Auparfum

Dior se lance dans la « haute parfumerie »

14 mai 2013, 22:26, par Opium

Bonsoir Mado33, Newyorker et Jicky.

 

Je me permets d’apporter une tentative de réponse ici car elle risque d’être "opiumesque"... ^^
A propos de ce que devient Dior depuis de trop nombreuses années, je ne reviendrai pas sur ce qui a déjà été brillamment dit auparavant par mes camarades.

 

Lorsque Jeanne a rédigé son dossier à propos de "l’obscurantisme" en parfumerie, j’ai, personnellement, été assailli par des voix qui hurlaient "Dior, Dior, Dior !" tant cette marque est, comme l’ont explicité mes camarades, devenue le symbole de la mystification en parfumerie.
Newyorker a tout à rait raison de relever l’exaspération que l’on peut ressentir face à l’Orient tartiné à toutes les sauces. Qui a déjà rencontré des thaïlandais(es), des coréen(ne)s, des chinois(es), des japonais(es) ou même des arabes, des indiens et bien d’autres encore, sait qu’il y a autant d’uniformité dans les traits caractéristiques de ces personnes qu’entre des français(es), des italien(ne)s, des espagnol(e)s, portugais(es), suédois(es), islandais(es), américain(e)s et tant d’autres ici aussi.
Bref. Autant inviter au voyage à (relativement) moindres frais en sus, donc, de cette sensualité et séduction tartinées à tout va !
Et, s’il n’y avait que ce motif de mécontentement... Bref.
Sur ces différents points, je crois que nous sommes bien d’accord...

 

Mais, Mado33 posait une question initialement, je vais tâcher d’y répondre au mieux, même si Dior, aujourd’hui, c’est le mal !
Revenons-en, donc, aux parfums de la gamme "exclusive"...

 

Dior, cela peut être le Bien...
- Bois d’Argent : Conçu sous la direction artistique de Slimane, il reste l’un des meilleurs de cette gamme. Un iris ambré-baumé (et bien plus encore) profond ou un ambre-baumé irisé (et toujours bien plus). Peu importe. Assez sublime pour tout avouer (malgré la reformulation qui l’a un peu simplifié...) !
- Eau Noire : Datant de la même période, donc, avec une vraie vision artistique à ce moment-là, le trait de génie pour créer cette potion obscure a été de mêler immortelle et lavande qui partagent toutes deux des facettes réglissées. Probablement la meilleure orchestration et la plus maîtrisée de cette matière multi-facettée et, donc, très difficile à maîtriser, qu’est l’immortelle. C’est complexe et en même temps simple, différent et évident. En somme, c’est "Beau" ! A ne pas mettre entre toutes les mains, tou(te)s ne sont pas fait(e)s pour avaler des philtres ensorcelés... [Oui, bien entendu, il y a Sables, mais, Sables, ce n’est pas une orchestration autour de l’immortelle comme me le dirait Jicky, c’est "DE L’immortelle", du début à la fin. Et, c’est insupportable pour certain(e)s, ou magnifique pour d’autres (dont moi) tant cela convie auX voyageS...]
- Mitzah : Un oriental prototypique, proche d’à peu près tous les orientaux au monde, pas d’une originalité folle, mais, fort bien conçu. Je lui trouve une parenté avec l’Absolue pour le Soir de Francis Kurkdjian, miel, encens et baumes. Mais, Mitzah est bien moins bestiale que l’Absolue, on est chez Dior et l’on se doit de rester bien élevé. Joli, mais, fonctionnant moins que d’autres, ce parfum est en cours de discontinuation semble-t-il...
- Leather Oud : Pas fin ni subtil, exploitant la tendance du oud lors de sa première invasion ; inspirera, car il fonctionne bien, une suite à Ispahan. Mais, ce cuir oudé reste une référence de brutalité dans un gant de cuir et de velours. Superbe. Violent. Addictif.
- Patchouli Impérial : Oui, il y a Coromandel qu’il a fallu, encore, aller pomper. Oui, le nom est pompeux. En plus, il est moins noble cet "impérial" que le Chanel, moins harmonieux, plus rêche. Mais, les patchoulis ambrés, ce sont un peu toutes les signatures chez Dior, alors, il aurait été dommage de passer à côté, cela aurait été idiot. Si ce Patchouli Impérial est moins couture et moins onctueux que Coromandel, avoir ajouté une note animalisée permet d’obtenir un patchouli évolutif, original, un peu bestial et cassant, un peu friable presque... Il semble parfois manquer d’harmonie, les notes paraissent disjointes, les notes animales ne fusionnant pas totalement avec l’ambre et le patchouli. Mais, cet accord, même si un peu de guingois et brinquebalant est ce qui est, justement, intéressant.

 

Dior, cela peut être Moyen...
- New Look 1947 : Oh, un floral vaguement fruité bien lisse je trouve pour une tubéreuse qui devrait être "exlosive"... Dior a déjà sa tubéreuse explosive. Elle s’appelle Poison... Inutile d’en rajouter davantage !
- Le Vétiver : Des débuts accrocheurs, une note d’arachide typique d’un vétiver pas trop obscur mais pas trop lumineux non plus. Il est juste dommage que le tout se termine dans un final prévisible et monotone de bois ambrés banals et peu élégants me souffle à l’oreillette Jicky. Ne devait pas fonctionner assez, est, également, en cours de discontinuation.
- Granville : Un bel aromatique amer et vert hespéridé très masculin et old school dans l’esprit. Un air de la fougère "papounesque" (de papounet quand ce n’est pas de papi) Blenheim Bouquet. Joli mais un peu monolithique et peu facetté en comparaison du parfum Penhaligon’s... Toutefois, reste à tester pour les amateurs de parfums ultra classiques 60-70’s comme Paco Rabanne Pour Homme.
- Cologne Royale (rien que ça...) : Pas laide. Même plutôt jolie. Mais, la formule, simple, est accessible aux étudiants tout débutants en première année de parfumerie et facile à créer pour un rendu frais et au plaisir maximal sans avoir besoin de tergiverser durant des heures autour d’une balance de pesée. Il suffit de suivre la "recette". Comme dirait un habitué ici : "C’est dur de rater une Cologne"... La messe est dite. ^^ Quitte à dépenser des sous, autant choisir quelque chose de plus original et rare peut-être... Bref.
- Ambre Nuit : Annonce de l’ambre mais se révèle être, surtout, un boisé aromatique bien moins signé que Ambre Sultan même s’il vogue sur la même vague des ambrés résineux boisés aromatiques et épicés trendys mais pas trop.

 

Dior, cela peut être le Mal...
Milly-La-Forêt : Toujours plus sympa comme intitulé que "Ris-Orangis" ou "Nogent-Le-Rotrou", plus évocateur et plus juste par rapport au passé de la marque, logique et cohérent en somme. Mais, Oh, encore un floral - fruité lissé photoshopé. Tellement original... Comme c’est étonnant !
- Oud Ispahan : Oh, une rose qui cogne un peu, posée sur un gros matelas de bons bois-qui-piquent piqués au lingot 1 Million. Parfois, cela me plaît. Là, la rose est laide, le rendu simpliste, le parfum peu seyant.
- Grand Bal : Oh, encore une déclinaison florale (masquée) d’un jasmin vague de J’adore...
- Gris Montaigne : Oh, un nouveau type de déclinaison, après les internalisations de formules et les copies de la concurrence, voici les déclinaisons de parfums internes de la collection vitrine à la plus "exclusive". Voici Midnight Poison, à peine une touche de fruits rouges de moins pour accompagner la rose boisée en transparence, et pas vilaine du tout soi-dit en passant, ils ne feraient pas assez "sérieux" pour un "Gris", surtout à "Montaigne". Là, je dis stoooooOOopPP !

 

Parmi les falsifications et mystifications, il y a à jeter, mais, à prendre aussi. Parfois même trouve-t-on de très jolies choses...
Voilà pour ma loooongue intervention.
En espérant, comme chaque fois, être utile. ;-)
Bonne soirée à vous tou(e)s et à vous Mado.
A bientôt.
Opium

 

PS : A propos de M. Demachy, je me suis amusé à tenter de compter tous les lancements qu’il doit, au moins, superviser depuis quelques mois => (Dior en collections régulière et plus "exclusive" mais aussi Acqua di Parma, Givenchy, Kenzo). En 18 mois, plus de 30 lancements, en fait, entre éditions limitées, flankers, déclinaisons et lancements, il doit gérer avec plus de 2 sorties par mois... Ça fait pas mal pour "un seul homme" (même s’il doit, lui, avoir des nuits bien courtes pour assurer ce marathon de lancements)... ^^

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