Auparfum

Tabac Blond

Opium

par Opium, le 4 octobre 2013

Bonjour Donald Bovy.
Je vais compléter la réponse de New-Yorker que je rejoins dans son intégralité.
Lorsque nous avons eu envie de rédiger à propos de Tabac Blond, une interrogation a rapidement été soulevée : si Le Tabac Blond est et reste une œuvre majeure par son innovation, qu’en était-il, selon nous, du Tabac Blond ?
Bien entendu, si on le compare avec sa version passée, la première réponse est une envie de hurler à la trahison. Puis, dans un second temps, les esprits moins échauffés, nous avons souhaité relever aussi les éléments positifs et souligner qu’il restait, malgré ses modifications, un parfum à découvrir.

 

Comme l’a souligné New-Yorker, lors d’une évaluation d’un parfum reformulé, il faut évaluer le présent par rapport au passé, le parfum dans son histoire, mais aussi l’objet actuel en comparaison de ce qui se fait au moment donné où cette évaluation est faite, juger, ou tenter de le faire, les seules qualités intrinsèques du parfum.
- Par rapport à sa prestigieuse histoire, et aux subtilités détectables qui le qualifiaient, difficile de ne pas constater des amoindrissements dans la "caronade" actuelle ajoutée. Aujourd’hui, le parfum paraît être une caricature grossière de ce qu’il a été (état parfaitement décrit par New-Yorker), les traits s’étant brutalement épaissis, comme un coup de vieux qui marquerait un visage brutalement, en quelques semaines à peine, alors que rien avait eu lieu durant des années où il était encore préservé.
Bien entendu les changements sont importants, au point que le parfum bascule d’une famille olfactive vers une autre, des cuirs vers les orientaux épicés ambrés : sacré grand écart !
Et, ce qui est encore plus étonnant, d’un parfum à la signature originale et rare, sans âge, vers quelque chose de plus banal, de plus commun mais, surtout, de plus daté, un objet marqué par le temps qui passe, plus "mémère" ou "pépère" en somme.
- Par rapport à ce qui se fait aujourd’hui, difficile de ne pas reconnaître un minimum d’intérêt à cette reformulation si on ne compare pas l’actuelle version aux vintage, mais ladite version avec ce qui est proposé actuellement. Et, là, l’indulgence pointe le bout de son nez vis à vis de ce "pâle reflet" (ou "version un peu empâtée" peut-être aussi). Cet ambré épicé épais, avec sa robe ancienne et ses quolifichets nous a semblé ne pas manquer de charme finalement.
Et puis, si on poursuit une comparaison avec ce qui se fait en termes de parfumerie, mais pas en effectuant une méta-analyse mais une micro-analyse, pas large mais plus détaillée, un exemple me vient à l’esprit. Beaucoup s’accordent à dire que Tabac Blond ressemble (beaucoup) à Cuir Mauresque. Ou plutôt l’inverse en fait. Or, le second est considéré comme une œuvre majeure, et de Serge Lutens et de la parfumerie. Difficile dans ce cas de dire que l’un est sublime et que l’autre est un navet (même si des différences peuvent apporter des nuances entre les deux).

 

Le plus difficile, en réalité, était de traiter le sujet le plus honnêtement possible, de la manière la plus juste possible ; cela en évitant l’écueil du snobisme, de nous couper de la plupart des lecteurs en vouant aux gémonies tout ce qui est contemporain. Nous avons été indulgents, c’est vrai. Mais, j’ai toujours envie de porter Tabac Blond parfois actuellement. Même s’il n’a pas l’intransigeance ni la singularité, loin de là, "Du" Tabac Blond (d’origine). (Probablement car je n’ai pas connu Le Tabac Blond lorsqu’il était le parfum novateur, au parti pris radical et grandiose qu’il a été auparavant ; et cela rend toujours plus indulgent, on ne se sent pas blessé personnellement dans sa propre histoire. Celles et ceux qui découvrent Opium aujourd’hui n’y sentent probablement pas juste la flotte que moi j’y trouve ni les dissonances, l’amertume âcre et les trous d’air laissés par l’eviscération que moi je détecte par rapport au passé. Tant mieux pour eux ! ^^)
Les cuirs vont être une catégorie de parfums particulièrement malmenée probablement prochainement : les matières qui les composent sont souvent un vrai problème réglementaire. Espérons qu’ils y survivent à peu près...
J’espère que nous avons répondu au mieux à votre interrogation.
Bonne journée.
Opium

 

PS : Knize Ten, que l’on peut aussi trouver à Paris dans la pharmacie qui est située juste à côté de la boutique Jovoy dans le premier arrondissement à Paris (Mais pour quel tarif, je ne sais plus...), vaut effectivement largement le détour pour qui veut un cuir, un vrai.

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