Auparfum

Sables

Vivi Snow

par Vivi Snow, le 1er mai 2011

Bonjour à tous,

C’est ce que je préfère dans un parfum, c’est quand il me transporte dans un ailleurs proche ou lointain.
C’est quand il me raconte une histoire, l’histoire du soir avant de s’endormir, ou l’histoire sans cesse répétée, écoutée sans fin, apprise par coeur à force...
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C’est quand le parfum me rappelle à mes souvenirs brutalement ou non, quand il me prend en douceur par la main, ou m’enserre avec force le cou, s’accroche intensément aux cheveux de ma nuque...
C’est quand, d’une façon ou d’une autre, doucement, innocemment, ou brutalement avec force séductrice, voire même avec impudence qui me laisse du rose aux joues... quand d’une façon ou d’une autre il joue avec mes sens, il m’émeut, me donne des frissons, me noue la gorge ou me fait verser une larme.
Le parfum s’imprime dans ma peau et je m’abandonne aux évocations qu’il m’offre.

Trois parfums me font voyager au centre du Portugal en plein été pendant les grandes vacances : Fille en Aiguilles de Lulu, Sables d’AnniGou et Lys Méditerranée de Malle.

Filles en aiguilles (Primavera de Mariza), c’est le camping sous les pins à quelques pas de la côte atlantique, à Sao Pedro de Muel.
C’est la fraicheur des pins qui nous protégeaient des rayons dardants du soleil.
C’est ce pin chauffé par le soleil qui exsudait des odeurs de résines grisantes.
Il y avait toujours un contraste saisissant quand on se trouvait à l’ombre des pins puis qu’on passait par un chemin de lumière laissé par les rayons du soleil transperçant les aiguilles. En passant du soleil à l’ombre rafraichissante des pins, on en aurait presque eu des frissons, exactement comme si on nous avait glissé un glaçon dans le dos surchauffé par l’exposition au soleil.
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C’est ce contraste qui m’a fait faire un détour par mes 14 ans et un amour de vacances : Paolo, un portugais dont la peau était tannée par le soleil, boucles brunes soyeuses et fondantes (comme le chocolat noir pour les desserts, hum !) et, incroyable mais vrai, des yeux bleus comme le ciel et la mer réunis.
Paolo et son odeur de peau chaude de fruits confits et épicés. Paolo et son sourire enjôleur d’un jeune homme de 18 ans. Moi et ma candeur, ma peau blanche (même bronzée) et encore tout à apprendre...
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Il me pris doucement par la main et m’emmena sur le chemin de la plage par la pinède.
Main dans la main, on foulait les aiguilles qui recouvraient le sable. Par endroit, il y avait des restes de cendres de pin, traces anciennes de feux de pinède, comme un peu d’encens, messager du prix inestimable de la vie.
Il s’arrêta à un endroit sur le chemin à l’abris des regards, entre les buissons de baies et les pins plus que centenaires. Il m’enserra la taille avec force et douceur, son autre main, il la cala sur ma nuque avec fermeté, baissa son visage vers le mien et m’embrassa intensément. Le temps s’arrêta dans des volutes de pins, de fruits confits et d’encens... Mon Dieu, que d’émois ! Et une chaleur incroyable qui ravageait tout sur son passage sous la fraicheur intense des pins et de leur sève généreuse qui coulait dans des pots de terre cuite ! Pas encore vraiment femme, mais plus petite fille non plus, je m’affirmais et découvrais des sensations jusque là inconnues.

Sables (Ai Vida de Cristina Branco), c’est ce sourire enjôleur que Paolo me fit et ce regard pétillant qu’il posa sur moi pendant que je me remettais doucement de mes émotions. C’est ce goût à la fois vanillé et amer qui me restait en bouche. C’est la descente de la falaise qu’on fit ensemble pour rejoindre la plage. C’est cette sensation de légèreté grisante et cette persistance des émois.
C’est l’aridité de la descente. En même temps qu’on dévalait le chemin, fait de roches parsemée de nombreux fossiles et d’herbes épicées et desséchées s’accrochant tant bien que mal, la dureté et la sécheresse de la fin des vacances me prit au dépourvu. C’est avec le regard hébété, dérouté et embué que j’arrivais en bas sur le sable, me lovant un peu plus contre Paolo. Le soleil dardait ses rayons aveuglants et tannait nos peaux vanillées de douceur. Le vent iodé de l’Atlantique fouettait notre visage, plaquait nos cheveux sur le front et faisait virevolter ceux de la nuque. Nos lèvres avaient un goût savoureusement salé.
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L’immortelle a un goût de souvenir, de constance, de regrets et d’un nostalgique "toujours à toi" anciennement promis... Comme chanté dans ce fado "Ai Vida" : "Je suis une fleur étrange dans le vent, dans l’oubli de cette terre. Je suis un geste intense de mon âme..."

Lys Méditerranée (Chuva de Mariza), c’est l’arrivée sur cette plage, tous deux, avec des étoiles encore dans mes yeux. Des yeux qui pouvaient décelé le regard désirant de Paolo quand j’arborais un maillot blanc et argenté afin de profiter de nos jeux d’eau dans la fraicheur salé de l’océan Atlantique. C’est aussi cette crème solaire qu’on s’appliquait l’un l’autre avec pudeur. C’est ce trouble qui nous envahissait. Pour remettre nos idées en place, on se jetait à l’eau, tout en appréciant la fraicheur de l’océan et la douceur de nos peaux fleurant agréablement des fleurs délectables et sincères. C’est le souvenir de cette plage et de ces délicieuses sensations à jamais gravé dans ma mémoire, parfumée comme les plus beaux fados d’une pointe de nostalgie.
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Le lys symbolise la pureté des sentiments, la douceur, l’amour chaste et l’élégance. Eh oui ! Même si cette fleur possède un parfum des plus captivants, elle est respectée avec délicatesse et déférence.

Merci Opium, avec ton post à propos de Sables, j’étais à nouveau là-bas, et le reste a pu couler de source et s’écrire tout seul... ;-)
Où vivent nos souvenirs ? Dans nos parfums...
Sentez bon avec gratitude pour ces merveilleux souvenirs parfumés de nostalgie.

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