Auparfum

Jeux de Peau

Youggo

par Youggo, le 19 avril 2011

Si j’avais dû me contenter de mon premier avis la première fois que j’ai senti Serge Noire, je serais vraiment passé à côté de quelque chose. Pourtant, ma première impression a été un rejet total et catégorique, du dégout même pour moi qui découvrais tout juste le vaste monde de la parfumerie et étais habitué aux hespéridés frais. Ce parfum me semblait être une horreur totale, aux relents de transpiration et de terre brulée, totalement importable.
Seulement voilà, en rentrant chez moi je vide mes poches et jette la mouillette de Serge Noire à la poubelle. Le lendemain matin en entrant dans mon bureau je découvre une odeur chaude et envoutante, et après avoir cherché un moment je découvre qu’elle provient de ma corbeille à papier... révélation : il y a quelque chose qui me plait dans ce parfum.
Je l’ai ensuite testé et re-testé pendant des mois, motivé par les avis enthousiastes que j’avais pu lire à son sujet, pour lever le voile sur ce mystérieux parfum qui m’intriguait tant. Mais ces essais sur peau se sont tous soldés par un "oui, en effet il y a quelque chose de génial, un truc que j’adore et qui me fait y revenir, mais jamais je ne pourrais porter ça".
Puis un jour, échantillon en poche, je me décide de le porter sur moi toute une journée. Seconde révélation : je l’aime, il est fait pour moi, je le veux, là tout de suite !
Depuis Serge Noire est devenu mon parfum de tous les jours, mon préféré entre tous, celui qui me suivra pendant de nombreuses années je pense.

 
Donc si, il est primordial d’insister pour découvrir toutes les facettes d’un parfum. Un parfum ne peut se cerner à la première inspiration, un parfum ça s’apprivoise, comme un morceau de musique ou une oeuvre d’art. À côté de combien de groupes ou artistes serais-je passé si je n’avais pas fait l’effort de comprendre et intégrer leur univers ?
Et c’est justement là également que ce situe la différence entre les marques de niche et les lancements mainstream : Paco Rabanne et consort essayent de nous faire croire avec leurs jus directs, facile, homogènes et sans évolution, qu’un parfum doit nous plaire immédiatement, sans réfléchir, sans chercher à le comprendre. Tout comme certains artistes de variété en musique qui nous propose de la soupe consensuelle et facile à digérer, sans aucune prise de risque, message ou réflexion artistique derrière.
C’est la barrière entre une démarche commerciale (Bleu de Chanel/Justin Bieber) et une réelle démarche artistique (Tool/Serge Lutens).

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