La Légende de Shalimar
par ERIC, le 28 août 2013
Bonsoir Jicky,
J’applaudis à l’analyse commerciale que vous avez faite. J’applaudis aussi au choix esthétique et qualitatif de la marque, à son renouveau en somme.
Deux réflexions. La première est en lien avec la cible. Brad Pitt et le 5 m’avait fait croire, déjà, que l’absence d’une égérie féminine dans une pub pouvait laisser penser à une utilisation mixte de la fragrance vantée. N’est ce pas le cas pour Shalimar aussi ? Les deux héros du petit film ont une importance égale dans le scenario. La version encore plus courte que celle des 3 minutes que je viens de voir ne montre même pas de fiole, de contenant. Pour qui est ce parfum ? Il me semble que le message pourrait être celui-là : nectar, ambroisie, onguent précieux de l’au-delà des mondes connus et inconnus, ce parfum est un philtre d’amour pour toutes et tous et dépasse les sexes. D’ailleurs le terme de légende, la musique, les décors participent à l’épopée magique, au mythe fondateur, à la révélation divine etc... qui se joue forcement du clivage homme/femme. De plus, mais c’est cette fois ci en accord avec le standard de séduction oriental, passé je crois et actuel encore il me semble, l’homme ici présent dans le film pourrait porter aussi ce parfum : voilages et fluidité de ses vêtements à lui, les yeux noircis au khôl, bijoux aux oreilles, aux doigts...Voici presque un héros Shalimar, un cavalier viril et hétérosexuel, amateur de roses, de vanille et de fleurs capiteuses. Si lui le fait, pourquoi pas nous ? Alors, Guerlain veut-il séduire les acheteurs/utilisateurs masculins de 2013 ? Qu’en pensez-vous ?
Ensuite, je reviens à cette idée acceptée ou gaussée selon ce que chacun à écrit depuis hier, de cette Inde sublimée et/ou fantasmée. Les visionneurs intéressés de cette pub ne peuvent pas être trompés car ils sont aussi parfois des globe trotteurs : chacun reconnaîtra là le lac Pichola d’Udaipur et son palais blanc en son centre, ici le palais de Jodhpur au sommet de sa colline, ici encore les coursives ouvertes derrière la façade orange du palais des vents de Jaïpur le long desquelles court notre égérie blondinette. Tout cela, ponctué de détails de sculptures de l’art moghol, de marbres blancs et polis, de grès roses véritables dentelles de pierre, d’instruments du Rajasthan, de silhouettes rajpoutes crédibles car encore contemporaines, tout cela participe donc à la vraisemblance de cette Inde. Le voyageur est comblé, il retrouve ses photos de vacances.
Par contre, il n’en va pas autant pour les personnages. L’égérie est choisie, on ne la change pas. C’est acté. Mais l’empereur, alors là oui, pour le coup nous transporte dans une fausse Inde. Beau, certes, juste ce qu’il faut de barbiche pour l’exotisme torride, pâle quand même pour que l’identification en Occident puisse fonctionner, cet empereur Moghol est loin du véritable conquérant musulman du XVIIe siècle qui tenta d’imposer par le sabre sa religion sur l’hindouisme. En bref, s’il avait été trop guerrier et trop turco-arabisant, il aurait fait légitimement fuir la clientèle américaine visée.
Pour le reste, une fois que je sais cela, mon côté romantique l’emporte et au final, je ne boude pas mon plaisir. Et puis, on est pas obligé de connaître la véritable histoire du Taj, sa légende forgée au romantisme européen. Entre légende du Taj et légende Shalimar, on peut se laisser aller au rêve, tout simplement. Non ?
Très cordialement
Eric
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