L’obscurantisme des parfums
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C’est un accord fusant et lumineux entre deux matières pourtant souterraines – le gingembre et le vétiver – qui vient compléter cette année la gamme des infusions de Prada.
il y a 15 heures
Bonjour Je recherche au sein de memori de Kenzo la fragrance qui se rapproche le plus de la(…)
il y a 3 jours
Bien jolie collection que ces Malaki de Chopard. Black Incense bien sûr, mais aussi Rose Malaki,(…)
À fond la gomme
Ombres ligneuses
Prendre racine
Intéressant, cet article. Et pertinent, eu égard à ce qu’on voit (et sent) autour de nous ces temps-ci. Disons qu’il y a déjà une tradition obscurantiste liée au parfum, par définition. Celui-ci est vu, depuis des siècles, comme un elixir sortant d’une sorte de mystérieuse antre à sorcière. La FORMULE (hahahaha !). La formule comme un sésame vers le Bonheur, la Richesse, la Célébrité, etc. Comment faire preuve de trensparence dans ce monde-là ? C’est impossible. Bon, j’en rajoute un peu, mais on est pas loin de la vérité.
Vient s’ajouter le marché hyper concurrentiel (parts de marché, courbes des ventes, etc.) dans lequel il s’ébroue, ce Parfum-Elixir miraculeux. Ce qui n’arrange pas les choses : on est vraiment dans l’Obscur, prière d’apporter sa lampe de poche et son casse-croûte.
Se joint à l’Obscur – qui le favorise : le Flou. Rien de plus facile de raconter ce qu’on veut sur des matières un brin fantaisistes, des concentrations, des salaires de parfumeurs, etc. Qui ira vérifier et mettre son nez dans tout ça ? Personne. Verboten ! Circulez ! Chasse gardée !... D’aller y voir de plus près ? Ce ne serait bon ni pour l’économie du luxe (qui va bien, je vous remercie), ni pour le mythe, ni pour l’image, ni pour rien du tout. On dirait que ce monde-là favorise sciemment cet obscurantisme, l’entretient, tout en feignant d’apporter un peu de transparence, pour se donner bonne conscience et calmer les esprits.
Disons enfin que c’est en France surtout que ce mystère est savamment entretenu. Les pays anglo-saxons, par exemple, sont beaucoup plus prolixes, plus clairs ; et moins snobs, en l’espèce. De plus, pour celui ou celle qui voudrait se frotter aux matières premières, il peut facilement en obtenir. Allez demander chez un fournisseur français "5ml d’hedione" pour tester, ou "5g d’absolu de pin des Landes", par exemple. On vous dira que c’est pas possible, ou on vous obligera à prendre au minimum 1kg. C’est uniquement pour les professionnels. Vous, vous achetez les parfums. Point. Vous êtes de l’autre côté de la barrière. Circulez.
Aux USA, en Hollande, en Asie, un peu partout ailleurs, on peut obtenir des matières première assez simplement. Raison pour laquelle il y a de plus en plus de marques de (micro) niches dans ces pays-là. Des passionnés qui s’y mettent – et commencent à grignoter sensiblement le marché. Parce que l’olfactif les intéresse. En France, non. Les seules marques de niches sont montées en général par des gens fortunés, ou qui ont montré patte blanche, qui sont dans la filière, dans la tradition depuis longtemps. Et qui ont fait les Ecoles. Ah ça les Ecoles... La parfumerie est un territoire infiniment protégé en France – berceau du parfum, faut-il le rappeler. Si vous n’avez pas le bon profil, eh ben "ça va pas être possible"... On peut le comprendre, quoiqu’on aimerait que ça évolue, cette mentalité.