Bon, ce qui est bien, c’est que tu as repris la plupart des éléments que je voulais aborder dans mon intervention, mais ce n’est pas grave. Ihih ! :)

Je suis moi aussi très contente que Christine Nagel vienne poser ses valises chez Hermès. D’une certaine manière, ça me comprime un peu le coeur, parce que ce que j’aimais avec ce parfumeur, c’est qu’elle était libre, globalement assez inventive même en grand public où elle a tout de même réussi à placer quelques belles perles (qui n’ont pas toutes marché certes), et très centrée sur les émotions et les sensations. Ce qui rendait ses créations toujours intéressantes à décortiquer. J’aimais le fait que l’on puisse la retrouver en niche et en grand public, et je dois avouer que j’ai peur qu’elle contorsionne un peu son style pour l’adapter à Hermès. J’ai peur d’être moins surprise dorénavant. Mais je me trompe sûrement, car comme le disait Youggo, il va être très intéressant de voir comment le style de la maison va réussir à prendre un nouveau souffle et un nouveau visage.

En fait, j’ai vraiment hâte de sentir la suite, pour être rassurée. Mais je pense que globalement, c’est une très bonne chose qu’une femme prenne la tête de la direction artistique chez Hermès (pas tout de suite d’accord hein, mais en collaboration en tout cas dans les premiers temps), car la maison, avec le temps et les années Ellena s’est un peu trop tournée vers une forme de retenue et d’austérité qui peine, parfois, à la rendre sympathique et accueillante, malgré l’extrême politesse et correction du personnel. La maison a sûrement besoin de lâcher un peu ses cheveux, de dévoiler un peu plus de peau et de se parer d’atours plus féminins et plus ouvertement séducteurs. (Tout en restant très "Hermès" bien sûr.)

Bref, c’est stratégique, et c’est assez finement mené je pense de la part de la direction. Sans vouloir rabaisser ou dévaluer la sensibilité de Céline Ellena, il me semble tout de même que sa patte et son univers manque de forme distincte et reconnaissable et n’a pas su évoluer et s’exprimer clairement en dehors des contours dessinés par son père. Un manque de caractère peut-être ?
Olivia Giacobetti, malgré tout l’amour que je peux porter à son talent et son univers, n’aura probablement pas été à sa place non plus, bien que pour ma part, je l’aurais sentie tout à fait capable de proposer une belle continuité autant qu’une belle évolution. Le problème se situe plus pour moi dans le fait qu’Olivia Giacobetti est trop sauvage pour ce type de poste. Trop discrète, trop attachée à sa liberté et son "anonymat" (car finalement on la voit TRÈS peu).
Autrement, je crois que j’aurais bien vu Daniela Andrier chez Hermès. Même si son style est aujourd’hui très associé à Prada, je pense qu’elle aurait vraiment pu proposer, elle aussi, une évolution intéressante.