If, by R.K., le voyage initiatique de Frapin en Inde

par Anne-Sophie Hojlo, le 9 octobre 2019

La vénérable maison de cognac marche cette fois sur les traces de Rudyard Kipling pour un hommage au santal de Mysore.

Nées à l’origine afin de décliner en parfumerie l’univers du cognac, spécialité de la maison depuis 1270, les créations Frapin ont peu à peu étendu leur inspiration à une masculinité « héritée du dix-neuvième siècle, siècle des poètes, des commerçants, voyageurs et aventuriers, des parfumeurs et distillateurs d’alcools et d’émotions ».

C’est le célèbre poème de Rudyard Kipling, « If », traduit en français par « Tu seras un homme mon fils », qui a servi de point de départ à cette nouvelle composition imaginée par Anne-Sophie Behaghel, parfumeur chez Flair, et David Frossard, fondateur et directeur artistique de la maison.
L’écrivain étant né à Bombay, ils nous emmènent bien loin des terres cognaçaises, en Inde, et plus précisément dans la région du Karnataka, réputée pour son précieux santal de Mysore (son huile essentielle, devenue de plus en plus rare et chère, ayant quasiment déserté les palettes des parfumeurs).

Pour évoquer son « pouvoir d’élévation des âmes », puisé entre « terre froide vibrante à l’allure de steppe » et « nature luxuriante, exotique et verdoyante », la créatrice a habillé ses notes douces et lactées de gingembre frais, poivre, bergamote, lait de figue, cannelle de Ceylan, bois de Cashmere, patchouli, bois de gaïac et fève tonka.

Eau de parfum 125 euros/100 ml
Déjà disponible

Premières impressions

Une bouffée d’épices soufflant le chaud et le froid, entre poivre, muscade et cannelle, sonne le départ d’un plaisant voyage en Inde. Sous ces auspices exotiques, la rondeur lactée du santal et du lait de figue revendiqué prend des airs de crème de coco. Mais une structure boisée robuste éloigne bien vite la composition de toute évocation culinaire, et nous ramène dans des contrées plus occidentales. Couplée au crémeux de la fève tonka, elle finit par évoquer la sensualité testostéronée et néanmoins poudrée de Body Kouros. Dommage que des notes râpeuses de bois ambrés s’invitent un peu trop rapidement et bruyamment dans la danse.