Un parfum, au bon moment, au bon endroit.
par jle, le 26 janvier 2011
Il existe clairement une association plus ou moins inconsciente entre l’odeur et ce qu’on en sait, entre l’odeur et l’instant, les sentiments, l’humeur ou le lieu.
Comme tous ceux qui postent ici, je passe du temps chez les parfumeurs mettre mon nez partout et il m’est malgré tout arrivé de vertement critiquer une star des ventes ou un parfum culte sur la simple foi de mon goût. A mon sens ce qui nous guide est l’attirance pour telle ou telle association de flaveurs, pour telle molécule en particulier et me concernant, surtout par la curiosité. Je ne peux pas m’imaginer drapé une vie entière dans le même parfum et pourtant, je porte 90% du temps des jeans et des pulls en cachemire... Il faut croire que je m’habille de senteurs, que ma peau (quand elle les supporte) préfère les flaveurs aux fringues !!
Découvrir un parfum est comme tenir en main un nouveau livre. Je viens par exemple de découvrir un écrivain qui utilise des odeurs en lieu et place des mots, Jean-Claude Ellena, du coup je campe chez Hermès après avoir mis racine chez Guerlain et hanté l’Artisan Parfumeur rue du Bourg Tibourg.
Passé l’émotion, le choc du premier contact, il me faut un échantillon pour pouvoir sereinement apprivoiser et apprécier le travail d’un créateur. Je ne peux de toute manière pas résister plus de quelques minutes dans les ambiances sursaturées de flaveurs et déteste les Séphora et autres Marionnaud où dans le fracas vulgaire et tape à l’œil de rayons incomplets, des vendeurs malhabiles tentent de vous placer les jus les plus communs à l’aide de phrases toutes faites.
Un parfum n’existe que dans le plaisir qu’il suscite chez qui le porte. Bien sûr j’ai au fond de moi le musc qui représentera toujours ma mère, la feuille de figue d’une ex, le jasmin d’une autre, mais je n’aime pas pour autant ces senteurs. Certes elles évoquent, mais pour certaines d’entre elles dérangent aussi. L’ambre, le patchouli, les fruits, les jus trop sucrés, trop stéréotypés, trop portés, les associations vulgaires, les senteurs puant la chimie ou la lessive, tout ça agit tel un repoussoir. Vous aurez beau me présenter ma femme, mon meilleur ami, une ex de braise ou un parent cher comme « support », si vous le vaporisez d’un attentat olfactif, je ne pourrai faire à moins de le lui dire…
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