Passé mythique, mode féminine et exotisme magnétique : la revue de sorties parfums #13
par Jessica Mignot, le 16 janvier 2022
Parce qu’il y a de plus en plus de lancements, y compris dans les marques de niche, et que l’équipe d’Auparfum tient à vous informer de façon la plus complète possible, voici la revue de sorties, tour d’horizon des flacons qui sont arrivés sur nos bureaux ces dernières semaines.
Face au présent un peu morose qui n’évoque pas vraiment de rêveries inspirantes, la parfumerie nous propose d’explorer les mythes et les époques dorées du passé.
Avec Blanche bête, les Liquides imaginaires mettent ainsi en odeurs « l’animal qui jamais n’a été », la mystérieuse licorne, figurée par un bouquet de fleurs blanches lactées et musquées, aux intonations de noix de coco et de tubéreuse, signé Louise Turner de Givaudan. Il rejoint la collection des « Eaux de Peau » de la marque de Philippe Di Méo, après Peau de bête, Bête humaine et Belle bête (ce dernier étant par ailleurs supprimé).
Eau de parfum 250 euros/100 ml
Un autre mythe, celui de Koré - plus connue sous le nom de Perséphone - est célébré par la maison sicilienne Via Dei Mille, sous la direction artistique de Stefano Alderuccio. Kore Sacra conte les différents hasards qui ont mené d’un souvenir d’enfance au sanctuaire disparu de la déesse à Enna, où l’on brodait des cœurs votifs au XVIIIe siècle. La parfumeuse Nathalie Koobus mêle ainsi à la grenade, « l’un des fruits les plus mystérieux de l’Antiquité », une facette d’encens qui figure « le culte du sacré qui perdure » avec l’oliban, le palo santo et le benjoin, dans un accord résineux et fruit confit plutôt réussi.
Eau de parfum 165 euros/100ml
Hommage à un passé plus proche avec Joseph Duclos, du nom de l’entrepreneur du XVIIIe siècle qui réunissait trois tanneries à Lectoure, près de Toulouse. Ramesh Nair, actuel directeur artistique de la marque de maroquinerie, a fait appel à Nathalie Feisthauer pour créer une gamme de quatre parfums, chacun évoquant l’un des cours d’eau de ce site historique. Source Lectoure est une cologne fraîche d’agrumes et de zestes de Mandora ; dans Source Saint-Clair, la vanille côtoie le poivre de Timut et le girofle ; Source Fontélie nous offre un « voyage des sens » avec son oud du Vietnam, sa rose de Bulgarie et son géranium d’Égypte ; Source Diane, enfin, est un bouquet de tubéreuse, de rose et de jasmin. Mention spéciale à la beauté des flacons, et à la sobriété élégante des parfums.
Eaux de parfum 200 euros/100ml
Rachetée en 2004 par la maison brésilienne Granado, qui lançait en septembre dernier un Époque tropical décrit comme un « voyage dans la Belle époque Brasileira » de la fin du XIXe siècle, la marque Phebo nous plonge dans une époque plus récente mais toujours fantasmée, celle de l’Art Déco. Composé par Alberto Morillas de Firmenich, Bronze intense nous emmène dans les « nuits luxueuses des années 30 » aux effluves de rhum boisés, ambrés et vanillés.
Eau de parfum 98 euros/100ml
On retrouve les années 1930, mais également 1950 et 1980, mises à l’honneur par la nouvelle marque Onskad, fondée par Virginie Dhoye, qui nous invite là encore à « vivre et revivre des sensations de ces décennies passées » en reprenant les codes du style féminin d’alors. Léa Hiram a signé les trois premiers parfums de cette collection rétrospective : 30’ propose « un sillage cuiré, tabacé, voluptueux et nuancé d’effets poudrés » pour habiller la garçonne ; 50’ dessine « un accord chypré floral qui présage des facettes énigmatiques » et 80’ projette un « sillage extensible tel un lycra détonateur et pulpeux », composé d’ylang, d’œillet, de datura et de notes ambrées et vanillées. Des compositions pas forcément en lien direct avec les tendances de chaque époque, mais complexes et évolutives.
Eaux de parfum 160 euros/100ml
La mode féminine inspire également Fragonard, qui s’éloigne du lycra pour rendre « hommage à la haute couture française » avec sa Belle de Paris. Après le mimosa de Belle de Grasse, le figuier de Beau de Provence et la fleur d’oranger de Belle d’Arles, la marque met à l’honneur l’iris, ce « symbole de chic ». Daniela Andrier de Givaudan l’orne de mandarine, de néroli, de poire, de violette, d’encens, de muscs et de cèdre. Simple et délicat.
Eau de parfum 36 euros/ 100ml
Le prêt-à-porter n’est pas en reste, comme en témoigne Naf Naf qui célèbre avec une nouvelle gamme de cinq parfums les différentes facettes des femmes - au choix : « pétillante, piquante, solaire, magnétique, explosive ». Spicy Rose, signé Alexandra Carlin de Symrise, est un floral musqué pensé comme « une déclaration d’amour à la fois fraîche, piquante et généreuse » entre poivre, litchi, framboise, roses bulgares, patchouli et bois ambrés. Alexis Dadier, de Robertet, a composé Magic Fizz, Hello Paradise et Crazy Drop. Le premier, avec ses notes de thé, de bergamote et de cire d’abeille, est présenté comme « une recharge énergétique émotionnelle », et constitue une bonne surprise. Dans le deuxième, mangue, tiaré et accord lait de coco témoignent d’un « fulgurant désir d’exotisme », surfant plus sur une tendance fruitée gourmande, comme les suivants. Le troisième mêle cerise, rose et vanille pour « une dose de tendresse réconfortante ». Enfin, Marine Ipert de Symrise a créé Magnetic Kiss comme un « floriental fruité gourmand » : poire, jasmin et pistache y tiennent les rôles principaux.
Eaux de parfum 39,90 euros/ 50ml
De magnétisme il est question également dans la nouveauté de la Maison Crivelli, Patchouli Magnetik. Le fondateur de la marque, invité du podcast de Nez, a fait appel à Quentin Bisch pour retranscrire le souvenir d’une « expédition en moto à travers des plantations de patchouli, pendant une tempête tropicale ». En résulte un extrait qualifié de « boisé solaire » où la feuille emblématique s’accompagne de pêche blanche, gardénia, santal, benjoin, vanille, et de deux captifs Givaudan, le Karmaflor et le Nymphéal. Très intense, et sucré.
Extrait de parfum 195 euros/ 50ml
Et parce qu’après la tempête vient le calme, Lush - qui a récemment fait part de sa décision de quitter les réseaux sociaux - surfe sur la tendance cannabis avec un parfum « relaxant infusé au CBD », accompagné de santal et de patchouli, pour « prendre de la hauteur ». 4:20pm, nommé en référence à un nom de code de la marijuana, fait aussi écho à l’heure à laquelle l’un des fondateurs de la marque, Mark Constantine, à l’origine de la création, prenait son bain pendant le confinement. Il suit ainsi Shade, un accord santal-oliban signé Emma Dick lancé en septembre, et Pansy, remise en avant d’une composition de 1993, construit autour du romarin et de la fleur d’oranger.
4:20pm, Shade : 35 euros/30 ml, Pansy 25 euros/30 ml
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