Habanita, La Cologne
par Farnesiano, le 24 novembre 2016
C’est toujours un grand bonheur, doublé ici d’une vraie surprise, que de recevoir dans sa boîte à lettres au retour du boulot le soir, une enveloppe bullée dont on devine le contenu : des échantillons. Et trois de surcroît ! Habanita edp, Nirmala edp et la tant attendue Habanita La Cologne que je ne pensais pas pouvoir sentir avant 2017 (prochain séjour à Paris). Et la soirée d’hier qui s’annonçait banale devint particulièrement excitante. Merci !!!
D’abord la joie immense de retrouver cette Habanita que je n’avais plus sentie depuis des lustres (aucun point de vente en Belgique depuis que la petite boutique Molinard de la rue de la Sirène à Liège a fermé, il y a 10 ans). Que de belles découvertes à l’époque : Habanita, Nirmala (dont la crème était tout bonnement divine), Molinard Homme numéro II (1996), et le si joli Bois Précieux (1995) hélas disparu. Il y a tout dans Habanita : caractère et sensualité, fièvre et douceur, audace et persuasion, force et sensualité, chaleur du jour et volupté nocturne... Parfum d’un autre temps mais d’une si grande audace, d’une telle richesse et à l’évolution si addictive qu’il a pour moi aujourd’hui la singularité d’un parfum de niche (tout comme un Soir de Paris, un Maroussia...) Et cet accord vanille/patchouli/vétiver en final ! Et cette rose que je ne me rappelle pas avoir sentie à l’époque... Un des plus grands " ambré-fleuri-boisé " assurément.
Avec Nirmala, on ne quitte pas le plaisir, la volupté mais on croit changer de continent tant est puissante la connotation exotique, fruits et fleurs à profusion baignant dans une vanille profonde, onctueuse, presque lactée. Un coulis de fruits tropicaux sur une glace qui fond au soleil et coule sur notre peau chauffée par l’été des vacances. Très, trop gourmand ? Assez culotté pour l’époque et selon moi, moins facile à porter par un homme que l’extraordinaire Habanita.
Quant à l’Habanita La Cologne qui nous occupe, arrivant un peu tard, je la trouve extrêmement séduisante : une Habanita plus jeune, fraîche, mais plutôt coquine (merveilleuses épices) et franchement conquérante ! De la personnalité, du caractère, mais surtout le charme, le charme d’un sourire qui sait à qui il s’adresse mais sans les paupières mi-closes de sa grande soeur à la voix ensorcelante et fatale de mezzo. Le départ est vif, dynamique, presque explosif mais pas réellement léger : on plonge vite dans les épices, les fruits, quelques fleurs et cette vanille si reconnaissable. Fond tenace et habité, sans lourdeur, sans graisse, sans colle. Une réussite.Je rejoins de nombreux avis dont celui d’Eolan Une Habanita moderne en somme, sans son halo somptueusement voluptueux, comme si l’Habanita originale avait été plongée un moment dans un parfum comme Paisley ou Marquetry d’Etro ou dans un bois qui borderait Séville à l’Aube. Du fort beau travail. Trois étoiles bien méritées.
Postés le 7 novembre et reçus le 23 , mes échantillons auront donc fait un beau et long voyage. Bien plus court cependant que celui qui m’a embarqué ce soir dans une longue et troublante rêverie... Et de repenser au sonnet de Baudelaire intitulé La Vie antérieure dont je recopie ici les deux tercets si évocateurs :
C’est là que j’ai vécu dans les voluptés calmes,
Au milieu de l’azur, des vagues, des splendeurs
Et des esclaves nus, tout imprégnés d’odeurs,
Qui me rafraîchissaient le front avec des palmes,
Et dont l’unique soin était d’approfondir
Le secret douloureux qui me faisait languir.
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