Auparfum

Pourquoi n’y a-t-il plus de bons parfums masculins...

Opium

par Opium, le 10 juin 2014

Bonjour Donald Bovy.

J’aimerais tant être aussi optimiste que vous.

Je comprends bien que l’arrivée de la liberté et de la créativité du secteur niche ont dû paraître bienvenus alors que la parfumerie commençait à sombrer dans la grande vague continue de médiocrité qui dure toujours actuellement.

Le souci, c’est qu’au final nous sommes d’accord. Vous situez la période des problèmes et de l’uniformisation avec les « mauvais » parfums aux alentours des années 80 et 90. C’est bien ce que je répète souvent ici.
(Thierry, un ami, nous disait encore samedi midi à propos de Poison dont il a connu l’invasion à peu près partout que, je cite : "Je crois que c’est avec lui que tout a foutu le camp..."" ^^
En fait, même si j’aime chacun des trois parfums que je vais citer, ils représentent trois des moments qui vont bouleverser la parfumerie contemporaine et contenaient tous trois les vers du marketing outrancier et de la vulgarité des notes et des campagnes de publicité qui nuiront tant ensuite en devenant les mètres étalons à reproduire jusqu’à l’écœurement : Opium, Poison et Angel. Ce sont trois parfums à forte personnalité que j’adore et vénère. Mais, il me faut admettre aussi qu’ils ont été des étapes nécessaires vers le tout marketing. Différence majeure avec l’époque actuelle : ces trois parfums (complexes) avaient de la personnalité (quitte à exaspérer) et on le disait ; aujourd’hui, on vante la personnalité de trucs (simplistes) qui n’en ont aucune (en dehors, peut-être, d’exaspérer par les calories ingurgitées à chaque inspiration)... ^^)

De la même manière, le journaliste précise une période de créativité en citant Grey Flannel, parfum qui a été créé en 1975, soit avant le début de ce que nous connaissons bien ici sur auparfum : une parfumerie répétitive qui copie-colle les succès déjà réalisés sans âme, tirée de l’environnement immédiat des gens interrogés durant des tests consommateurs qui visent à sortir le fil conducteur commun, à savoir pour simplifier, les arômes alimentaires, de shampooings, gels douches, mousses à raser et déodorants qui sont les objets de la cuisine et de la salle de bains.

Donc, au final, vous allez dans le sens de la critique du journaliste.

Je vais encore une fois citer un ami, Thierry toujours : « Jusqu’à la fin des années 70, tout était bien, parfois vulgaire mais rarement, et toujours de qualité ; après... »

De plus, sans tirer une sonnette d’alarme, bien malvenue pour un domaine aussi peu « important » au final, au sens de non-essentiel, il peut être utile d’être vigilants. Parce que que la niche - de plus en plus mise en concurrence, même par des gens de toute bonne foi mais qui n’y connaissent pour ainsi dire pour la plupart (soyons honnêtes...), rien en « parfums » en dehors d’en porter eux mêmes - parce que que cette niche, donc, tente de jouer de plus en plus « hors niche » et se prend pour la grenouille qui veut se faire plus grosse que le bœuf, on voit de plus en plus de produits calibrés grand public, sans originalité, sans âme, sans vibration, juste là pour augmenter la rentabilité et pour vendre. Vendre c’est très bien. Mais, que chacun reste à sa place, le grand public nul d’un côté rarement sauvé par de jolies choses et le niche médiocre très moyen de l’autre.

Auparfum est juste là pour tenter d’augmenter le sens critique afin que, peut-être, on soit plus exigeant et que la qualité augmente en grand public et se maintienne (au moins, voire évolue) en niche. N’être ni désabusé ni « ravi de la crèche ».

Vous avez raison, nous avons eu Dior Homme et Terre, mais, c’était il y a déjà près de huit ans, soit une éternité dans ce genre de domaine. Ce dernier serait lancé aujourd’hui que, c’est ce que je disais à mes camarades collaborateurs ici, je trouverais cela génial, même en niche hyper pointue hypissime ; car ce parfum arrive à concilier accessibilité relative et codes élégants, équilibrés, novateurs, pointus et, tout bêtement, grande beauté.

A propos du relativisme qu’il faut toujours conserver à l’esprit en matière d’objets présents, vous avez pour partie raison. Toutefois, si on regarde avec une certaine nostalgie des objets du passé, même ceux qu’on a peu désirés au moment de leur sortie, ils peuvent ne jamais devenir des objets chéris finalement, quelle que soit la quantité d’eau qui coulerait sous les ponts. ;-)

Par exemple, lors d’une brocante, j’ai retrouvé un fond de Liberté Acidulée des Belles de Nina Ricci, le flacon vert et rose qui sentait la framboise et la feuille de tomate. Je l’ai porté. Mais, là, oui, j’ai senti vaguement la feuille de tomate si originale à l’époque. Mais, ce que j’ai rencontré surtout, c’est un sirop de framboise bien sucré, j’ai donc passé mon chemin et n’ai pas craqué sur ce parfum, quelle que soit sa valeur relative.

De la même manière, les parfums de la période que vous citez ne sont pas non plus ma tasse de thé. Ils ont beau avoir aujourd’hui près de vingt ans, je ne les apprécie toujours pas beaucoup plus.

Trésor, Paris et Poème, bien que très originaux à l’époque de leur lancement, ne m’ont jamais parlé. Ils ne le font toujours pas plus. Ils continuent à manquer de cette grâce naturelle qui, selon moi, leur fait défaut. Mes articles à propos d’Amarige et d’Eden en sont, je crois, de bons exemples.

Là où vous avez raison, c’est pour bon nombre de Guerlain, qui ne faisaient pas assez Guerlain justement et que, rétrospectivement, on trouve plutôt intéressants ; il en est ainsi de Champs-Elysées et de Mahora/Mayotte par exemple, mais il y en a bien d’autres parmi les parfums sortis assez récemment.

Donc , parfois, effectivement, on peut retrouver des objets mal aimés du temps de leur tentative de gloire. Mais, pas toujours.

En espérant que tout ceci soit utile.

Passez une agréable journée.

Opium

Votre réponse

Forum sur abonnement

Pour participer à ce forum, vous devez vous enregistrer au préalable. Merci d’indiquer ci-dessous l’identifiant personnel qui vous a été fourni. Si vous n’êtes pas enregistré, vous devez vous inscrire.

à la une

C'est du propre ! La revue de sorties décapantes qui annoncent le printemps

C’est du propre ! La revue de sorties décapantes qui annoncent le printemps

À peine sommes-nous sortis de l’hiver que les bureaux de Nez et d’Auparfum sentent à plein nez le linge propre et le coton immaculé. L'occasion de vous livrer une nouvelle revue… tout droit sortie du pressing.

en ce moment

il y a 11 heures

Lutens ? on va finir par s’emmer...avec ses nouvelles créations lessivielles ...pour les autres,(…)

VanessaC a commenté Le Chypre

il y a 5 jours

Bonjour J’arrive sûrement un peu tard mais le nom du parfumeur pourrait être Sauzé Frères Paris.(…)

il y a 1 semaine

Hooo , je ne savais pas qu’il avait été reformulé, moi qui pensais m’en reprendre un car mon flacon(…)

Dernières critiques

Aigue Monème - Iroise

Eau archangélique

Expedição - Granado

Accord intercontinental

Avec le soutien de nos grands partenaires