Tabac Blond

par Yohan Cervi (Newyorker), le 22 septembre 2013
Bonjour Donald,
Je reviens tardivement sur votre message. Alors, la version actuelle de Tabac Blond est-elle fidèle à la version d’origine ? Non. Tabac Blond est-il un mauvais parfum pour autant ? Non plus. En soi, Tabac Blond est un parfum intéressant, un ambre cuir qui ne ressemble finalement à aucun autre (en dehors de la filiation déjà évoquée avec le Cuir Mauresque)et qui ne traine pas une énorme note IBQ comme beaucoup de cuirs de la niche contemporaine (je ne parle pas du mainstream, le genre ayant quasiment disparu des rayons de Sephora). Tabac Blond synthétise assez bien la caronnade actuelle, très différente de la patte de Daltroff, qui consiste aujourd’hui essentiellement en l’ajout de notes épaisses, pour redonner un aspect "vintage" à un parfum qui ne l’est pas, et d’eugénol, très en vogue dans les créations des années 20/30, mais qui pourtant se sent moins dans les Caron vintages. Mais Tabac Blond n’est pas pour autant dissonant ou mal fichu et reste extrêmement confortable, laissant autour de lui un sillage chaleureux, élégant, et je dois dire assez grisant. Cette version actuelle est plus automnale qu’hivernale et m’évoque de belles boiseries, des vieux livres, une bibliothèque éclairée par un doux soleil d’octobre. Alors oui, je préfère évidemment Le Tabac Blond à Tabac Blond, mais ce dernier n’est pas dénué de qualités et d’intérêt. Quand on compare un parfum vintage à sa version reformulée, il faut, je pense, passer par deux types de raisonnements. Déjà, analyser la fidélité de la reformulation à la version d’origine, puis, analyser les qualités intrinsèques du nouveau parfum. Par exemple, l’actuelle version d’Opium est le fruit d’une piètre reformulation et je trouve le nouveau parfum franchement mauvais. A l’inverse, l’Air du Temps, sans son oeillet épicé, ne ressemble plus vraiment à l’Air du Temps, mais reste un beau floral blanc.
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