Nathalie Lorson : "Je suis un peu comme une comédienne"
Questions bien senties
par Jeanne Doré, le 17 décembre 2007
Afin de donner la parole à ceux qui sont au centre de nos préoccupations parfumées, à savoir les parfumeurs eux-mêmes, nous avons posé quelques questions à ceux donc le travail fait le plus frémir nos narines... sur leur travail, leur goût, leur regard sur les parfums.
Cette semaine, Nathalie Lorson, parfumeur chez chez Firmenich et créatrice d’Encre Noire et de Perles pour Lalique, nous fait le plaisir de se prêter au jeu et ouvre le bal de nos Questions bien senties.
Comment êtes-vous tombée dans la parfumerie ? Quel a été votre parcours ?
J’ai grandi à Grasse, où mon père était chimiste chez Roure. Sentir était donc pour moi un jeu d’enfant au sens propre du terme ! Après le bac, j’ai choisi d’entrer à l’Ecole de Roure parce que je voulais faire un métier de création et travailler les matières.premières de la parfumerie. A cette époque (1980, pas si lointaine !), encore peu de femmes se destinaient à ce métier, c’était presque un défi. Dans cette école, j’ai fait mes classes, acquis les bases et le savoir-faire technique, mais aussi une vision du marché. Après, je suis d’abord entrée chez IFF, avant de rejoindre Firmenich en 2000.
Quel est le parfum dont vous êtes le plus fier (qu’il s’agisse d’un succès commercial ou non) ?
Encre Noire est l’un de mes préférés. Nous portons chaque projet un peu comme des enfants et nous y sommes attachés parce que dans chacun d’eux nous mettons beaucoup de nous-même. En ce qui concerne Encre Noire, j’ai pris beaucoup de plaisir à le travailler parce que c’était dans un contexte très qualitatif avec une possibilité de recherche d’une grande liberté. Je suis bien consciente que c’est un vrai luxe. Encre Noire est aussi une nouvelle écriture du vétiver, une idée qui me tenait à cœur !
- Encre Noire - Lalique
Etes-vous amenée parfois à signer des parfums qui ne vous ressemblent pas ?
Oui bien sûr ! Je suis un peu comme une comédienne, j’essaie de me mettre dans la peau de la marque, de me projeter dans un projet et parfois, même si j’y ai mis beaucoup de moi-même, on aboutit à quelque chose d’assez éloigné de nos affinités spontanées. Ça n’a rien à voir avec le degré d’implication. En fait, s’il est réussi et qu’il ne nous ressemble pas, c’est que nous avons été bons comédiens !
Pouvez-vous nous citer votre matière première préférée ? détestée ?
J’adore travailler la rose, les notes musquées, le vétiver, mais je ne vous citerai pas une seule matière première car ce serait trop réducteur ! Celles que je déteste ? Les notes animales un peu sales. Je trouve ça vieillot, démodé et je crois que l’on peut tout à fait exprimer la sensualité de manière beaucoup plus moderne et subtile
De plus en plus de parfums sont co-signés par plusieurs parfumeurs. Selon vous, en quoi le travail d’équipe améliore-t-il la création ?
Dans un métier comme le nôtre avec de fortes tensions, partager la création peut aider à répartir la pression. De plus c’est un autre regard sur un projet, donc cela peut être très enrichissant, à condition bien sûr d’avoir une véritable complicité avec le ou les co-équipiers (c’est essentiel) ! Un ou des partenaires de travail, cela représente aussi une palette, des ingrédients et des écritures différentes, donc de nouvelles "ressources" à partager. Sans compter que pour les projets internationaux, la possibilité de confronter des conceptions différentes du parfum est très importante.
- Nathalie Lorson - © Roberto Battistini
Etes-vous sensible aux critiques portées à vos créations ?
Bien sûr, mais pas au point d’être déstabilisée par ça. Vous savez, notre travail est de toutes façons évalué et « critiqué » en permanence. A chaque étape du projet on expose nos créations aux évaluatrices, aux marques clientes, puis aux consommateurs et à la presse, donc ça fait un peu partie du métier. Et puis un parfum c’est toujours un travail d’équipe, donc même si mon nom apparaît pour la fragrance, il faut relativiser car je ne suis pas la seule à signer la création au final.
Que pensez-vous des critiques de parfums en général ?
Actuellement, dans la presse classique, on ne peut pas vraiment parler de critique sur le parfum, tout au plus c’est de l’information… Sur le principe, la critique, je suis pour. Le problème c’est que quand une seule personne donne son avis, on est plus vite dans le parti pris que dans une critique un peu objective. Donc oui à la critique à condition de pouvoir l’imaginer comme un vrai forum…
Pensez-vous que les parfums en tant que créations artistiques peuvent être critiqués au même titre qu’un livre ou un film ?
Evidemment ! D’ailleurs, qu’est-ce qui pourrait s’y opposer ???
Imagineriez-vous écrire des critiques ou des articles pour un site comme auparfum.bynez.com ?
Alors là, je dirais : chacun son métier ! Moi j’écris des parfums, je laisse à ceux qui savent le faire, le soin d’en faire la critique !!!
Quand sortira votre prochaine création ?
Vers février 2008 je crois…
par Octavian Coifan, le 18 décembre 2007 à 00:31
Cette note sensuelle moderne mais sans le côté vieillot animal elle l’a tres bien exprimée dans les parfums faits pour Dolce & Gabbana, surtout celui qui est très musc, très poire mais aussi dans certains Jil Sander qu’on ne trouve plus en France. Pour la rose, oui, on voit combien elle l’aime dans certains Shiseido et surtout le Zen (2nde version). Encre Noire a ete pour moi une tres belle decouverte et une nouvelle facon d’imaginer l’odeur d’encre de chine que j’associais plus avec le castoreum et les phenols.
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