Auparfum

Antares, Bételgeuse et Mismar

29 avril 2021, 19:53, par Farnesiano

Avant tout, je remercie l’équipe d’Auparfum pour la possibilité de découvrir une fois de plus les créations d’une nouvelle marque - que j’englobe dans mes remerciements.

Premier soir, avec beaucoup d’application, tests des trois parfums sur mouillettes. Impressions mitigées mais avec un intérêt marqué pour Bételgeuse ( je suis fan d’iris ) et pour Mismar dont j’admirai la fraîcheur et une certaine délicatesse dans la diffusion pourtant peu discrète. Antares, par contre, m’a presque agressé. Mais pourquoi pas, on peut aimer un parfum rock ’n’ roll, à la Beaufort par exemple. De retour le lendemain dans la pièce où j’avais laissé les tiges, je suis accueilli par une toujours tonitruante tubéreuse. Oufti ! comme on dit à Liège.

Mais venons-en aux essais sur peau pratiqués sur une durée de deux jours.

Bételgeuse. Iris épicé qui vous happe un peu brutalement au départ dans un halo de café amer. Heureusement, la note de robusta, type de café souvent ajouté à l’arabica dans l’authentique espresso italien, s’estompe au fur et à mesure de l’évolution pour laisser la place au velours, certes un peu brut, presque rèche, d’un iris compact et tracé à la spatule, sans souplesse, sans la magie espérée. Un moment j’ai failli m’abandonner à ce que j’ai cru être le charme particulier qu’on aime ressentir en caressant une couverture usée dont on aime s’envelopper par temps frais, les soirs de mélancolie, au fond d’un vieux canapé en cuir. Las, on passe ainsi, presque insensiblement du froid brutal, malgré le café, à une fausse chaleur, on quitte le bleu gris strié de noir et d’argent pour un gris mauve assombri de sourdes nuances brunes. Le déséquilibre de la première heure s’efface pour me plonger dans une étrange rêverie, un peu tendue mais je garde toujours l’espoir d’un envoûtement comme celui que peut procurer le souvenir d’une petite tasse de café fort dont on savoure longtemps en bouche la délicieuse amertume. Désir vain. Les accords iris-cuir, iris-violette ou iris-cacao ne manquent pas en parfumerie. Celui d’iris-café serait-il plus rare ? Bételgeuse ne rappelle en rien l’élégant et charmeur Iris torréfié de Guerlain mais plutôt un iris assez classique, sans poésie, plat et entêtant. Voici une création qui se veut moderne mais qui n’est, voilà mon ressenti, que fatigante. Peut-être en ai-je trop attendu.

Antares. Tubéreuse insolente, bouillonnante même, au cœur d’un bouquet d’opulentes fleurs blanches qu’anime un cortège d’épices en grande forme, le dynamique et crépitant poivre rose entête. Chouette ! À la détonation initiale, assez trash (j’ai même pensé à l’album trash du groupe punk féminin The Slits intitulé Cut), détonation jubilatoire pour les amoureux de sensations fortes, succède l’ennui d’une évolution linéaire, ambrée-frangipanée, où macèrent les notes fleuries, épicées et sucrées jusqu’à l’écœurement. Pourquoi donc cet écrasement des matières ? Dommage.

Seul Mismar m’a offert une réelle évasion. Enfin je quittais la terre pour un voyage plus subtil, et surtout dans une trajectoire stable, confortable même malgré le constant aller et retour entre notes fraîches et notes chaudes, cette caractéristique étant le charme principal de Mismar, parfum aussi apaisant que vivifiant, procuré par l’effet piquant et tonique des notes de tête qui ne quittent jamais totalement la jolie composition aromatique, plutôt masculine, la seule des trois qui amena un sourire à mes lèvres. Je ne m’appesantirai pas sur l’analyse des notes, d’autres l’ont déjà mieux fait que moi.

Au final, pas d’envol vers les astres, comètes et météores mais un atterrissage brutal en vous avouant ma surprise devant le prix affiché de chacun de ces petits flacons. A un tel niveau, n’a-t-on pas le droit d’exiger des compositions plus abouties, harmonieuses, qu’elles soient innovantes ou non ? Quand je songe au si grand bonheur, aux authentiques voyages que me procure la poésie des Dusita, Hiram Green, Anatole Lebreton et autres Thierry Blondeau... Et quand on songe aux merveilles à prix doux, incroyablement bas, que nous offrent les Fragonard, Occitane, Roger & Gallet, Berdoues et autres 100 Bon, je reste pantois. Certes, quand on aime, on ne compte pas. Là, je n’aime pas et je me permets de compter ;-) Et de repenser mélancoliquement aux étranges, envoûtantes, quoique très onéreuses, créations de Nasomatto et Orto Parisi...
Ici, soit on se moque du consommateur, soit, ce qui est tout à fait possible, je suis totalement imperméable à l’art contemporain.

Signaler un abus

Vous devez être connecté pour signaler un abus.

à la une

Smell Talks : Céline Ellena – L'illusion de l'olfaction

Smell Talks : Céline Ellena – L’illusion de l’olfaction

Compositrice de fragrances indépendante et rédactrice pour Nez, la créatrice nous explique comment le parfumeur se joue de notre odorat avec sa palette.

en ce moment

DOMfromBE a commenté Héritage

il y a 7 heures

Bonsoir, Ça me donne envie d’aller le tester sur peau. Mon histoire avec Guerlain, c’est la(…)

Farnesiano a commenté Héritage

il y a 8 heures

L’actuelle version EDP, testeur neuf en grand magasin, n’est franchement pas à négliger. Moins(…)

il y a 8 heures

Merci du conseil !

Dernières critiques

L’Eau pâle - Courrèges

Lavande délavée

Mortel noir - Trudon

Église en flammes

Infusion de gingembre - Prada

Fraîcheur souterraine

Avec le soutien de nos grands partenaires