C’est Paris ! Les exclamations ludiques de Carven
par Jessica Mignot, le 2 juillet 2021
Pour ce double lancement, masculin et féminin, Carven célèbre la capitale qui l’a vue naître, dans un esprit de jeu espiègle.
En 1945, Carmen de Tommaso ouvrait sa première boutique à Paris, au 6, rond-point des Champs-Elysées. L’année suivante sortait son premier parfum, Ma Griffe, un chypre floral aldéhydé signé Jean Carles. La marque, remise en avant en 2013 par le groupe Bogart, a alors réédité ce parfum historique - ainsi que son Vétiver de 1957 - avec la volonté de respecter l’esprit de l’original.
Pour ces deux nouveautés, c’est la capitale, avec son parti pris « d’audace et de liberté », qui a notamment été source d’inspiration. Un masculin et un féminin qui portent le même nom, et un même fil conducteur : retranscrire l’esprit très parisien du mélange des genres, ce qui a été traduit olfactivement par le jeu d’association entre une matière première classique de la parfumerie et une autre plus rare, plus étonnante.
C’est Paris ! au masculin a été composé par Aurélien Guichard, parfumeur chez Takasago. Il a choisi de travailler la feuille de violette, et d’en transcrire toute la complexité, en allant au-delà de la note verte pour mettre en avant sa facette plus cuirée. Pour créer l’effet de surprise, il l’a associée à la filbertone, une molécule présente dans la noisette, tout en développant les nuances crémeuses grâce au santal. Enfin, le parfumeur a utilisé la mousse, pour ajouter de la profondeur à l’ensemble. En découle selon la marque « un chaud froid aromatique et crémeux », à la fois classique et moderne.
La version féminine de C’est Paris ! a été composée à quatre mains par Juliette Karagueuzoglou et Caroline Dumur d’IFF. Ce sont les couleurs de Carven qui ont été à la base de l’inspiration des parfumeuses : le vert et le blanc. Juliette Karagueuzoglou a souhaité travailler l’idée du gardénia – fleur dont on ne peut extraire l’essence – par ses différentes facettes : sa blancheur à partir du jasmin du Maroc LMR, « qualité la plus crémeuse, la plus blanche, la plus joyeuse » selon la parfumeuse ; sa verdeur grâce au cis-3-hexénol et à l’acétate de cis-3-hexényle à l’odeur de gazon coupé ; et enfin la sensation de lourdeur de la fleur avec des notes de santal, crémeuses – une passerelle avec le parfum masculin – et un patchouli cœur de LMR.
Caroline Dumur a contrebalancé l’aspect vert et crémeux en jouant sur les notes plus incisives et pétillantes d’une « rhubarbe juteuse et salivante à souhait » et du poivre rose, pour obtenir une note d’un vert presque fluo. Elle a employé l’acétate de styrallyle, une molécule présente dans le gardénia mais également un clin d’œil à Ma Griffe, premier parfum à l’utiliser en grande quantité. Enfin, le Cashmeran permet de faire un lien entre la rhubarbe, le cœur floral gardénia et le patchouli.
Thierry de Baschmakoff, designer des parfums Carven depuis 2013, a conçu des flacons décrits comme « beaux et ludiques à la fois, joyeux, extravagants ». Le grand capot fait écho aux silhouettes de Carven, avec ses immenses chapeaux, et la texture du verre reproduit un toucher textile. Il confie apprécier de pouvoir travailler sur la signature de la marque dans le temps, ce qui permet de penser la cohérence de l’esthétique des flacons dans leur ensemble. Ainsi, le ruban d’origine de Ma Griffe réinterprété constitue un fil d’Ariane des différents lancements.
C’est Paris ! eau de toilette pour homme, 45 euros/ 30 ml, 69 euros/ 50 ml, 89 euros/ 100 ml
Déjà disponible
C’est Paris ! eau de Parfum pour femme, 55 euros/ 30 ml, 79 euros/ 50 ml, 101 euros/ 100 ml
Disponible en septembre
Premières impressions
C’est Paris ! pour homme évoque tout ce qui se fait de plus attendu au rayon pour homme : un accord typique aromatique, vert, légèrement fruité et boisé.
Il gagne ensuite en douceur, et l’on discerne l’accord noisette, lacté, crémeux, mais son fond boisé épicé demeure très conventionnel.
C’est Paris ! pour femme s’ouvre sur une envolée épicée et juteuse évoquant le pamplemousse, aux accents métalliques. La rose prend ensuite le pas, accompagnée de notes fruitées acidulées. Puis l’accord floral, enrobé de patchouli et de Cashmeran, assez familier, offre un sillage puissant, propre et crémeux, pas désagréable mais déjà-vu.
Si les deux parfums sont bien construits, l’audace et la liberté promises semblent bien loin, et on regrette que l’idée de faire ressortir une matière « plus rare » soit malheureusement noyée dans des accords qui ne prennent, eux, aucun risque face à la monotonie du marché…
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En cas de déception, je retournerai au si beau Paris d’YSL.
Ou à la chanson de Mistinguett ! ;-)
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