Qui est propre, qui est sale ?
par Iridescente, le 6 septembre 2019
Il y a aussi d’autres raisons, sans doute, dont un gros sentiment anti-révolutionnaire généralisé à l’époque où la monarchie absolue fut renversée en France par le « peuple » (on le sait, la Révolution était surtout une affaire bourgeoise, classe montante mécontente de ne pouvoir profiter des privilèges accordés aux aristocrates...), une populace qui faisait grand peur à l’étranger et surtout au Royaume-Uni, terrorisé à l’idée d’une contagion.
Je me demande, au passage, si l’on ne doit pas la propagation des clichés à la passion des aristocrates britanniques pour les voyages, et les récits de voyage qui s’ensuivaient. Gageons que quelques précieux se sont permis de mêler la xénophobie au mépris de classe lors de la découverte de populations autochtones, le noble en goguette s’encanaillant certainement plus qu’à la maison.
Mais surtout... Lorsque les soldats américains débarquèrent en France pour la Libération, ils arrivèrent dans un pays plus petit, plus pauvre et bien plus rural que le leur. Pour les Étasuniens accoutumés déjà aux gigantesques machines-outils opérants sur des terres immenses s’étendant jusqu’à des villes tentaculaires, même Paris avait un petit côté village. Les Britanniques avaient largement participé à l’effort de guerre, Londres était défigurée par les bombes, les citadins avaient crevé de faim ; les Français sortant de l’Occupation n’avaient pas très bonne mine pour la plupart. Les G.I. paradaient par les rues en triomphateurs bons enfants éclatant de santé, de la chewing gum et des bas de soie plein les poches, et les petites Françaises en étaient folles. Il s’est sans doute réellement cristallisé un mythe très sexiste à cette époque, où la Française, nécessairement parisienne, était une jolie petite chose excitante, alors que l’individu mâle de l’espèce était, au choix, un couard falot ou une brute puante mal dégrossie. On ne s’est pas vraiment sorti du cliché, d’ailleurs.
Et puis, bon. Les Américains sont obsédés par l’hygiène depuis les années 1960 au moins, ce que l’on doit en grande partie à l’essor de l’industrie cosmétique et de sa publicité. On devrait faire une sociologie du marché de la vente de cosmétiques par correspondance, tiens, en commençant par la marque Avon. Mais nous avons d’ores et déjà sur ce site d’intéressants commentaires sur les origines de Youth-Dew d’Estée Lauder ! Bref – la France est historiquement folle de parfums et moins portée à la désodorisation de... tout, à peu de choses près.
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