Esprit du Tigre
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Compositrice de fragrances indépendante et rédactrice pour Nez, la créatrice nous explique comment le parfumeur se joue de notre odorat avec sa palette.
il y a 9 heures
L’actuelle version EDP, testeur neuf en grand magasin, n’est franchement pas à négliger. Moins(…)
Lavande délavée
Église en flammes
Fraîcheur souterraine
Mélange personnel anti-bobo : diluez dans du macérât huileux d’arnica des montagnes une forte dose d’essence de gaulthérie couchée (G. procumbens), de copahu/copaïba et de térébenthine. Vous tomberez les mouches à vingt mètres mais aucun onguent n’est aussi efficace que celui-ci pour soulager muscles endoloris, ligaments froissés, tendons vexés, rhumatismes, arthrites et autres terribilités physiques du même acabit. Le baume de copahu remplace ici l’hélichryse, immortelle italienne dont l’huile essentielle est hors de prix, pour ses propriétés circulatoires ; la térébenthine oxygène les muscles ; et la gaulthérie, véritable aspirine avec ses 99% de salicylate de méthyle, remède bien connu des sportifs, amène en sus une action antitussive. En bref, c’est un baume du tigre maison qui défonce tout.
Sans rire, je rêve depuis des années d’un parfum qui ose intégrer une odeur – je n’ose pas finasser en disant une senteur – pareille. Il n’y a pas de menthol ici pour rafraîchir la composition démoniaque (quoiqu’il m’arrive de rajouter de l’huile de graines de moutarde pour accentuer l’aspect rubéfiant au besoin...) mais un exotisme torride et dangereux. Médicinal, sans doute, mais le genre de drogue obtenue en faisant subir des choses louches à un serpent.
Il faudrait un fruit là-dedans, peut-être, mais il faudrait commencer par du patchouli, et une bonne dose de sang-froid.