Jicky
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Compositrice de fragrances indépendante et rédactrice pour Nez, la créatrice nous explique comment le parfumeur se joue de notre odorat avec sa palette.
hier
Bonjour Dioressence ? Je ne sais pas si on peut le qualifier de sec mais une fine brume de(…)
Lavande délavée
Église en flammes
Fraîcheur souterraine
Ah ah vous me faites rire ^^
Bon allez, ok accordé c’est pour tout de suite :p (sachez que pour moi "demain" = "après le dodo" et non "après minuit" !)
Alors hier j’ai testé pour vous : l’extrait de Jicky, l’eau de parfum 2013 de Jicky et Mouchoir de Monsieur. Non je n’ai pas testé l’eau de toilette (vous allez finir par me faire regretter presque !), mais l’eau de toilette c’est la version que je préférais porter.
Commençons par un état des lieux : avant 2013, je préférais porter l’eau de toilette, moins ronde, plus sous forme de "ligne" car l’eau de parfum était pour moi pas assez nuancé dans son évolution et stagnait trop vite dans les notes plus Shalimaresque... J’aimais beaucoup les facettes cannelle de l’eau de toilette, son côté animal patiné discret et sa poudre qui s’installe petit à petit au fil du temps. J’ai souvent entendu parler des problèmes de tenue pour Jicky. J’avoue que sur moi, Jicky faisait la journée (mon edt date de 2010). J’avais une eau de parfum aussi que je portais occasionnellement aussi.
Les tests d’hier. Commençons par le moins positif : Mouchoir de Monsieur. Alors oui c’est somptueux, c’est toujours très beau, pas de problèmes de reformulations et tout. Mais - et là c’est très personnel - Mouchoir de Monsieur souffre de la comparaison avec Jicky. Et j’avoue avoir toujours trouvé Jicky beaucoup beaucoup mieux : l’enchainement des notes est plus fondu et surtout il n’y a pas cette dissonance des notes animales au départ ! C’est peut être ce qui fait l’intéret de MdM, mais les notes animales sont beaucoup plus présentes, mais font un peu vieux pépé pas propre. Et il y a moins cette ambiguité que Jicky et que j’adore (puisque pour moi, l’ambiguité dont je vais parler représente un peu "ma" vision de la Guerlinade) : l’opposition animal/végétal. En fait, la dualité (homme/femme, animal/végétal, sombre/lumineux, forme/couleur, abstrait/figuratif etc) pour moi c’est ce qui fait la Guerlinade. (et c’est notamment pour ça que je pense que Mathilde Laurent aurait été parfaite chez eux, mais c’est pas grave, Wasser est très bon là dessus - en plus moderne en plus, notamment avec son jeu perpétuel note verte/musc - et Mathilde est géniale chez Cartier). Bref, en gros MdM est toujours très bien, mais restera toujours moins bon dans mon coeur que Jicky.
Quant à Jicky, les reformulations de ces derniers temps m’auront réconcilié avec l’eau de parfum ! Pour l’extrait, franchement c’est pas génialissime. Déjà, on tombe très très vite dans un fond gras vanillé, beaucoup plus Shalimaresque que Jicky ne devrait l’être. Mais ça reste joli et fondu, avec un beau passage aromatique, comme toujours chez ce parfum. La tenue n’a jamais été ouf, mais c’est rarement le propos d’un extrait Guerlain j’ai remarqué, qui préfère plus jouer sur la beauté de la formule et des matières que sur le contingent habituel de ce souci d’espace/temps que sont le sillage et la tenue. Disons que sur mon poignet, il a été vraiment perceptible 3/4h puis après il fallait le réchauffer pour être à nouveau bercé par son doux parfum.
L’eau de parfum 2013 est vraiment bien. Je pense qu’elle a été revue et corrigée elle aussi notamment avec cette fameuse infusion de muscs, puisque désormais, je trouve que c’est la version la plus équilibrée et la plus Jickyesque (l’edt restant un peu trop "limpide"). Quant on compare l’edp avec l’extrait, c’est assez sidérant : l’extrait tombe vite dans le fond Shalimaresque et Jicky évolue doucement et scintille avec cet accord toujours aussi majestueux aromatique-animal-poudré.
D’ailleurs, je repense à mon ancienne appréhension de Jicky EDP : je trouvais qu’il stagnait trop. En fait, je crois comprendre un nouveau truc. Imaginez le spectre des couleurs. C’est comme si l’ancienne edp s’attardait trop vite que sur une toute petite portion du spectre. Je pensais que c’était ça le problème. Mais en fait non. Le problème c’était le continuum chromatique. Avant, sans dire qu’il y avait des trous, disons qu’on passait d’une étape à l’autre de manière un peu bizarre. On voyait les couleurs s’échanger.
Désormais, l’eau de parfum est un véritable continuum olfacitf, qui représente bien le fondu en parfum, avec ces jolis échanges que je vois tantôt jaune, brun, verts et blanc (il y aurait presque cette couleur qu’au XVIIème siècle on désignait par le très élégant terme "caca-dauphin", le sorte de "moutarde" actuel, couleur détestée par beaucoup d’ailleurs, malgré je trouve un intérêt que l’on retrouve olfactivement...)
Bien, j’espère avoir été assez claire. C’est toujours très difficile de parler de changements de version parce qu’on joue sur des nuances et des différences très floues. Déjà que parler de parfum reste difficile, parfer de différentes versions et de différentes années est un exercice difficile, surtout que rester sur les matières n’apportent rien puisque ce sont grosso modo les mêmes. Il faut alors parler des effets. Et c’est là que c’est difficile, parce qu’on tombe souvent dans la subjectivité la plus totale. J’aime beaucoup associer aux couleurs, mais certains préfèrent les choses plus tactiles. Je serais bien incapable de faire une analyse tactile de Jicky comme ça sans rien. J’espère qu’à force de me lire, vous pouvez voir à peu près ce que je veux dire. Sinon, mon dieu, je dois pas être d’un très grand secours ^^ (c’est pour ça que je préfère bien expliquer sur les jeux de nuances et tout).
Je peux finir avec un vive l’odorat ?
(pas vraiment, c’est pas un avis en tant que tel. J’ai jamais écrit sur Jicky, ni sur auparfum ni sur J&P. C’est pas faute d’avoir essayé pourtant... L’année dernière j’ai fait 5 pages sur mon cahier sur lui, jamais réussi à faire un bon truc qui soit compréhensible. C’est duuuuuur !!! Besoin de plus de distance !!)
Vive l’odorat !