Auparfum

Quel parfum portez-vous ?

23 septembre 2019, 10:19, par Miriatti

Jakarta, eau de parfum d’EDG (Eaux de Gammes), Prestige, Paris. 100 ml.

Parfum oriental à dominante de Patchouli. La rose est comme traquée dans un complexe jus enfoui sous terre, le vent laissant à peine découvrir le sillage subtil et majestueux de ce parfum fleuri herbacé.
La reine des fleurs y compris ses pétales, corole, fleur, tige et feuille se découvrent complètement séchées par le Soleil. Je pense à un parfum fleuri oriental herbacé sec, avec un soupçon de rondeur qui affectionne. Le jus nous instigue à pénétrer dans le mystère de cette rose tellement immergée, ensevelie dans l’aridité comme si oubliée sous des tas de poussières. Cela fait l’étrangeté de ce parfum qui captive de par ses notes sombres, terreuses, animalisées.

Jakarta dégage des effluves, discrètes et plaisantes. Cette composition à l’orange ne dérange personne. Le lointain. L’oubli. Le lâché prise sentent cette essence : cette valeur à laquelle on s’attache et s’en approprie de soi même et pour soi-même et qui vit à l’intérieur de tout homme, de tout parfumeur et de tout flacon. Je veux parler de l’essence aussi comme de la sève qui monte jusqu’à la fleur reine lui rendant vie et épanouissement.

Nonobstant, à tant ressentir et à rechercher, on découvre venue d’un pays lointain et pourtant ici et maintenant l’odeur d’une pate de fruit résineuse mêlée aux bois confits. Une gourmandise qui sent bon sans pour autant exhaler la rondeur du miel.

Ce parfum sent bon le caramel épais fait avec un peu de sucre roux et que l’on l’oublie dans le feu et qui brûle. Dans toute son évolution et en « crescendo », le patchouli prend le dessus (un patchouli jamais ressentit) terreux, corporel, boisé, poussiéreux, animal mais qui ne sent ni le musc – pur - ni le l’odeur du presque sale du cuir mélangé à du charnel.
Un trait de ce miel brulé doux perdure faisant corps, immiscé dans l’orange amère. L’odeur est comme durcie, compactée. Elle confère un intimisme certain… C’est un parfum qui percute par bloc, comme une pommade ou un savon parfumés. Les teintes de ce jus sont si sombres qu’elles attisent le feu du ressentir pour compenser un ressentir de plus en plus près de la peau : là où il est question de s’aventurer à la recherche de ce temps en suspension du parfum, lorsque l’on s’abandonne à courir derrière un sillage pour se heurter à l’étendue du corps, à cette surface qui est aussi profondeur et qui, mine de rien tellement on est près, nous instigue tout de même à rester nez collé là-dessus.

Dans son milieu parfumé obscur et poussiéreux, ce parfum dévoile une évolution qu’invite au pêché. L’accolade est là de plus en plus près de la peau… L’invitation au désir. L’oubli. La trace qui reste additive à l’odeur de ce patchouli épidermique. Celui-ci continue de s’affirmer, obscur, boisé, enroulé dans ses propres racines à bon le sentir.
Mariano Néto, Paris, 23/09/2019.

Note de tête : coriandre, bergamote, mandarine
Note de cœur : rose, patchouli, notes irisées
Note de fond : bois de cèdre, santal, ambre, notes animalisées. Prix : 50 euros.

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