Tabac Tabou, volutes sacrées
par Emeline, le 1er novembre 2015
J’ai enfin pu le sentir hier, autant vous dire, c’est une pièce maitresse de plus dans la collection Parfum d’Empire.
Au départ, je n’étais pas sûre de ce que j’allais découvrir, quand votre nez et à moitié bouché vous douter légitimement de vos capacités d’analyse. J’ai d’ailleurs eu une surprise proche du canular en reniflant les premières émanations sur touche, c’était, croyez-moi sur parole, la boule de musc gras de For Her eau de toilette avant ses reformulations il y a 7 ou 8 ans. Heu…Gnéé ? J’ai beau aimer For Her, ce n’était pourtant pas ce que j’étais venue chercher. J’ai bien compris que mon rhume sur le chemin de la guérison était une des conséquences de ce résultat inattendu, je me suis donc méfier de mes perceptions, mais finalement, mon odorat n’avait pas complètement tort, je vous expliquerai cela.
Un test sur peau s’imposait donc, et c’est alors que j’ai enfin pu voir évoluer le parfum en le sentant ses effets d’abord sur ma peau, puis ensuite sur la touche, dont les aspects devenaient de plus en plus clairs, et ce fût magnifique.
Le travail de composition tient du numéro d’équilibriste. Tabac, Immortelle, facettes miel et brindilles sèches se répondent sans jamais contraindre la parole des autres. Certes, je ne suis pas vouée à être parfumeuse un jour et les exercices de proportion des composants me sont étrangers, je me garderai donc d’exposer des hypothèses quant à la technicité que représente ce parfum mais c’est un fait, les matières sont identifiables, et sont harmonieusement bien proportionnées. A la rigueur, le tabac aurait tendance, sur ma peau du moins, à prendre un peu moins de place au profit de l’immortelle qui conserve néanmoins une jolie sécheresse. C’est quelques dizaines de minutes plus tard que je repérai enfin le spectre que j’avais identifié malgré moi au tout début sur la touche. Je ne sais pas si le musc, le narcisse, ou un musc travaillé autour de l’idée, mais cette facette défini parfaitement l’adjectif « tabou ». Finalement, rien de comparable avec For Her, qui est un musc faussement ingénu, oscillant entre une légère saleté et une propreté lumineuse, mon nez m’a dupé tout simplement. Ce musc/narcisse de Tabac Tabou est fauve, chaud, et distille ça et là ces relents presque fécales qui jouent les trouble-fête, revenant puis se dissipant pour se cacher derrière ce que j’appelle le « miel d’immortelle ». Je ne sais pas vous, mais je n’en ai jamais assez d’être ainsi menée par le bout du nez.
J’avais secrètement espéré pouvoir dire de cette nouvelle mouture qu’elle était certes très bien réalisée mais qu’elle ne me correspondait pas, profitant ainsi de me défaire d’une éventuelle subjectivité. Ben non !
Je vous conseille donc chaleureusement d’aller vite découvrir Tabac Tabou, et si votre nez n’est qu’à moitié opérant, ce n’est pas si grave.
Emeline
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