Quel parfum portez-vous ?

par Petrichor, le 8 juin 2023
Salut ! Je vous prie de m’excuser, à m’immiscer dans la conversation comme ça, et pour le pavé qui va suivre. Non, "Le temps des rêves" est bien différent du "Néroli" d’avant (l’EDT vintage, pas sa réapparition en cologne).
Il me semble bien moins concentré en néroli. Il n’est pas corsé de notes vertes, notamment la facette estragon (proche du basilique).
L’ancien "Néroli" dégage ce sillage vaporeux et orangé, trente minutes après son application sur les tissus, et pour toute la journée. Ce sillage est ce que je recherche dans les "bons" nérolis. C’est le type de test que je recommande avant d’acheter un parfum à la fleur d’oranger.
(Ex : "Acqua allegoria flora nerolia" de 2000 réussit ce test, et pas le récent "AA nerolia vetiver". Ce dernier arrive à me berner au tout début, mais se transforme vite en odeur de crème solaire -probablement par l’ajout de différents salicylates de synthèse-).
Malheureusement, je ne connais pas de remplacement au "Néroli" d’Annick Goutal.
Il n’y a guère que certaines colognes chyprées de haute qualité qui s’approchent de cet effet. (Vrai néroli, vrai absolu de fleur d’oranger, notes vertes). Je pense à "Azemour les orangers" de Parfum d’Empire.
"Le temps des rêves" a un défaut selon mon goût à moi.
Il s’agit d’une note citronnée et musc blanc très rémanente. (Et pourtant, cette même note me plaît dans "ManRose" d’Etro du même nez, elle prolonge joliment les extraits de rose, le poivre et le géranium par un effet de citronnelle).
Cette note me lasse, et m’empêche de rajouter du parfum durant la journée pour amplifier l’effet néroli.
Pas d’ambiguïté toutefois : "Le temps des rêves" est un parfum réussi, plus réussi que bien des parfums de niche coûteux qui nous refilent une qualité mainstream.
À ces prix-là, je veux tout sauf un accord fleur d’oranger régressif sur fond musqué cotonneux. (J’en veux encore à L’artisan parfumeur pour ses discontinuations de "Séville à l’aube", et du "Fleur d’oranger" d’Anne Flipo. "Histoire d’orangers" a pris leur place, et je le trouve banal. Ma rancœur ne m’aide pas à être objectif. On dit qu’il se vend bien, et il y a des parfums de Marie Salamagne que j’aime.)
Attention la marque Goutal a augmenté ses prix. Les EDT sont à 160€ les 100ml désormais.
Ça va faire plusieurs années que Amore pacific a racheté la maison Goutal. Or la marque ne propose toujours pas de flacon recharge *. Ça, c’est du foutage de gueule.
Il faut croire que, plus encore qu’une conséquence de l’inflation, ce soit la mode : toutes les marques veulent désormais séduire la même clientèle très aisée. Ce paris devient franchement risqué. C’est d’autant plus risqué si elles abandonnent une grosse part de leurs supporteurs et supportrices, celles qui économisaient pour se racheter un flacon. Non, je ne rachèterais pas "Sables" à 190€, même si c’est un parfum puissant. La direction commerciale de Goutal semble vivre dans le passé, l’offre en parfum à l’immortelle s’est beaucoup développée depuis 40 ans.
* (Hormis pour "Petite chérie" et "Eau d’Hadrien".)
Moi, ça me donne envie de tester "Azahar" de Voyages imaginaires.
Comme c’est la marque d’Isabelle Doyen et de Camille Goutal, il est possible de retrouver la signature qu’on aime. (Je ne connais que "Couleur de la nuit", dont j’ai racheté un flacon d’occasion à l’aveugle. Superbe composition, sublime vanille. Gros coup de cœur, gros coup de bol.)
Mon seul frein avec cette marque, c’était le prix, mais en réalité elle propose 150€ la recharge de 100ml, sauf pour le tout dernier -"L’eau des immortels"- qui ne semble pas encore disponible dans ce format. (Et actuellement il y a un bonus de 10ml gratuit sur le site Nose, pour un parfum au choix de la marque).
Quitte à payer cher -ou quitte à augmenter ses chances de trouver un truc bien d’occasion- Houbigant a aussi "Orangers en fleurs" (EDP et extrait).
J’ai l’extrait en échantillons, il ressemble à la fleur d’oranger de Lutens sans le cumin, et avec une la naturalité qui ressort mieux. On retrouve la même façon pour les fleurs blanches -fleur d’oranger, tubéreuse, jasmin- de fusionner en un seul accord un peu monocorde. Il passe le test du sillage et de la rémanence.
Ça vaut peut-être aussi le coup de traîner ses bourgeons olfactifs du côté de chez Caron, car j’ai découvert la version actuel de "Tabac blond" et c’est très addictif. J’y retrouve presque le friand d’un bon "L’heure bleue", comme si il y avait une bonne fleur d’oranger derrière l’œillet et le poivre, associé à l’ambre du fond. J’ai eu des très bonnes surprises dans ce que j’ai pu testé -notamment "Montaigne"-, donc peut-être que l’actuel "Narcisse noir" ou "Narcisse blanc" fait le taf côté fleur d’oranger.
J’ai l’impression que les parfums à l’absolu de fleur d’oranger se font rares. La cause : le prix. Aussi, le site "scenttree" explique que les arbres subissent une maladie.
Ironiquement, de surcroît, certaines grands noms semblent s’amuser à cacher qu’ils ont accès à une super qualité d’absolu fleur d’oranger, dans des parfums hors de prix. Raison de plus de saisir toutes les opportunités de tester gratuitement "Coromandel" en extrait, dont le début vaut le détour pour ses facettes orangée et pétillantes. "Oud absolu" de Cartier me semble suspicieusement méthylé voire un peu narcisse. Ce bouc a des fleurs à sa toison.
Votre réponse
à la une
Smell Talks : Créer, innover, durer... Réussir dans la parfumerie de niche
La fondatrice de Sabé Masson et le fondateur de The Different Company reviennent sur les défis rencontrés par les maisons de parfum indépendantes.
en ce moment
il y a 3 jours
Oh pour que Guerlain revienne en arrière il faudrait que quelqu’un d’autre qu’LVMH soit aux(…)
Dernières critiques
Mandi Rhubi - Isabelle Larignon
Eau écarlate
Sonic Flower - Room 1015
Nuit blanche
Après l’amour - Infiniment Coty Paris
Volutes et voluptés
il y a 3 jours
Bonjour Blanche, Ne regrettez rien car je n’étais nullement froissée, et je me demande ce qui a(…)