Mortel noir

Violoniste possédé, Vivaldi était connu pour un jeu fougueux qui agitait sa chevelure rousse, telle une flamme vibrante couronnant son noir profil en soutane sacerdotale. À l’image du prêtre musicien, cet encens forme la droite silhouette d’un parfum qui impose sa majestueuse présence, comme une divinité hiératique et implacable. Ce sévère édifice de pierre froide, griffé de poivre noir, est chantourné par les volutes de fumée montant de cendres quasi éteintes. Le parfumeur virtuose y ajoute une fièvre d’épices crépitantes sous lesquelles rougeoient les braises d’un ciste incandescent. Cette polyphonie de notes froides et chaudes anime la spiritualité dogmatique de l’encens d’une vibration électrique et ravit les narines d’un concert enlevé où s’entrelacent la mystique sacrée et les plaisirs profanes.