Je serai carrément moins polémique.

Il faut noter qu’Ellena provoqué aujourd’hui un rejet de plus en plus prégnant, ce qui paraît normal avec un parfumeur au style si personnel et si reconnaissable. Donc il porte l’étiquette "parfum Ellena" avec tout ce que ça implique ===> épure, écriture précise, souhaits olfactifs particuliers. Avec en plus l’esthétique Hermès "qualité et distinction avant tout" et son imagerie plus "intellectuelle" (la pub est très bien MAIS avec une grosse nouveauté ==> une madame toute nue Oo)

Evidemment Ellena nous ressert les chers thèmes à son cœur : transparence du style et abstraction de l’odeur. Cette phase, on la retrouve surtout en tête avec une brassée florale pour le coup assez déjà vue, notamment dans L’Heure Diaphane de Cartier (qui est de loin l’Heure la moins intéressante de la gamme). On a les effets floraux humides chers à Ellena, que l’on peut retrouver à la limite dans In Love Again, mais dans un registre beaucoup plus abstrait et dont le propos semble seulement servir à amener la suite. Pour le coup, on retrouve selon moi le rôle des "notes de têtes" : un travail de composition dont l’evanescence ne sert pas qu’à faire ouvrir le tiroir caisse, mais à amener un propos.

Ensuite dans une évolution assez subtile, on voit les fleurs se disperser et dévoiler le projet dont on entendait parler depuis le journal d’un parfumeur : la poire ! Tout à l’heure j’ai découvert Jour tout d’abord sur la femme de Youggo (une belle naïade à la peau douce ;) ) et c’était ces notes là. J’ai tout de suite penser au Mimosa d’Annick Goutal.

C’est tout de même un nouvel Ellena dans le travail des notes, je trouve ça super intéressant. On retrouve la rondeur de la figue de Méditerranée avec la fleur un peu acide de la Mousson. Et cette note de poire pêche assez craquante et très fraîche qui dure et rayonne. C’est très optimiste comme message, j’aime beaucoup cette partie là. Mais c’est aussi déjà vu.

L’évolution sur peau continue sur cette idée de poire, qui va se fondre dans des muscs cotonneux et une abstraction florale relativement charnelle. Ça fait très "petite jeune fille fraîche" (sûrement la mièvrerie évoquée par Patrice, et il a raison).

Il faut savoir qu’Ellena joue gros. C’est un Grand Féminin !! Après le succès immense de Terre, le mec a la pression. D’autant plus que les Hermessences, il en a bien fait le tour. L’ambre des merveilles pue l’ennui et le cahier des charges. La saga Kelly est un échec, les Jardins s’épuisent et Ellena voit ses plus créatifs (Gentiane, Mousson...) se solder par des "échecs" commerciaux.

Sachant qu’ils ne sortent pas un féminin de cette envergure tous les 6 du mois, on peut se demander si ce n’est pas son dernier avant que l’artiste ne prenne une retraite bien méritée ? Comment quitter Hermès ? Cette si belle aventure Ellena-Hermès surmédiatisée...

Opium a fait une réflexion très intéressante avec Miss Poivrebleu tout à l’heure : ce parfum sent la peur en quelque sorte.

Nos ancêtres gaulois craignaient que le Soleil ne se lève plus une fois la nuit venue. Cette espérance d’aube, de lumière - finalement très à contre courant de tout ce qui se fait actuellement - pourrait illustrer une certaine crainte face au marché si "noir, klaaaass, luxueux, sombre, mystérieux, sensuel...". L’optimisme n’est pas tendance.

Jour d’Hermès sent l’optimisme. Cela ne fait pas forcément de lui un parfum optimiste.