Auparfum

Coco

Yohan Cervi (Newyorker)

par Yohan Cervi (Newyorker), le 30 mars 2013

Coco c’est grand parfum complexe que je ne cesse de redécouvrir au fil des années. Je l’ai toujours aimé, il a toujours fait partie de mon top 20 mais pour la première fois, je le porte. Ce satané printemps ne voulant pas pointer le bout de son nez, il est encore parfait par ces temps hivernaux.

La plupart du temps chez Chanel, ce sont les eaux de toilette que je préfère (N°5, N°19..) ou les extraits (Cuir de Russie, N°22, Bois des Iles...). Longtemps, donc, j’ai trouvé l’eau de toilette Coco plus belle que l’eau de parfum (je ne parle pas de l’extrait que je trouve plutôt râté) car plus équilibrée, plus fusante, aérienne et plus facile à décomposer, moins "boule", mois gifoutou quoi. Et puis finalement, et je ne sais pas pourquoi, mon choix s’est porté sur l’EDP et je ne le regrette pas.
Une vieille prune macérée dans de l’alcool, une pêche confite, une rose riche et orientale, du jasmin, une jolie fleur d’oranger, l’exotique ylang, de la cannelle et du clou de girofle, de la vanille et du santal, c’est tout ça que je sens dans ce parfum. Je retrouve bien dans Coco plusieurs (énormes) points communs déjà évoqués ici avec Égoïste mais aussi avec Cuir de Russie (une savonnette boisée pour moi, surtout en EDT, n’est pas Le Tabac Blond qui veut :)...Vais me faire taper sur les doigts moi) car Coco se "cuire" légèrement sur ma peau au fil des heures.

J’avais peur de sentir la cocotte, et bien à priori non, ça passe, je n’ai pas l’impression de sortir de chez Michou ^^. C’est un bel oriental, mais, comme souvent chez Chanel, ni subversif, ni animal, c’est dompté et maitrisé, c’est pas Guerlain ou Lutens quoi. Et il diffuse, diffuse...C’est assez jouissif de laisser un tel sillage. Ce n’est pas un parfum qui m’émeut comme l’Heure Bleue, ce n’est pas un doudou mais plutôt un coup de fouet qui vous requinque, vous redonne du panache, de la fierté. J’imagine toujours Venise, mais aussi un intérieur parisien Art Déco, à la décoration chargée et empreinte d’exotisme, pleins de couleurs, des boiseries, des tapisseries, des bibelots ramenés des quatre coins du monde.

Finalement, la seule chose qui me gêne, c’est son nom, hommage à Gabrielle Chanel, à la femme, qui était une vraie saleté (pour être poli). Je me souviens que Françoise Sagan racontait que lors d’un diner en compagnie de Coco Chanel, elle avait dû quitté la table car elle ne pouvait plus supporter les propos antisémites de la couturière. Après c’est toujours la même chose : ne faut il pas dissocier un artiste en tant que personne de son œuvre ? L’exemple qui m’a toujours posé problème c’est Céline. Mais bon c’est un autre débat. Avec ce parfum, j’entrevois la couturière dans ses intérieurs, accompagnée de ses amis et amants comme le Grand Duc Dimitri Pavlovitch de Russie, neveu de Nicolas II et assassin de Raspoutine. Hop, quatre étoiles. Ca fait du bien de pouvoir revenir à certains fondamentaux, à une belle parfumerie mainstream qui a fait ses preuves et qui n’est pas encore défigurée/liftée par une grosse reformulation.

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