Eau Mohéli

Bonsoir Farnesiano.
Vous lire, Farnesiano, me réconforterait presque avec la parfumerie opportuniste actuelle. Les collections opportunistes de nombreuses marques sont déjà présentes, comme vous le rappelez, depuis des années. Les "Récoltes" de Givenchy, non, mais giga-LOL : on croit rêver. Ce qui m’énerve le plus dans ce cas, ce n’est pas tant que l’on prenne les gens pour des imbéciles, c’est (comme le dirait une bloggeuse bleutée qui intervient souvent ici) le fait que l’on gâche probablement de jolies matières pour des rendus aussi médiocres. Seul avantage : j’imagine que cela offre des emplois à certain(e)s et pour cela, et uniquement pour cela, tant mieux.

Nous avons discuté ailleurs du cas Goutal, mais, il est vrai que l’on peut s’interroger sur l’intérêt du lancement d’une nouvelle collection de trois parfums (puis d’une nouveauté masculine) qui encombrent les linéaires de la marque alors même que celle-ci vient de libérer de la place ! Surtout que, comme vous le soulignez, les sorties, si elles sont jolies, ne sont pas non plus intéressantes. Et puis, fallait-il une 72ème version d’Hadrien même si c’est leur best-seller ?
Il semble que seul le Néroli tire son épingle du jeu. Mais, un seul été vient de passer, il faudra davantage de temps avant de poser un avis définitif.

Comme vous, je préfère ces collections qui sont complétées année après année comme chez Cartier ou Chanel. Pour peu qu’elles le soient avec intelligence, une jolie intuition et, en fait, surtout avec talent. S’il s’agit juste de lancer la 317ème marque qui affichera : - une rose pas trop rosée parce qu’il fallait "faire une rose différente" ou, au contraire, une rose très rouge, gavée d’un géranium qui agrippe le nez de force violemment et de manière dissonnante ; - un vétiver juste racinaire ou pas trop racinaire car ça sentirait trop la terre et que c’est trop "dur" ; - un floral blanc humide délavé, en fait, un jasmin à peine plus joli que n’importe quelle huile essentielle trouvée dans un souk ; - un floral narcotique qui, en fait, est une tubéreuse avec ylang ou fleur d’oranger ; etc, si c’est pour faire une enième collection de ce type, alors que leurs auteurs (souvent en toute bonne foi) croient proposer quelque chose de "différent" (l’est meugnônne c’te naïveté), dans ce cas là, il vaut mieux, je crois, s’abstenir. Quoique, ça fait toujours des sous-sous dans la po-poche... ^^

Je préfère, à cela, une marque avec quelques références bien choisies. Le dernier exemple en date selon moi : Olfactive Studio qui a le flair de proposer des choses jolies en sortant des éternels archétypes floraux et boisés lambdas. Il y a un petit truc en plus, une douce créativité, une ingéniosité dans le choix des propositions qui sont à la fois accessibles, pas trop trop risquées tout en étant pas redondantes avec ce qui existe déjà mille fois, qui rend la gamme intéressante (un cuiré fruité entre rêche et doux, un boisé entre mine de crayon et forêt sudiste puis un musqué lacté irisé épicé (tous trois assez originaux) aux côtés d’un vétiver et d’un hespéridé plus traditionnels). La quadrature du cercle, ici, me paraît maîtrisée entre une rentabilité qui répond aux exigences financières et une créativité modérée et assez maline qui répond à celles du style exigé en niche.
Je dévie à propos de l’anecdote de ce fleuriste qui a choisi de ne distribuer que trois des Parfums de Rosine afin de ne pas disperser l’attention de ses client(e)s. Cela soulève la possible absence d’intérêt de gammes à rallonge dans lesquelles, au lieu de s’assurer d’offrir un choix judicieux à quelqu’un, on risque de le perdre. Ce fleuriste est malin. Les propriétaires de marques devraient peut-être s’en inspirer. ;-)
Merci encore pour votre commentaire.
Bonne soirée.
Opium