Sécrétions magnifiques

Je rejoins exactement les impressions de Jeanne à propos de ce parfum et de cette marque. Je n’ai pas osé l’essayer sur la peau, mais je tenterai l’expérience un de ces jours. J’ai eu exactement la même réaction : répulsion violente au départ, puis l’envie d’y retourner...

Pour le rapport entre sexualité et parfum, je ne suis pas sûr que ce parfum soit fait pour être aphrodisiaque ou stimuler le désir. C’est, à la limite plus un parfum corporel que strictement sexuel. De plus, c’est vrai que la parfumerie n’a pas attendu ELO pour prendre conscience des vertus aphrodisiaques des odeurs, mais les grandes marques de parfumerie mettent en avant une notion de sensualité et de séduction totalement aseptisée et idéalisée, à grands renforts de très jolis et jeunes gens, soigneusement retouchés par photoshop, et qui n’ont pas grand chose à voir avec la "vraie" sexualité de M. et Mme Toutlemonde. On ne peut pas dire que la grande mode actuelle des parfums gourmands assume la part érotique des parfums, il s’agit plutôt de jouer sur le côté régressif, rappelant l’enfance.

Je ne porterai sans doute jamais ce parfum, mais je suis content qu’il existe et d’avoir pu le sentir.

Parfaitement d’accord, les consommateurs s’en doutent, les passionnés et les parfumeurs le savent, les plus grands succès en parfumerie, ceux dont on fait des légendes sont les parfums qui stimulent notre odorat par des notes sexuelles ! En matière de relations humaines comme en parfumerie, je préfère de loin l’érotisme à la pornographie... mais tous les goûts sont dans la nature, si certains aiment se vaporiser des sécrétions sur la peau, ce n’est pas moi qui vait les en empêcher !

Ce n’est pas moi qui dirai le contraire... la parfumerie française, comme la gastronomie, doit sa qualité et sa spécificité parce que nous avons culturellement moins de tabous que les anglos-saxons à utiliser des notes désagréables ... au moins savons nous reconnaitre la "sensualité" des muscs indolés par exemple, les maitriser et les esthétiser pour en faire des parfums. Sécrétions magnifiques déclanche l’envie de vomir, ce n’est plus de la parfumerie !
Parmis la parfumerie existante, une belle cologne, un beau patchouli, un bel aldhéhydé, un beau musc blanc sont tout aussi sexuels que ces choses à peine travaillées ou recyclées, markétées autour du sexe pour se vendre et qui n’apportent rien de plus que d’offrir un débouché à un grand groupe de création que je taierai et qui, je le rappelle, avait cherché à une époque à vendre ses arômes pour accentuer le goût du vin ... sans scrupule aucun...alors ?!

jerryb, les notes indoles de Joy proviennent naturellement de la forte concentration de jasmin, quand bien meme s ’agit-il du Jasmin de Grasse (je parle uniquement de l ’extrait et des formulations pre-Proter&Gamble). JOY c ’est la quintessence du melange de notes sexuelles et de fleurs ! alors bien sur le concept n ’est pas celui de Secretions Magnifiques, on va pas prendre les choses au premier degre, n ’empeche que l ’
extrait de parfum est coquin ! comme le souligne Jean-Paul Goude, les plus beaux parfums sont ceux qui juxtaposent fleurs et notes sexuelles. Luca Turin estime que les notes sexuelles c ’est ce qui fait la specificite des grands parfums francais, a son grand regret ca n ’existe pas dans la parfumerie anglaise.

Cette création en tant qu’oeuvre peut se justifier ... la qualifier de parfum, je doute ? Précision, l’utilisation (pas le mélange) d’indol (naturellement présent dans le jasmin) dans Joy n’a de but que de "fixer" les notes florales pour texturer le parfum, pas de lui donner un aspect sexuel. En revanche, la présence de certains aldéhydes dans N°5 n’est surement pas étrangère à son succès auprés des femmes et des hommes... ils ne seraient pas étrangés dans l’attirance sexuelle. Autre exemple, portez Sicily de D&G (il en contient), vous verrez l’effet .... à bientôt !

Vero, Secretions Magnifiques est bel et bien un parfum (de loin le plus interessant de toute la gamme). il existe des ouds et attars tout aussi deconcertants et sexuels si ce n ’est plus vous savez (voir mon post Ou va la parfumerie 1/4). finalement mis a part l ’execution autour de nouvelles molecules olfactives, s ’agit-il d ’une innovation ? prenez JOY en extrait c ’est le meme principe, le melange d ’indoles aux plus belles fleurs. that being said je suis heureuse qu ’un tel concept et qu ’un tel parfum existent sur le marche.

pour les anglophones, Luca Turin s ’exprime a propos de Secretions Magnifiques ici :
http://www.nzzfolio.ch/www/d80bd71b-b264-4db4-afd0-277884b93470/showarticle/c235f235-6de2-4971-bfde-362c4ec6f98a.aspx

je deteste, pas de probleme, ce n’est pas un parfum pour moi. Une recherche, un concept, certes, mais pas un parfum, ça non....Autant j’aime Divin enfant à la guimauve fleur d’oranger, Putain des palaces et son rétro poudré ou encore Rien cuir sans concession dans le style de l’air de rien de Miller Harris
mais celui la, j’ai eu envie de vomir dès que je l’ai senti !

Absolument pas d’accord. ELO n’a de justification que dans le "recyclage" de vieux accords (parfois créés dans les années 80) rejetés ou qui ont été oubliés par le grand public. Trouver un concept décalé pour les vendre en dégageant de la marge .... voilà l’objectif ! Trop, c’est trop, la parfumerie, déjà envahie d’horreur, n’avait pas besoin de ça !

Poivre Bleu, je comprends votre point de vue, je veux juste préciser que ce que je j’admire ici, c’est avant tout le travail du parfumeur, au service d’un concept, qui est, lui, certes, plus discutable, je l’admets.... Mais procurer une telle réaction et impression de jamais-senti mérite que ce soit mis en avant, que l’on aime ou pas l’idée qui est derrière. Je suis tout à fait d’accord que la parfumerie n’a pas attendu ELO pour inventer la charge érotique des odeurs !
Ce que j’apprécie avant tout dans cette marque, plus que la soit-disant révolution sexuelle annoncée, c’est l’humour, le ton décalé, second degré et l’esthétique en rupture avec le marché actuel. (cf la suite du dossier "où va la parfumerie" demain !)

Essayer des choses et des accords nouveaux, c’est un peu une sorte de Recherche-Développement pour la parfumerie : c’est indispensable pour son évolution et son avenir. Comme des Garçons se distingue sur ce point, car il s’agit vraiment de faire des "essais" : Odeur 53 et 71, Série 6 Synthetic... Qui sont acceuillis de façon très hétéroclite de la part du public. C’est le cas aussi pour Etat Libre d’Orange, à la différence que les concepteurs ont forcé un détail qui a pour moi discrédité l’ensemble. Me rendant à la boutique j’ai certes découvert des choses intéressantes : Putains des Palaces, Jasmin et Cigarette, Vierges et Toréros... Même Sécrétions Magnifiques mérite une analyse au delà du rejet primaire. Mais mon impression finale fut vraiment désagréable, j’avais l’impression de devoir porter mon sexe devant moi, comme si faire autrement, c’était être rétrograde et mal à l’aise avec ma sexualité. Le concept est grotesque et forcé. A quel âge arrête-t-on de dessiner des pénis sur les tables d’écoles ou sur le mur des toilettes ? On peut lire sur leur site internet qu’Etat Libre d’Orange entend restituer au parfum "sa charge érotique". Depuis combien de temps savons-nous que les parfums sont un outil de séduction (au sens large) ? Qu’ils sont sensuels et ont une incidence sur la sexualité de chacun d’entre nous ? C’est inscrit dans les livres ancestraux depuis des millénaires. De ce fait, comment Etat Libre d’Orange justifie-t-il le fait de flatter à ce point l’instinct sexuel, celui qui préocupe tant (trop) les gens de nos jours, alors que la marque se dit libre et affranchie des concept marketing ? Cette maison aura du succès sans l’ombre d’un doute, et Sécrétions Magnifiques aussi, je suis seulement déçue qu’une fois de plus il soit nécessaire de faire autant de bruit et de flan (car on peut faire autrement j’en suis convaincue) pour inciter les gens à ouvrir un peu leur nez et à sortir des sentiers battus.