Sécrétions Magnifiques
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Interrogeant les mondes visuels et olfactifs, deux expertes échangent en écho au dossier publié dans le dix-huitième numéro de Nez, la revue olfactive.
il y a 22 heures
Toute une époque que ce VC Pour Homme ! Cuir suave d’une complexité envoûtante. Un grand masculin(…)
il y a 22 heures
Bonsoir Adhara, Merci de nous avoir communiqué cette bonne nouvelle. En fan de ce mythique(…)
il y a 22 heures
Profitez-en il y a une promo sur leur site web en ce moment sur plusieurs références(…)
Jardin impressionniste
Lavande délavée
Église en flammes
Je viens de regarder le site officiel de Etat libre d’Orange.
J’ai lu les descriptions des parfums une à une et, même si aucune ne m’a donné envie de sentir la fragrance qui se cache derrière le nom d’oiseau, je n’ai pas pu m’empêcher de rire. Parce qu’au fond, Etat Libre d’Orange n’innove rien, d’ailleurs la plupart des accords des parfums sont très courants, et déjà vus, mais c’est dans un but précis : critiquer la parfumerie actuelle par l’humour, et un mélange de premier degré/franchise. Dans le genre "dit moi quel est ton parfum, je te dirais qui tu es, et sans pincettes !".
Quand j’ai lu "Putain des palaces" et ses notes gourmandes et poudrées, je me suis dit "tiens, mais serait-ce donc un Dior Addict qui assume sa vraie nature ?" (Wow, du calme, range-moi ce crayon de khôl aiguisé comme un rasoir !). Bref imaginez que vous croisez une Pouf dans la rue avec un sillage très Dio...Très sucré et très puissant, vous lui demandez le nom de son parfum, elle vous répond "Putain des palaces" du haut de ses talons de 15 cm, comment ne pas sourire ?
Pareil pour "Anti-héro" : un accord fougère tout ce qu’il y a de plus basique, simple mais efficace. Ca représente toute une génération d’hommes trentenaires sages et discrets qui se parfument simplement, et qui ne sont pas tape à l’œil parce qu’ils ne veulent pas (et ne pourront jamais ?) jouer les Beaux Gosses (mais oui, l’Homme de Yves Saint Laurent, je parle de toi, pas besoin de faire l’innocent en te pointant mollement de l’index d’un air ahuris...).
A l’inverse, "Je suis un Homme", c’est le côté opposé du spectre masculin, les Hommes-Qui-Veulent-Sentir-l’Homme-Parce-Qu’Il-Faut-Qu’on-Voit-Que-Ce-Sont-Des-Hommes-Et-Que-Leur-Sillage-Parachève-Magistralement-Leur-Masculinité-Fièrement-Affirmée...Et pour cela, quoi de mieux qu’une fougère ultra citronnée en tête et boisée en fond ? (Oh, non, ne rougit pas Attitude Extreme, tu n’es pas le seul à être visé...Et Body Kouros arrête de rire de lui, tu ne vaut pas mieux, même sans tête citronnée !)
Ceux là sont les principaux, mais d’autres stéréotypes parfumés pertinents sont présents et toutes les critiques ne sont pas forcément négatives (souvent moins drôles, mais tout aussi intéressantes) : "Don’t get Me wrong, baby, i don’t swallow" dans le genre "ok je suis jolie mais NON, confond pas, je ne suis pas Putain des Palaces" (coco mademoiselle ?) ; "Divin’enfant" sent la guimauve et le café, dans la tendance des parfums qui me font toujours penser aux "jeunes papas" (Instant pour Homme ? A*Men ?) ; "Delicious Closet Queen" incarne quelque chose de plus large cependant : le besoin qu’ont les créateurs de parfums depuis quelques temps à vouloir créer des fragrances androgynes (JPG et sa fleur du mal..?). La description critique aussi le fait que la société nous enferme dans des "codes olfactifs" si bien que ce qu’on aime et qui "appartient" à l’autre sexe olfactivement parlant, on ne peut pas le porter ou alors de façon personnelle, en secret.
Je vais finir par sécrétions magnifique puisque je poste sur sa critique...Il se situe plus dans "l’incarnation d’une idée" que dans "l’incarnation d’une catégorie de personne", comme Delicious closet queen. Il veut sentir les sécrétions humaines, et il le revendique haut et fort. Combien de parfums prétendent sentir des notes "délicieusement animales", "terriblement sensuelles", "charnelles"...En utilisant autant de détours et de sous-entendus que possible alors qu’on sais tous exactement ce à quoi tout cela fait référence ?
Chez ELDO aucun faux-semblant, tout est dit et assumé, le concept, la fragrance et le nom sont en parfaite adéquation pour chacun des parfums, tout cela dans le but de pointer du doigt un certain conformisme, et une langue de bois de la parfumerie actuelle, qui tente d’être aussi noble qu’avant en se cachant derrière des grands noms alors que c’est l’essence même qui est entâchée. Donc si on enlève les grands noms, ça donne quoi ?
J’imagine que quand on sent ELDO, au premier abord, on pense sentir quelque chose de nouveau (à cause du nom surprenant !) et au final, on se rend compte que tel parfum de Etat Libre d’Orange nous est en fait TRES familier dans le mainstream...On fait le lien entre le nom et les parfums que ça nous a évoqué et on se dit que c’est vrai... On catalogue souvent des parfums comme "parfums de poufs", ou "parfums pour jeune mâle en rut qui veut draguer", ou "parfum insipide pour personne insipide"...Sans jamais rien dire quand on croise ces sillages typiques dans la rue, on en pense pourtant pas moins !
Je suis bien content d’être tombé sur le site officiel de Etat Libre d’Orange, et je suis satisfait de ce que j’ai pu y lire. C’est une très belle critique du monde d’aujourd’hui, très second-degré (tout en étant, en réalité, affreusement Premier Degré !), et qui éclaire avec une lumière violente tout ce que tout le monde pense à propos de la parfumerie sans jamais oser le dire.