Auparfum

Choisir son parfum...

23 février 2010, 11:00, par idepont

Choisir son parfum, titre la rubrique... Toute une histoire ! Un long parcours...

Enfant, je respirais donc la Blue Grass de ma mère, et l’odeur de savon basique de mon père. Ma grand-mère paternelle portait du vétyver en souvenir de mon grand-père. Je ne me rappelle pas les parfums des mes grands-parents maternels, dont j’étais pourtant plus proche... J’étais déjà très gourmande.
Mon premier flacon acheté avec mon argent de poche a été une vanille d’yves rocher, banale, vulgaire et délicieuse comme un beignet de fête foraine. Je devais avoir 12 ou 13 ans. J’ai gardé très longtemps ce flacon, dont le contenu ne s’est dénaturé que très tard. J’étais gamine, donc ça m’allait assez bien. Mais les parfumeries me semblaient déjà l’antre de tous les plaisirs, même si je n’osais pas encore en franchir seule le seuil.
J’ai fini par oser, pour acheter, premiers babysittings aidant, un peu de Trophée de Lancôme, que j’aimais beaucoup. Encore un peu garçon manqué, le côté mixte et sportif me plaisait. J’alternais avec Diorella pour les "occasions".
Peu de temps après, plus à l’aise dans ma nouvelle féminité, j’ai porté Magie Noire, même si je pressentais que le côté un peu sulfureux ne me correspondait pas. Mais Diva, d’Ungaro, me poussait à l’infidélité. J’en aimais autant le nom. C’est vers ce moment-là que j’ai rencontré mon mari.

Sans supporter l’idée de se parfumer lui, il aimait que je "sente bon" (c’est un début...) et il savait que j’adorais ça. Donc il savait comment me faire plaisir. Mon premier parfum d’adulte, je dirais, a été Nahéma, de Guerlain. Il m’allait bien. Ca a été mon premier vrai coup de foudre. C’était moi à ce moment-là, vraiment. C’était plus que sentir bon, c’était me décrire gentiment. C’était aussi le moment d’Ysatis, de Givenchy. Je suis étonnée, en écrivant ces lignes, de voir à quel point j’ai été infidèle ! :-)
Au hasard des promenades, nous entrions dans les parfumeries, juste pour le plaisir... Je suis ressortie avec Cuivre, de Montana, je crois que c’était une édition limitée, j’adorais, et j’ai été très triste, quand un de mes enfants a cassé le flacon, de ne pouvoir le remplacer... J’étais mûre pour l’eau d’Issey, qui n’était pas encore sorti. L’eau de Cédrat, de Guerlain, m’a séduite un moment, entre autres pour son flacon. J’ai porté un peu de Vent Vert, puisque j’avais appris que c’était le parfum de jeunesse de feue mon adorée grand-mère maternelle... Et j’avais toujours une eau de Rochas toute simple sous la main.

Une amie a oublié un jour son eau d’Hadrien à la maison. Une révélation. Jusqu’à présent, c’est le parfum que j’ai porté le plus longtemps et que j’ai racheté le plus souvent.

Et puis sont arrivés Miyake et Kenzo. Une esthétique totalement différentes. L’eau d’Issey a marqué un grand tournant dans ma vie. Et le premier Kenzo, au si joli flacon, m’a envoûtée...
Mais quel calvaire de les sentir partout dans la rue, ces deux-là !

Guerlain a sorti ses Aqua Allegoria. J’ai porté avec grand plaisir Herba Fresca, qui faisait de moi un chewing-gum géant, ce qui était agréable à une époque où j’étais hallucinée de fatigue. Puis Pamplelune est sorti, que j’ai acheté plusieurs fois aussi. J’étais dans une période assez simple, j’allaitais année après année, j’étais crevée, je voulais me rafraîchir, je n’avais pas le courage de me raconter, pas le temps de chercher, et pas envie d’infliger un parfum trop lourd à mes bébés. L’eau d’Orange Verte me faisait du bien aussi et la cologne de Mugler. Le temps a passé, pas de grandes nouveautés sur mon étagère, et ça m’attristait un peu, car je me rappelais le bonheur que j’avais eu à découvrir de nouveaux parfums. Mais à la campagne, sans avoir le temps de chercher, pas facile de faire des rencontres !

Et puis un jour, j’ai découvert Lutens. Comment ? Je ne me rappelle plus. C’était Fleurs d’Oranger. J’ai toujours adoré la fleur d’oranger sous toutes ses formes. Ca a dû être le nom qui m’a attirée. Un choc terrible. Un vrai grand parfum... Peu à peu, je me suis intéressée à Lutens et j’ai découvert Un Bois Vanille (retour à mes premières amours), Daim Blond, Chêne... Et quand une vendeuse m’a dit que quand elle hésitait, elle portait les deux en même temps, alors là, ça a été une révélation. Je ne le fais que pour Lutens, mais il m’arrive souvent d’en porter deux, le plus souvent boisé ou cuiré, en même temps, ce qui invente à chaque fois une nouvelle signature...
A côté de ce parcours Lutensien, la Violette de Goutal a ravi mon coeur durablement. Je la porte par période. Mes filles aimeraient m’en piquer, mais je veille...

Dans tous ces parfums, une histoire, une facette de moi, une période... Je ne peux pas envisager un parfum qui sente juste bon. Il faut que ça soit moi. Un jour, mon mari est rentré avec un Givenchy (un énorme flacon, en plus) dont j’ai oublié le nom, il sentait le muguet. Il l’avait senti sur une amie commune, l’avait aimé, m’en avait fait la surprise. Je l’ai trouvé d’un banal, sur moi... J’en ai porté pour lui faire plaisir, mais j’avais l’impression d’être une usurpatrice, de me compromettre, de raconter un mensonge. Il a très rapidement convenu, d’ailleurs, que ce parfum n’était absolument pas pour moi... Nous choisissons toujours ensemble. Il est allergique à une composante particulière de certains parfums (genre Shalimar), qui l’étouffe immédiatement, et l’expérience du Givenchy le dissuade de choisir sans moi...
Voilà ma réponse à "choisir son parfum". Elle est simple : j’en suis incapable, je suis trop volage... ;-) D’ailleurs, ce matin, je me suis commandée le coffret d’échantillons de DesNez, dont j’ai lu tant de louanges ici-même... Je vous dirai ce que j’en pense !

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