affichant de tels prix, Dame Nature ne semble réservée qu’à une clientèle familière de la haute joaillerie...
par Nez inexpert, le 21 avril 2020 à 05:38
Je vénère Laurent mais son muguet, je l’attends au tournant, sachant que l’un des plus plaisants, celui d’Yves Rocher, est à 20 c/ml.
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Est-ce que le muguet a été reformulé ? Je l’ai testé ce week-end, absolument aucune tenue, au niveau projection il se passe rien non plus, faut se coller le nez sur la peau. J’étais avec une copine qui a trouvé que c’était frais mais un peu fade et comme moi, elle sentait rien sur elle. Quant au flacon, je rejoins l’avis de la YouTubeuse de La Gazette Beauté - je l’adore, elle est dans le coup, elle se prend pas la tête - , il fait hyper vieillot ce flacon, on peut pas dire que ce soit une réussite. Le côté rétro pourtant ça peut être sympa, les flacons de Buly 1803 sont adorables mais les Épures de Cartier c’est pas génial.
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