Qui est propre, qui est sale ?
par Iridescente, le 6 septembre 2019
On dit que la réputation de saleté repoussante des Français provient des habitudes hygiéniques désastreuses de la Cour du Roi-Soleil ; de fait, à l’époque moderne – de la Renaissance à la Révolution – les Européens étaient relativement plus sales qu’au Moyen Âge, où l’on pratiquait encore les étuves, ces bains publics que l’Église fit bientôt fermer pour cause de promiscuité licencieuse.
Au milieu du XVIIIe siècle, les Français étaient considérablement plus propres, et d’ailleurs les habitudes parfumées ont changé du tout au tout, l’eau de Cologne déferlant sur l’Europe aisée à la place des capiteux muscs des monarchies passées. Dans le même temps, l’hygiénisme en plein essor faisait écho aux injonctions ecclésiastiques en matière de pudeur : alors que les écrivains et artistes du XVIIe siècle ne répugnaient guère à faire leur miel des déjections humaines, notamment, le raffinement grandissant de la société française approchant l’ère contemporaine s’éloignait davantage de l’animalité.
Quoi qu’il en soit, il ne faut surtout pas négliger le puritanisme protestant des sociétés anglo-saxonnes, en particulier chez les exilés américains pour qui les catholiques européens puaient d’autant plus physiquement qu’ils puaient moralement. Vieille rangaine qui prend sa source dans la plus haute Antiquité, où des théories médicales développaient abondamment les liens entre saleté physique et vices moraux.
Ensuite, ne négligeons pas l’immense répugnance des Nord-Américains pour deux habitudes alimentaires françaises (en réalité plus généralement européennes, surtout du Sud – qu’ils connaissent fort mal) qu’ils ne partagent absolument pas : le fromage non-pasteurisé très fait, et l’ail. Or, on sait très bien aujourd’hui que le système immunitaire porte la trace des nourritures consommées régulièrement, de sorte que différents groupes ethniques auront des odeurs distinctes, perceptibles seulement par d’autres... Au nez des Asiatiques, par exemple, les Français sont réputés puer le beurre ! En outre, pour les Japonais, qui se douchent et se baignent plusieurs fois par jour, tous les Occidentaux tendent à drôlement cocotter.
Votre réponse
à la une
Smell Talks : Céline Ellena – L’illusion de l’olfaction
Compositrice de fragrances indépendante et rédactrice pour Nez, la créatrice nous explique comment le parfumeur se joue de notre odorat avec sa palette.
en ce moment
il y a 12 heures
Bonjour, Merci pour votre retour. Je n’ai malheureusement pas l’occasion d’aller à la capitale.(…)
hier
Je vous conseille également L’Instant pour homme, un patchouli élégant, gourmand qui est assez(…)
Dernières critiques
L’Eau pâle - Courrèges
Lavande délavée
Mortel noir - Trudon
Église en flammes
Infusion de gingembre - Prada
Fraîcheur souterraine
il y a 4 heures
Toujours si intéressant de vous lire, Petrichor ! Merci pr tous ces conseils. En fait je(…)