Eau de Narcisse Bleu
par 980ttkbr, le 21 avril 2013
Voilà deux fois que j’essaie Eau de Narcisse bleu sur mouillette, non sans avoir lu les louanges passionnées qu’il a suscitées chez un certain nombre d’auparfumistes, et... rien ! Je n’ai pas (encore ?) eu le déclic. Je vois bien en quoi il se démarque de ses petits copains de la collection Eaux, en quoi il synthétise la touche de Jean-Claude Ellena, je vois même bien ce point d’équilibre entre les notes qui signe les parfums bien faits, mais il ne me fait aucun effet. Il lui manque la brillance, l’éclat, le petit crochet, la fissure, et il me fait atteindre la conclusion inévitable après toutes ces années où Ellena a, globalement, inondé le marché de ses créations : je ne les aime pas. Il ne manque pas de provoquer des sensations à connotation positive : la légèreté, la finesse, la mesure, l’élégance par exemple. Lorsque je sens cette Eau, ou Terre, ou Déclaration, ou d’autres, il y a quelque chose qui paraît immatériel, en apesanteur, semblable à une bulle de savon flottant dans l’air qu’elle agrémente de toute sa délicatesse avant de passer son chemin ou d’éclater et disparaître : toutes choses jolies et le plus souvent maîtrisées de haut en bas, mais à mes yeux (mon nez !) souffrant du pire défaut qu’un parfum le puisse : tous ces jolis fantômes sont parfaitement désincarnés. J’en apprends finalement un peu sur moi, grâce à cette Eau de Narcisse bleu : j’ai besoin, pour aimer un parfum, d’une tache, d’un relief, d’une contingence qui l’attache ici bas, et je ne sais pas aimer les nuages. J’ai l’impression frustrante de passer complètement à côté d’une oeuvre importante, comme je passe à côté de celle de Proust ou de Malraux en littérature... alors je vais décider à propos de ce Narcisse, comme je l’ai fait à propos des deux écrivains, qu’il y aura bien un moment de ma vie où nous parviendrons à nous entendre ! En attendant cela, je vous envie décidément d’avoir ressenti pour lui l’amour qu’on a pour les grandes choses... ;)
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