Une élégance audacieuse pour la danse d’un acrobate
par MaximeJ, le 1er février 2015
Bonsoir !
Merci pour toutes vos propositions, je vous répondrai dès que j’aurai senti les parfums que vous avez cités.
Après quelques vadrouilles parisiennes pour aller découvrir plusieurs parfums (je suis un pur néophyte, je commence la véritable initiation de mon nez depuis seulement quelques semaines), je me dois d’apporter quelques variations à la première « en quête ».
J’étais en effet d’abord parti découvrir Orange and Lemon’s say the Bells of St. Clement. Avec un peu de hâte et sans doute d’idéalisation me voilà enfin à le sentir... et quelle déception. Tout de suite je suis resté de marbre, je l’ai trouvé froid, il ne m’a transporté nulle part si ce n’est vers le flacon. En effet son côté froid m’a donné l’impression que l’intérieur du flacon s’était liquéfié, que je sentais la condensation interne d’un flacon ayant contenu une citronnade gardée au réfrigérateur, mais dont le froid qui a tendance à annuler toute saveur avait justement sévi.
J’en ai profité pour découvrir le reste de la collection Heeley et à ma grande surprise le parfum qui m’a le plus parlé a été... Cardinal !
Cet encens m’a de suite convoqué devant une vieille malle au fond d’un grenier poussiéreux, ou encore un vieux grimoire à la couverture épaisse, retrouvé à même le sol, enseveli, mystérieux et par ainsi tentateur. Mais il y avait une petite chose qui m’empêchait d’apprécier pleinement Cardinal, que j’ai identifié après plusieurs jours. Cette image de vieille malle ou de vieux livre au sol... cette fragrance m’attire vers le bas, me fait courber (peut-être l’argument d’autorité du titre de Cardinal d’ailleurs).
Autant les hespéridés m’évoque le plaisir instantané d’une délectation, autant ce qui me séduit tant dans cette senteur d’encens c’est l’élévation. Je ressens particulièrement le parcours de la base matérielle de l’encens vers la volupté de sa fumée. Cette pénétrance de l’odeur qui parcourt mon nez de la base jusqu’aux sinus m’impulse à sentir intensément telle une bouffée qui cherche à imbiber l’esprit.
Je reprends donc mes recherches et une vendeuse me fait découvrir suite à mon récit Sancti de Liquides Imaginaires... Et là j’ai été très (très) séduit ! J’y ai trouvé une belle association de fraicheur à l’encens, qui, au contraire de Cardinal, m’emportait vers le haut, m’élevait par une pénétrance qui demande de l’effort pour traverser l’encens que j’associe à la matière plus basse, en combustion, aux notes volatiles aériennes. J’y ai trouvé une belle métaphore des Correspondances de Baudelaire :
« II est des parfums frais comme des chairs d’enfants,
Doux comme les hautbois, verts comme les prairies,
— Et d’autres, corrompus, riches et triomphants,
Ayant l’expansion des choses infinies,
Comme l’ambre, le musc, le benjoin et l’encens,
Qui chantent les transports de l’esprit et des sens. »
L’encens ne me rappelle pas l’Église précisément (que je n’ai jamais fréquenté), mais plus largement les salles sombres et solennelles dont vous percevez un dialogue vers une spiritualité, une inspiration qui insuffle le mouvement de l’esprit.
Tout ceci pour préciser que je découvre mon nez, et que si vous avez d’autres pistes proches de Sancti (le prix est peut-être lui aussi un peu trop spirituel haha) je suis tout ouïe.
Bon dimanche !
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