Auparfum

Justine Lacaille (L’Artisan Parfumeur) : "Nous avons travaillé avec Sephora pour proposer une sélection adaptée à leur clientèle"

par Thomas Dominguès (Opium), le 9 septembre 2014

Voir aussi L’Artisan Parfumeur chez Sephora, une nouvelle définition de la niche ?

Bonjour Justine,

Tout d’abord, nos lecteurs ne vous connaissent pas, voulez-vous nous raconter un peu qui vous êtes, quel a été votre parcours et quelles sont vos fonctions chez L’Artisan Parfumeur ?

Passionnée de parfums et de L’Artisan Parfumeur, j’ai acheté mon premier parfum « de niche » chez L’Artisan Parfumeur : Safran Troublant. Fidèle lectrice d’Auparfum depuis de nombreuses années, je suis responsable de la communication chez L’Artisan Parfumeur depuis maintenant plus de deux ans.

L’Artisan Parfumeur, du fait de son histoire et en tant que précurseur dans de nombreux domaines, relève d’un fort attachement parmi les passionnés. De cela, découlent des réactions franches et chargées d’inquiétudes et doutes.

Voici certaines de leurs interrogations et des nôtres :

- La distribution du Sephora des Champs-Élysées est-elle celle de la dizaine de produits en vente sur le site internet Sephora ou y en a-t-il d’autres ?

Seulement douze parfums sont disponibles chez Sephora. Les Explosions d’Emotions sont uniquement disponibles au Sephora des Champs Elysées et sur le site internet.

- La sélection sur le site sera-t-elle élargie ?

Pour le moment, non.

- Nous connaissons les règles de la grande distribution, qui a déterminé cette sélection (vous et/ou Sephora) ?

Nous avons travaillé avec Sephora pour proposer une sélection adaptée à leur clientèle.

- La distribution se fera-t-elle physiquement dans d’autres magasins de ce distributeur ou chez d’autres distributeurs ? Autrement dit, la distribution physique sera-t-elle amenée à s’accroître ?

L’Artisan Parfumeur sera également disponible physiquement dans les magasins de Ternes, Beaugrenelle et Passy à partir de fin septembre.

- Un de nos lecteurs a utilisé l’image d’une dilution et d’un effet d’écrasement dans un environnement très concurrentiel et peu qualitatif. Certains produits, les plus innovants, les plus créatifs/"créateur" (les plus "niche" en somme) ne risquent-ils pas d’être amenés à disparaître ? Qu’en pensez-vous ?

La concurrence est très rude c’est vrai, je pense que seules les marques qui ont une vraie légitimité/un concept très fort resteront. L’important est de se démarquer des autres dans ce marché saturé.

- Un autre a également peur d’une dilution en termes de qualité et s’interroge sur le positionnement entre des parfums destinés à un public plus aisé (Explosions d’Émotions) et une distribution accessible à un bien plus grand nombre ; ne s’agit-il pas d’un trop grand écart ?

La démocratisation du parfum a toujours fait partie de la marque, avec par exemple les ateliers permettant aux clients de découvrir les coulisses de la création de parfum. Cette distribution avec Sephora permet à un plus grand nombre de clients de découvrir nos parfums et d’accéder plus facilement à des parfums de qualité. La collection Explosions d’Emotions nous permet de nous exprimer autrement, et d’explorer un autre thème. La qualité reste une valeur centrale pour L’Artisan Parfumeur.

- Pour en revenir plus spécifiquement à L’Artisan Parfumeur, alors que beaucoup s’inquiètent de son passé récent (collections temporaires ou définitives difficiles à appréhender, ressorties de parfums passés...), quel est l’avenir de L’Artisan (reformulations possibles à l’avenir, etc) ?

L’avenir de L’Artisan Parfumeur va allier une croissance à l’international avec un renforcement de notre présence en France avec de nouveaux produits alliant héritage et modernité. Nous sommes conscients que de nombreux consommateurs sont fidèles et très attachés à la marque, et nous en sommes extrêmement reconnaissants. Nous essayons au maximum de les faire participer à l’univers de la marque notamment grâce aux réseaux sociaux. Sachez que lorsque nous travaillons nous avons toujours en tête cette communauté de fidèles clients.

Merci d’avoir bien voulu jouer le jeu auprès de nos lecteurs et d’Auparfum.

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par Nicolaï, le 8 octobre 2014 à 06:04

"Cette distribution avec Sephora permet à un plus grand nombre de clients de découvrir nos parfums et d’accéder plus facilement à des parfums de qualité."

Traduction : "Cette distribution avec Sephora permet à une plus grande quantité d’argent de rentrer dans les caisses (ça c’est quand même sympa), et de faire du mainstream qui plaira au plus grand nombre (même tonton Raoul pourra sentir bon, dis !) ."

Une politique gagnant gagnant, en somme.

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Aaricia

par Aaricia, le 10 septembre 2014 à 11:56

Moi non plus, pas du tout convaincue par cet entretien.
J’y lis entre les lignes une redite de la stratégie de marque qui me parait vraiment axée "tout bénef" et non plus "qualité first" ce qui est quand même l’apanage des marques de luxe. On nous laisse des phrases toutes faites pour nous faire plaisir, mais elles sonnent particulièrement creux ("La qualité reste une valeur centrale pour L’Artisan Parfumeur.")
Les réponses courtes et la volonté de ne pas trop en dire me semblent être une retenue pour ne pas nous contrarier sans sortir de la stratégie de marque.
Qu’on sorte la marque des corners de luxe pas dispo partout, entendons-nous bien, je suis pour !
Mais je suis inquiète sur les parfums qui sortent un peu du lot et qui ne plaisent pas à tout le monde, comme Bois Farine qui a disparu un moment du site. Sous la logique commerciale la tentation de supprimer ces références peut être forte. Moi, ce sont ceux-là qui me plaisent chez l’Artisan. Vous remarquerez que l’interwievée s’est bien gardée de nier une quelconque discontinuation.
Quand à la dernière réponse, quelle blague ! "Nous essayons au maximum de les faire participer à l’univers de la marque notamment grâce aux réseaux sociaux." => j’ai tenté de participer une fois, le corner n’était pas au courant, j’ai mis des messages sur le facebook de l’AP, plus de nouvelles... J’appelle pas ça respecter les clients.

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par Troudujol, le 9 septembre 2014 à 21:09

Pourquoi la collection Explosion d’émotions serait-elle destinée à un public plus aisé ? A 140 Euros les 125 ml, elle est finalement au même prix au ml que les eaux de parfums de la marque à 110 Euros les 100 ml. Quand on sait que le 100 ml de La Vie est Belle est à 111 Euros sur le même site...

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Youggo

par Youggo, le 9 septembre 2014 à 19:52

Merci à l’Artisan Parfumeur d’être toujours à l’écoute des internaute pour leur apporter les réponses à leurs questions.
Il n’empêche, cet entretien ne me rassure pas plus. Comme le dit Farnésiano, la stratégie de la marque (et donc ses lancements, sa communication, son image, son concept et son identité même) est de plus en plus floue, cherchant trop à jouer sur tous les fronts à la fois et à satisfaire tous les marchés : nouvelle clientèle aisée, habitués fidèles de la marque, grand public... Une marque se disant "artisanale" et confidentielle peut difficilement paraitre crédible lorsqu’elle sort des parfums aux concepts expérimentaux hors de prix, ou lorsqu’elle se lance dans le marché grand public.
"La concurrence est très rude c’est vrai, je pense que seules les marques qui ont une vraie légitimité/un concept très fort resteront." ... C’est justement là que le bât blesse à mon avis. Lutens a réussi son implantation en GMS, car la marque est arrivée avec un positionnement, une offre, une image et une communication totalement claire et cohérente. Ce n’est pas (plus) vraiment le cas de l’AP.

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Farnesiano

par Farnesiano, le 9 septembre 2014 à 17:53

Merci, Opium et AuParfum, pour cet entretien assez révélateur de la stratégie actuelle des maisons que nous appellerons " semi-niche ", prises, coincées plus exactement, entre le désir d’un élistisme et la logique commerciale. Pour simplifier grossièrement, comment concilier l’art et le marché ? Ces dernières années, L’Artisan m’a semblé privilégier le second. En bref, LE Parfum ou LES clients ? Les Explosions qui tiraient vers le bling-bling m’ont laissé de marbre. Non, soyons honnête, elles m’ont fait sourire. Ce qui n’est pas mal, rétorqueront certains. Mais à quel prix ?! Elles n’auraient explosé que ma tirelire. Au final, je m’inquiète pour cette marque qui nous a laissé naguère certaines créations de haut vol, je pense au délicieux Séville à l’aube. Restons optimistes !

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