Auparfum

Guerlain Homme

24 octobre 2012, 17:19, par tiffy

"Il faut laisser sa chance au produit" : c’est suivant cet adage que je me suis lancé dans un deuxième essai de Guerlain Homme. Et aussi parce que non, ce n’est pas possible, un mauvais Guerlain ça ne peut pas exister. C’est forcément moi qui n’ai pas compris le parfum. Donc, deuxième chance. On se vide la tête de tout préjugé, on oublie tous les commentaires et on repart à zéro.

On a donc un nom : Guerlain Homme. Ca commence mal... L’Heure Bleue, Shalimar, Habit Rouge, Jardins de Bagatelle, ça m’évoque plein de choses mais Guerlain Homme, non. Sauf qu’il doit s’agir d’un parfum masculin :). Ou alors, derrière ce nom simple, Guerlain entend-il communiquer sa vision de l’homme ? Genre "L’homme vu par Guerlain" ? Auquel cas ce parfum se voudrait la pierre fondatrice d’une nouvelle ère Guerlain ? A voir... continuons la redécouverte.

On a ensuite un flacon : carossé par Pininfarina, beau comme une Cadillac chromée, moderne, anguleux. Guerlain veut donc nous parler d’un homme moderne, amateur d’automobile, de sports mécaniques ? Peut-être...

On a aussi un spot publicitaire : des animaux de pays exotiques et chauds, dont un homme, qui viennent se rafraîchir dans une mare. Guerlain veut donc nous parler d’un homme aventureux, sauvage ? Pourquoi pas...

Et enfin vient le parfum lui-même : il a déjà été largement décrit ici, donc je ne vais pas y revenir. Au coeur, un accord mojito qui en lui-même est plutôt intéressant et une petite touche mentholée assez courante dans les parfums masculins. L’homme Guerlain serait donc amateur de cocktails rafraîchissants ? Soit.

Et nous touchons là à ce qui est pour moi le principal problème de ce parfum : comme le souligne fort à propos Jeanne Doré dans sa conclusion : "D’après Lucas Turin, le principal problème de la parfumerie aujourd’hui serait le manque total de direction artistique. Et si Guerlain était la meilleure illustration de la parfumerie française d’aujourd’hui ?"
C’est exactement ça le problème : on a l’impression que quelqu’un a fait un brief dans lequel cette personne a listé toutes les caractéristiques qu’elle prête à l’homme d’aujourd’hui :
- Amateur d’automobile
- Viril
- Moderne
- Sportif
- Aventurier
- Aimant boire des cocktails avec ses copains

Et à partir de là, on prend Pininfarina qui nous carosse le flacon comme une voiture, un réalisateur qui nous fait un spot avec des animaux exotiques et un parfum qui évoque le rhum (boisson préférée des baroudeurs, c’est bien connu) et les coktails associés. Chacun de ces éléments, indépendemment des autres, n’est pas mauvais, mais l’ensemble n’a aucune cohérence. Où est la direction artistique ?

Maintenant, si l’on se penche uniquement sur le parfum, le principal reproche que je peux lui faire est le manque total de tenue. Mais l’idée de base est plutôt intéressante.

On a donc droit maintenant à 3 flankers (quelle horreur. Je n’aurais jamais cru un jour devoir associer le mot flanker à Guerlain). Mais il faudra s’y faire...
3 flankers donc, qui chacun à sa manière fait mieux que l’original. Ce qui n’est certes pas très difficile !

l’Eau : renforce le côté frais de ce parfum et d’une meilleure tenue, même si celle-ci reste assez limitée. Néanmoins un parfum d’été agréable. De plus, le flacon est cette fois-ci en harmonie avec le parfum.

L’Eau Boisée : qui porte bien son nom. On retrouve toujours l’accord mojito de l’original, mais cette fois-ci soutenu par des notes boisées, assez typiques de certains parfums masculins et donc malheureusement pas très originales. Au final, un parfum très policé. Pas désagréable, mais trop commun à mon goût.

Et pour finir, la version intense : c’est celle-ci que je préfère. L’accord mojito de l’original est mieux mis en valeur et surtout, il a une très bonne tenue. C’est lui qui aurait dû être l’original.

Au final nous avons donc 4 parfums, dont la qualité (avis évidemment purement personnel et subjectif) va de très bon à passable, sans malheureusement jamais prétendre à l’excellence que nous pouvons légitimement attendre d’un Guerlain.
Mais il faut relativiser : au moins deux des versions se comparent favorablement à beaucoup d’autres parfums du même segment.

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