Auparfum

Chanel N°19

Vivi Snow

par Vivi Snow, le 19 février 2011

Voilà, j’ai essayé avec jubilation le petit échantillon de Chanel N°19 VINTAGE

Ayant eu peu de temps, je n’ai hésité que 30 secondes par respect pour le parfum et pour les années qu’il a traversées sans être modifié. Puis dans un élan frénétique j’ai mis un pschit sur un poignet et un derrière chaque oreille et je suis repartie, tambour battant, rejoindre un proche.

Les toutes premières notes de départ, qui n’ont duré que quelques secondes, m’ont tout de suite fait penser à un dissolvant doux pour les ongles. Je me suis dit : "attends et laisse venir". Et là, petit à petit, j’ai commencé à sourire, le départ vert démarrait en trombe, frais et légèrement piquant, métallique. Comme ce goût que laissait les anciennes fermetures éclair dans la bouche (celles attachées aux fameux KWAY des années 70-80). A ce moment là, je le trouve résolument masculin.
Assez rapidement ce vert "acide-citrique-métal-froid" laisse place à une note un peu plus douce et chaude, un peu comme lorsqu’on touche le dos de quelqu’un qui porte de la soie. La soie est douce et fraîche mais laisse deviner la chaleur de la peau qui vibre en dessous. je commence à reconnaître le jasmin, la rose, le vétiver et un peu la jacinthe (souvenir d’enfance quand à cette période-ci, la maison embaumait le parfum des jacinthes en pot). L’iris et le galbanum, je ne connais pas encore assez. Sur moi, au fur et à mesure que le temps passe, je sens surtout le vétiver, une note boisée, et encore une légère et douce note de savon à l’ancienne de luxe à la rose et au jasmin surtout. Et ce contraste intriguant et tellement attirant de chaud-froid, une verdeur chaude, comme si j’avais enfermé un superbe bouquet fraîchement cueilli du matin dans un sac de cuir souple, fin, patiné et odorant. A ce moment là, le N°19 devient androgyne, fin, élancé.

je suis partie rapidement après les toutes premières notes en prenant le volant. J’étais seule, tranquille, en train de combiner effluves, conduite agréable et musique adaptée au Chanel N°19. J’écoutais Aral de Catherine Lara. "Yoponomo" suivi de "Sea U Soon" correspondait tout-à-fait à ce que je vivais. Un départ piano à queue musique classique qui s’emballe et laisse place à un air joyeux, chaleureux, ethnique avec quelques accents électronique qui rendent les sons plus métalliques ; pour finir avec une douce berceuse classico-actuelle, en pizzicatos, merveilleux violon de Catherine Lara.

Je vivais un vrai moment euphorisant (tout en étant prudente au volant, je rassure). Je me sentais différente, conquérante, aventurière avec cette impression d’analyser la réalité avec un peu de hauteur, comme si je voyageais sur un tapis volant, avec une sorte de lucidité exacerbée. Mes paupières se plissaient de plaisir, un sourire énigmatique prenait forme sur mon visage, pendant que tout-à-coup j’ai senti un frisson partant du bas de mon dos et se terminant avec bonheur et intensité dans la nuque. C’est trèèès rare pour moi de ressentir ça avec un parfum. Sacré Chanelle ^^

Arrivée à mon rendez-vous, le parfum avait fondu avec ma peau, je ne le sentais plus que lorsque je remuais le cou. Encore joyeuse, du moment inimaginable que je venais de vivre, j’y suis allée franchement en faisant la bise à mon amie. Et là, l’improbable survient, pas de langue de bois entre nous, ça fait trop longtemps qu’on se connait... "Mais qu’est-ce que tu as mis ?" J’allais répondre, encore sur mon tapis volant, toute fière : "du Cha..." Pas le temps de partager mon plaisir, que je me suis prise une CLAQUE PHENOMENALE "Ca sent... Mmm (en frisant le nez)... lourd, capiteux, trop fort, vieux et pas vieux, un mélange ?". "C’est vraiment pas toi !". Le pire du pire, c’est lorsqu’elle m’a demandé gentiment de "nettoyer" mon parfum parce que ça l’incommodait. Ce fut un crève-coeur d’aller frotter les 2 malheureux pschits dans mon cou avec une lingette !

Et voilà, l’ascension euphorique avait été tellement haute que la chute a vraiment été rude.
Alors que j’avais l’impression que le Chanel N°19 vintage faisait corps avec ma peau, je me trompais lourdement (c’est le cas de le dire). Soit ma peau amplifie le côté musqué et cuiré, soit elle ne rend pas justice au 19 vintage, soit mon entourage a tellement l’habitude de sentir les parfums habituels (signature olfactive de moi-même) qu’il ne les dissocie plus de ma personne et ne m’imagine avec rien d’autre... ???

Conclusion, j’en profiterai seule de ce vintage pour m’enivrer jusqu’à la dernière goutte en secret, juste pour moi, égoïstement... Et retrouver cette délicieuse ivresse.

Tout compte fait, même s’il n’existe plus tel quel à ce jour, je suis heureuse et je me sens privilégiée, quelque part, d’avoir pu toucher un peu à ce trésor. Même si c’est la première et probablement dernière fois que je vis cette intensité avec 19 Vintage, je ne ressens aucune nostalgie. J’ai la chance d’emmagasiner un merveilleux souvenir impérissable.

Sentez bon avec mémoire ;-)

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