Truth or Dare

par Opium, le 19 juillet 2012
Bravo Poisonflower (J’adore ce pseudonyme. Est-ce en rapport avec les fleurs, ces narcotiques toxiques addictifs pour les parfumistes en général, ou avec le parfum toxique de Christian Dior plus particulièrement ?) ! !
Je voulais me pencher sur cet article et Jeanne m’a fait savoir que c’était déjà fait.
Je suis enchanté par son contenu, l’élaboration du fil des idées qui est fluide et fort agréable à lire.
Et, je suis ravi de lire quelqu’un qui a réussi à rédiger une critique aussi proche de ce que je peux ressentir.
Comme vous/toi, je suis fan de Madonna (que, peut-être, j’ai été voir au Stade de France il y a quelques jours à peine pour son MDNA Tour et avant, peut-être, de la revoir encore prochainement...). Mais, également aussi, fan de parfums. Et,... de la tubéreuse et de certains jus capiteux.
J’avoue que, durant des années, j’ai été ravi "qu’Elle" ne touche pas au domaine du parfum, ce que tant d’autres ont déjà fait, et si mal souvent, avec leurs jus rosacés-fruitchoulisés-lavassés. Pour moi, c’est un domaine un peu sacré. Seul(e)s quelques fragstars semblent avoir été de qualité par le passé : Kate, les parfums de Elisabeth Taylor et de Catherine Deneuve, perfumista s’il en est (elle a signé la préface du livre des Editions de Parfums Frédéric Malle et semble avoir une liste de parfums à son actif aussi longue que celle de Madonna, bien que plus franco-française et moins américano-américaine). Mais, les jus de E. Taylor et C. Deneuve datent et sont marqués (du sceau) des années 80. Plus récemment, il semble que le chiffre d’affaires que ce type de produits engendre soit inversement proportionnel à la qualité et à l’originalité de ce qu’il y a dans le flacon (Someday de Justin "Bieberon" serait l’un des meilleurs lancements aux USA en 2011... Ouais, je sais... Quand même... Ca fait un peu mal. Je sais...).
Et, si j’aime Madonna pour diverses raisons, je l’attendais au quart de tour en matière de parfums. Car, on ne touche pas au Parfum b*rdel (avec un grand "P" comme pour "Art") ! Sauf, à apporter un truc vraiment intéressant... Inutile serait déjà du mauvais côté de la balance d’après moi.
Qu’allait valoir son parfum donc ? La réponse est arrivée mi-avril il me semble... Le 19 exactement (deux ou trois jours avant le lancement).
Ma surprise a été telle qu’il m’a fallu vérifier deux fois la mouillette "pshittée" pour être bien sûr de mon avis, de son objectivité. Deux jours avant la sortie officielle de ce "moment d’action ou de vérité", il m’a fallu me convaincre que je n’étais pas trop "conciliant" envers cette sortie pour de mauvaises raisons (envers ce parfum qu’il a fallu me sortir d’un tiroir, comme un objet secret, car pas encore en vente).
Réponse immédiate, en quelques minutes dans ma tête : "Il est RE-US-SI ! ! Très..."
En fait, comme l’a très bien exprimé Poisonflower, il m’a semblé réellement en harmonie et à l’image de la chanteuse qui en a décidé la "mise au monde". Un peu provocant, ou pas du tout, selon le point de vue. Mais, en tous les cas, fort joli et bien construit.
Tout démarre, pour moi, par un très léger aspect camphré, mentholé. Cela me fait penser, plus qu’à Fracas, à la "Tubéreuse Criminelle" que je connais, je crois, plutôt pas trop trop mal... ;-) Mais, mezzo voce la chanteuse. Elle ne gueule plus la tubéreuse, elle crie un peu avant de chanter "mélodiquement" et non plus "mélodieusement" (la "Criminelle" chante odieusement mélodiquement). Pas de soprano suraigüe et hystérique ici ; ou, plutôt, pas longtemps. L’interprétation de la préface parfumée est réalisée par une chanteuse à la voix mélodieuse et assez juste, qui en fait moins que la création hyperbolique baroque de Lutens.
Très rapidement, tout s’assagit et se pose. Et, à ce moment là, Poisonflower a tout dit : C’est une fleur qui se fait solaire (par un peu de jasmin, de la fleur d’oranger et du tiaré), déjà un peu gourmande, mais, surtout pas sucraillon(n)e. La tubéreuse prend alors certains de ses atours habituels de séductrice. Pas les mêmes habits que dans Poison, mais, l’esprit des 80’s est pourtant bien là (Madonna, comme l’a dit Poisonflower, porte et a porté beaucoup de power-house opulents et capiteux). Il y a une certaine forme d’extravagance qui n’est plus du tout d’actualité de nos jours en parfumerie. Cela confère une petite aura vintage à ce parfum (dont même le flacon, qu’il vaut mieux oublier, fait un peu "flacon cheap de grandes surfaces dans les années 80" [et cercueil, ohmagad !] ). A ce moment précis, je pense aussi à cet autre monument qu’est Carnal Flower. Celle-ci est une diva plus complexe, plus belle diront presque tou(te)s, avec raison. La création de Stephen Nilsen et Madonna est plus simple, moins facettée. Elle ne vise pas le même public, et est, de ce fait, bien plus décomplexée. Ah bon, personne n’est surpris quand j’écris le terme "décomplexée" à propos de la fleur élaborée par Madonna ? ! ;-)
En cours d’évolution et jusqu’à la fin, plutôt que de se "bubble-gumiser" comme le fait Fracas (je le porte aussi celui-ci... LOL), Truth or Dare prend une autre direction. Douce, toujours. Mais, pas avec les mêmes ingrédients. Fracas se "bubble-gumise" à mon avis. Je m’explique : Il prend une couleur que je ne pourrais définir autrement que rose-orangé. Une note de Malabar aux fruits exotiques se développe et fait lien avec la tubéreuse (effet dû à l’anthranilate de méthyle, composant de certaines fleurs blanches, comme la fleur d’oranger ou la tubéreuse, et qui peut prendre une tournure fruits exotiques [comme dans Rubj de Vero Kern et un peu dans le Gardenia de Chanel ou Beyond Love de By Kilian, mais, en moindre mesure] ).
Truth or Dare, lui, choisit plutôt de se caraméliser par du benjoin un peu vanillé. Et, là, j’ai la sensation que Fracas a rencontré Candy de Prada. Quelqu’un qui portait Spicebomb a crû le reconnaître sur moi. Et, sur le coup, j’ai été totalement d’accord avec cette personne. Le benjoin fruité et caramélisé, encore une fois, probablement, confère, donc, une couleur qui, pour moi, se joue entre le jaune et l’orangé-doré. Lors du final, la tubéreuse perd tous ses accents verts, un peu grinçants (cette matière sent le petit-pois en tête, facette que la plupart des créateurs tentent d’effacer ; avant de se faire séductrice fatale, elle en parcourt du chemin depuis l’enfance !). Elle se fait toute ronde, douce, apaisante, un peu régressive, addictive et réconfortante. A aucun moment elle ne semble "synthétique" cette tubéreuse. Elle paraît très naturelle même quand elle se roule (dévergonde) dans les muscs cotonneux chaleureux et le benjoin (que le terme "muscs" n’effraie personne ; comme dans les parfums de Nartciso Rodriguez ou dans Flower de Kenzo, si on les sent, ils sont bien intégrés à la composition, ils ne la gâchent pas comme dans certains parfums parfois).
De mon point de vue, si ToD est très inspiré de Fracas, il est loin d’en être une simple copie tant le final de l’histoire, s’il semble prendre la même tournure aux nez non habitués, n’a que peu à voir pour le porteur de ces deux parfums que je suis. L’un est plus classique, avec les facettes exotiques solaires habituelles overdosées de la tubéreuse, quand l’autre prend des accents plus modernes, dans un benjoin gourmand pas collant contre le palais et des muscs confortables pas du tout lessiviels heureusement (Madonna aurait refusé d’incorporer des muscs synthétiques jusqu’à ce que le parfumeur lui explique la nécessité de le faire avec la suppression de certains "naturels", moment où elle aurait lâché un "F*ck IFRA" dont on entonne souvent la mélodie ici).
Selon mon humeur du jour, je trouve que, parfois, cette tubéreuse perd trop vite de son caractère initial. Mais, quand j’ai besoin de calme et de confort, elle est parfaite. En cela, il est étonnant d’observer les différents types de réactions qui peuvent avoir lieu. Alors que certain(e)s adorent et trouvent cette tubéreuse très douce et agréable, celles et ceux qui ne l’apprécient pas la trouvent violente, agressive, envahissante et ont un vrai mouvement de rejet physique (comme avec Poison, Tubéreuse Criminelle et son envol "Baygon vert" et autres Giorgio aux accents criards).
Bien que plus douce que les exemples tonitruants des années passées (50 à 90), elle polarise aussi et fait son petit effet ! Pimbêche pour les uns, un peu trop bêcheuse pour les autres. Personnellement, je la trouverais presque trop douce et caramélisée. Presque. L’évolution sur peau et vêtements est radicalement différente : L’aspect vert et camphré doux peut perdurer des heures sur tissu ; il s’évanouit très rapidement sur ma peau (trop chaude ? :-p). D’ailleurs, la plupart des blogs anglo-saxons considèrent qu’au vu de l’excellent rapport qualité-prix, de la qualité du produit, et de sa "portabilité" (entendre, par là, sa puissance qui se réduit rapidement), cela peut être un bon choix "friendly office" pour une tubéreuse de jour dont elle ne risque pas de voir sa porteuse (ou son porteur) entendre ses collègues la/le menacer de porter plainte pour atteinte au bien-être "non-olfactif" collectif au bureau.
En fait, comme je le disais plus haut, cette tubéreuse est à l’image de Madonna : Une vamp’ agressive too much, ou une vraie-fausse séductrice à la réputation de castratrice un peu surfaite bien plus charmante et douce qu’on ne l’imagine. La vérité se situe sûrement à peu près entre les deux. Selon le point de vue.
La question qui subsiste pour moi est comment vendre ce produit dont la tête reste, malgré tout, assez clivante, quand bien même, par la suite, cette fleur se fait assez ronde et douce ? On dirait presque que Madonna a fait ce parfum pour se faire plaisir à "Elle", à quelques perfumistas comme nous, et quelques femmes au goût assez affirmé (n’ayant pas peur de porter un parfum non "de marque", mais "de star")... Et, et... et puis c’est tout !
Ce parfum, pas trop dans l’air du temps, rend un bel hommage séduisant à cette fleur trop souvent un peu racoleuse. Ici, si elle se fait séduisante, elle est presque revêche au début. Si elle accepte de séduire, c’est après quelques efforts de ses spectatrices/teurs ! Oups, pardon, porteuses/teurs ! Séduisante mais pas "fille facile" en somme.
Je trouve que le parti pris, s’il n’est pas aussi culotté qu’on aurait pu le croire (avec ce benjoin qui devrait mettre beaucoup de monde d’accord au final), est quand même un peu risqué (avec cette légère bouffée de camphre qui peut rebuter avant le "soleil et la chaleur" apportés par les fleurs et baumes ensuite #Holiday...).
Merci beaucoup Poisonflower pour cette critique, qui permet de poser ce qui était une page blanche pour moi, tant je ne savais pas comment l’exprimer. Merci pour la critique, sa rédaction, les mots choisis. Et, de mettre ce parfum, distribué de manière (trop) sélective, en avant sur auparfum. (Il est distribué, en France, seulement chez Nocibé, partenaire de Coty, mais, c’est déjà probablement mieux que Carrefour et Auchan, autres lieux où sont vendus les "parfums de star(lette)s", de Britney, Beyonce et autres, quand ils parviennent à franchir la frontière française, pas vraiment un terrain d’accueil pour ce type de produits.)
Truth or Dare mérite qu’on se penche dessus. Et, je ne suis pas le seul à le penser. Les blogs anglo-saxons l’aiment aussi "plutôt très beaucoup". Mais, surtout, un habitué de ce site, et rédacteur occasionnel de grand talent sur AP, a déjà rendu également un joli hommage à cette "Tubéreuse bitchy". Il s’agit de Dau, qui considère que c’est, probablement, l’une des sorties mainstream, du premier semestre, la plus intéressante. Rien que ça ! Et, je ne suis pas sûr d’être loin d’être d’accord avec lui.. ;-)
A la recherche d’une tubéreuse pas trop chère et portable même au bureau, mais avec "son" caractère, c’est par ici qu’on peut lire un autre avis tout aussi enthousiaste et intéressant... ;-)
#promotion#marketing#Mdna
Encore merci pour ce bel article Poisonflower.
#ravi
Un petit conseil aux lectrices/lecteurs qui auront l’occasion de nous lire : Allez vous faire votre propre opinion si vous en avez l’occasion, qu’elle soit positive ou pas. Mais, cela vaut un petit détour (bien plus que des choses qu’on nous vante comme bien plus précieuses jusqu’à l’adoration...).
A très bientôt.
Opium
Ps : Bien entendu, durant le concert de la "patronne", c’est bien Truth or Dare que je portais...
#tonsurton
Nb : Je mets 4 étoiles. Pour l’article d’abord.
Et, car, à "chiche ou vérité", la vérité va plutôt dans le bon sens quand il s’est agi de passer à l’action (de nous sortir un parfum qui a un peu de culot, de c*uilles, et qui est bien fichu) ! Poisonflower : Equation à deux inconnues résolue ! Madonna n’a trahi ni la tubéreuse, ni le Parfum !
ToD mériterait un 3 étoiles dans l’absolu. Mais, au vu du marché du mainstream et des "parfums de célébrités", il mériterait 5/4. Le tout nous fait, donc, une moyenne de 4 ! (Ok, là, je ne suis plus vraiment objectif... Tant pis... ^^)
#fan...
#...duparfum
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