Parfum signé, sillage unique
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Compositrice de fragrances indépendante et rédactrice pour Nez, la créatrice nous explique comment le parfumeur se joue de notre odorat avec sa palette.
il y a 34 minutes
L’actuelle version EDP, testeur neuf en grand magasin, n’est franchement pas à négliger. Moins(…)
Lavande délavée
Église en flammes
Fraîcheur souterraine
Ce long échange est des plus intéressants ! Je viens y ajouter mon petit témoignage. On peut aimer le parfum, en avoir tout une collection, et ne pas se parfumer souvent. C’est mon cas. J’oublie souvent de me parfumer. Ou je n’en ai pas envie.
Je me demande souvent comment je peux collectionner tant de bouteilles et d’échantillons, venir sur Auparfum quotidiennement et ne pas me parfumer tous les jours, loin s’en faut. Peut-être cela a-t-il à voir avec le fait que je me prenais une gifle et l’injonction d’aller me laver si mon père sentais que j’avais mis du parfum pour aller à l’école (et ce jusqu’à 15 ans), me privant ainsi de l’habitude de ce geste au matin. Peut-être est-ce aussi parce que ma mère portait force Poison, Samsara, Shalimar (edp) et autres qui me donnaient instantanément migraine et légère nausée (tout parfum que met ma mère a des relents de Poison à mes narines, peut-être sa peau, que sais-je). Plus tard, en prépa, j’apprenais en latin la mythique expression « bene olet qui nihil olet » (il sent bon celui qui ne sent rien) qui en dit long sur l’abus de parfum à l’époque romaine et à laquelle j’adhérais sans réserve, trop souvent molestée par les écoeurants parfums des autres. De crainte d’incommoder autrui, j’ai souvent la main légère au travail. Je ne me permets l’abondance uniquement lorsque je sors, le jour ou la nuit, car nul ne sera obligé de supporter mes senteurs que ceux qui voudront bien me fréquenter.
Si je ne me parfume qu’un jour sur quatre environ, cela fait-il de moi, comme le suggère Tyssyt, quelqu’un de triste ou manquant d’originalité ? Demandez à mon entourage ! Non, plus sérieusement, nous sentons tous quelque chose. Il y a des gens qui ont une odeur addictive même sans porter de parfum. Comme Jeanne l’a dit, un mélange de pas mal de choses dont l’évocation peut aujourd’hui sembler anathème tant la manie de ne rien sentir, à grand coup de tensioactifs et de déodorants aux senteurs douteuses, est devenu une sorte de diktat auquel tout contrevenant serait SALE.
Rassurez-vous, je ne suis pas une aficionada du no-poo ou autre technique nous ramenant à l’âge de pierre. J’aime la toilette ! Oui, oui, oui. Mais je ne me sens pas obligée de porter chaque jour un parfum tout comme je ne me sens pas obligée de porter une rivière de diamants ou de déguster du foie gras au quotidien. Un parfum est une création qui paraît à mes narines d’une grande richesse. Or, le monde est un fourmillement d’odeurs qui me suffit la plupart du temps. Plutôt que de me parfumer, je fais souvent comme Sleep2dream, je teste sur mon poignet des parfums (et ce presque tous les jours). Peut-être suis-je assez égoïste ; le parfum est pour moi avant tout. Je ne l’utilise que rarement comme une parure à intercaler entre le monde et moi.
J’aime aussi sentir moi. A vrai dire, je ne me sens guère (à ce propos, j’adorerais me sentir de l’extérieur afin de savoir enfin l’impression olfactive que je fais à autrui). C’est simple et cela me suffit. J’imagine qu’à l’instar des autres, dont je sens l’odeur même lorsqu’ils ne sont pas parfumés, je dois moi aussi avoir ma senteur naturelle et je l’assume fièrement.
N’y a-t-il pas, pour vous aussi, des gens dont la simple odeur vous transporte dans un nuage de réconfort ? Parfois, quand cela ne va pas fort et que je suis invitée chez des amis me ressourcer, je profite de l’odeur de leur foyer et je me sens en sécurité, loin de ma sphère habituelle. Je me souviens aussi de l’époque où j’étais femme de ménage pour payer mes études ; chaque maison dont j’avais la charge avait son odeur bien à elle, ainsi que le linge que je devais repasser. Eh bien, j’avais grand plaisir à être ainsi dépaysée olfactivement selon le logis où j’officiais.
C’est uniquement lorsque l’inspiration me prend que je choisis un parfum ou que je me tartine d’une huile parfumée. Il peut y avoir toutes sortes de motivations à ce geste : la météo, une envie précise… Cela me prend souvent le soir. Le n°5 en extrait est ainsi un parfum que je ne mets presque exclusivement que pour moi avant d’aller dormir, pour le mythe, et parce que c’est une odeur doudou qui me fait sentir plus forte.
J’espère que mon témoignage répondra (tardivement) à Tyssyt et montrera que certains profils peuvent viscéralement aimer l’odorat et ne pas se parfumer avec régularité.