Auparfum

Mito

20 septembre 2012, 20:20, par Opium

Bonjour à toutes et à tous.
 
Se poser à l’ombre de quelques arbres et entendre s’écouler, derrière le feuillage verdoyant, une rivière, allongé à même la pelouse, au calme.
Avant de m’attaquer, sérieusement, dans quelques temps, au rayon des friandises industrielles concoctées avec force et vigueur en cette rentrée, je m’offre un moment de douceur ici durant la promenade dans ce jardin fantasmé en flacon qu’est Mito.
D’abord, parlons de tout, sauf de la fragrance.
En cette période de sorties épileptiques, convulsives et frénétiques de toutes parts, attendre plusieurs années avant de sortir une "nouveauté", après quelques premières sorties, est un acte si rare et étonnant qu’il en est louable.
Enfin, quand trois parfums seulement ont été jusque-là édités (dans deux concentrations chacun [extrait et eau de parfum] ), mais, que ce sont chacun dans leur genre, trois "tueries totales", on est un peu fébrile en attendant la suite... (J’avoue une préférence pour Onda en Extrait [Ça claque, ça fouette, ça dégage, ça swingue !] et Rubj en EdP [La tubéreuse sous psychotropes sous les Tropiques ou à Bali, nue sur le sable, la peau suante de s’être tant exposée au soleil, sentant la sueur cuminée... *se lèche les lèvres*] #Aaaaaaaahhhhhhh !!!! *on inspire, on expire, on compte jusqu’à sept et on pense à l’ondoiement des vagues pour reprendre contrôle*)
 
Comme Jicky, je n’ai senti Mito que sur touche. Il va me falloir passer au stade "sur peau" dès que possible. Malgré tout, je ne peux me retenir de laisser mes premières impressions.
Diantre, sur un simple bout de papier, c’que c’est beau !
Allez, pas de teasing durant cent lignes : A mon très humble avis, c’est, avec SALA, l’une des deux très rares et magnifiques et meilleures sorties de cette année.
Mito fait partie de ces rares perles qui réconcilient avec la parfumerie et nous permettent de nous rappeler pourquoi on s’enfile tant de choses "indigestes" dans le nez. Dans l’espoir de tomber, par hasard, sur un bijou comme celui-ci.
Il offre un moment presque magique de voyage, de transport, d’émotion, une vibration émouvante... Entre une impression de familiarité imprécise pour laquelle on se dit : "Il me rappelle quelque chose, quelqu’un, un moment, mais quoi ?" et une terre nouvelle qu’on défriche avec plaisir.
 
En découvrant Mito, j’ai senti un jet de zestes et de jus de citrons ultras frais et réalistes, rendus plus cinglants par du galbanum et ses sensations "Géant Vert" et bambous enfoncés au démonte-pneu dans les narines. Mais, ici, le galbanum se fait plutôt rond et harmonieux. Jeanne y voit du blanc et du vert ; j’y ajouterai un jaune lumineux, comme un éclat de soleil.
Le citron surréaliste, amer et naturel qui pique les narines et la pointe de la langue se fait bonbon acidulé au citron qu’on vous sert, parfois, dans certains restaurants en fin de repas (Thierry™). Mais, cet effet "bonbon jaune acidulé sucré au citron dans son emballage torsadé argent métallisé" ne fait en rien "cheap" ; oh, non ! Il rend "fun", plaisant, rieur, un moment que l’on n’aurait pas pensé tel. Citron Citron de Miller Harris laisse le même type d’impressions : Entre fruit ultra naturel vivifiant et citron de friandise pétillant. Mais, la suite est beaucoup plus complexe dans la création de Vero Kern.
Un bouquet floral, ou, plutôt, un parterre entier de fleurs blanches, pour partie détrempées, et tout son jardin même, émergent : herbes, pelouse, terre, plantes, tout y est. La promenade se fait, pour moi, tout autant visuelle, presque tactile, qu’olfactive.
 
Azemour Les Orangers était un bel exemple, il y a tout juste un an, d’hommage à ces eaux fraîches d’agrumes transparents mais avec de la tessiture en fond de toile par un effet chypré approfondissant le champ de vision. 
Vero Kern nous offre un chypre comme on n’en n’avait pas senti depuis un bon moment. Donc, un parfum qui se tient assez droit, épaules hautes et buste fier. Mais, un "vrai" chypre, donc, sans les facilités sucraillonnes (encore elles décidément ! ) qui prévalent depuis dix ans.
Madame Vero Kern, qui est une grande dame qui parle avec des mots simples de parfums gigantesques, et non l’inverse, comme le font beaucoup d’autres (qui usent de mots pompeux pour décrire trop souvent la médiocrité), a créé un parfum qui, s’il a un fort joli port de tête, ne se la prend pas trop au sérieux justement.
Mito ne sombre pas dans une certaine tristesse nostalgique automnale qui sied à nombre de chypres, beaux par leur mélancolie, quand la lumière, encore présente, brille sur les feuilles roussies, mais que les ombres glaçantes se font de plus en plus obscures et fréquentes.
Ici, point trop d’automne. Mito a, pour moi, la fraîcheur printanière d’une journée ensoleillée ou celle d’une fin d’après-midi estival(e) ; ce parfum en a leur joie, leur bonheur, leur lumière et leur éclat. D’ailleurs, en le sentant, ma réaction a été étonnante : J’ai éclaté de rire, de plaisir.
C’est un vrai chypre de par son naturel et sa profondeur. Mais, sérieux et austérité, souvent usuels dans ce modèle, font place à un caractère rayonnant et enjoué. Ainsi, comme l’écrit Jeanne, Mito concilie "calme" et "énergie".
La promenade dans les jardins des hespérides feuillus impressionnistes de Y, Diorella et Cristalle se fait sous la lumière souriante et joyeuse des pêchers de Mitsouko (où l’on pourrait bien être tenté de commettre quelques péchés... ^^).
 
Mito, à la fois beau et évident, n’est pas simplement la démonstration que la parfumerie est un Art (parfois). Ce n’est pas juste, non plus, magnifiquement composé ; ce qui serait déjà pas si mal. C’est un parfum facile à approcher ; je l’imagine, par avance, confortable à porter en "conditions réelles". Mais, surtout, c’est un parfum qui me fait me souvenir pourquoi j’aime tant le parfum. Parce que c’est le plus beau de tous les voyages.
Mito, comme SALA, mériterait, lui aussi, cinq étoiles tant la promenade dans ce jardin que je ne connais pas est un cadeau. Alors, de ma part, que quatre étoiles constellent cette belle journée rieuse ici sur auparfum...
Merci Madame Vero Kern !
 
On pourrait croire que je m’emballe, que je m’emporte dans mon emphase, que j’en fais trop. Alors, juste un conseil : Découvrez-le absolument ! Vous verrez / sentirez comme ce jardin pourrait devenir lui-même un mythe.
A bientôt.
Opium

Signaler un abus

Vous devez être connecté pour signaler un abus.

à la une

La Paris Perfume Week revient pour sa deuxième édition, du 20 au 23 mars 2025 !

La Paris Perfume Week revient pour sa deuxième édition, du 20 au 23 mars 2025 !

Après une première édition réunissant passionnés et professionnels du monde entier, la Paris Perfume Week revient du 20 au 23 mars 2025. Dans son sillage, se dessine une programmation inspirée et foisonnante.

en ce moment

il y a 54 minutes

Et j’ai en effet le temps d’un flacon "le parfum de Thérèse". Outre son prix totalement exorbitif,(…)

il y a 1 heure

J’ai des ’absences" un peu longues mais grand merci à Adina78 qui m’a permis de me replonger dans(…)

il y a 1 heure

Un grand merci pour ces nouvelles informations Adina78. Miss Dior a été un des premiers dans ma(…)

Dernières critiques

Last Season - Meo Fusciuni

Le nez dans la terre

Philtre - Hiram Green

Décoction enchanteresse

Avec le soutien de nos grands partenaires