Auparfum

Nuit de Bakélite

10 mai 2018, 20:46, par Belle du seigneur

Merci pour cette dernière phrase, c’est vraiment agréable de me laisser répondre.

Je n’écarte pas du tout le droit d’un revers de la main : je dis juste que vous l’avez utilisé un peu comme un argument d’autorité ("si le droit dit ça, c’est que c’est vrai"). Le droit n’a peut-être pas modifié la définition de l’esclavage, je n’en sais rien à vrai dire. Par contre, le droit a bien modifié la reconnaissance du peintre au cours du temps. On ne peut donc pas dire que le droit soit un argument pour déterminer si telle ou telle chose est un art, parce que la reconnaissance des arts a évolué dans le temps. Mais effectivement le fait que le droit ne considère pas que le parfum soit un art signifie quelque chose dans les mentalités en général.
Ce que je veux dire, même si ce n’est visiblement pas du tout clair, c’est que donner une définition de l’art n’est pas si facile que vous semblez inlassablement le répéter. Je vous ai demandé votre définition de l’esthétique, pour clarifier les choses, parce que je ne comprends pas votre critère.
Par ailleurs je n’ai nulle part affirmé que la littérature était un art dans cette conversation car qui suis-je pour le faire ? Ni pour la parfumerie, ni pour quoi que ce soit d’autre en fait.
Donc l’art est selon vous les Beaux Arts. Bon, déjà, ce n’est pas la définition de tout le monde à présent. Ce n’est pas si évident que ça.
Et c’est par ailleurs une tromperie (je vous remercie pour votre conseil de relecture, il me semble que ce que j’ai dit sur Platon était plutôt juste, et effectivement il donne une définition de l’art comme tromperie basée justement sur le fait, comme je l’écrivais, qu’il s’agit de la copie d’une copie de l’Idée. Et vous, vous y croyez donc, au ciel des Idées ? Chouette. Tout ce que je souligne, c’est que la définition de l’art a changé avec les philosophes, alors pourquoi choisir la définition de Platon plutôt que celle d’un autre ?
Enfin, je ne parlais pas de Platon et du droit de son époque, mais de la philosophie platonicienne et du droit antérieur à la Renaissance.)
Voilà ce que j’essaye de savoir, en fait, pour pouvoir discuter avec vous sur le premier message auquel j’ai répondu, où vous avanciez des thèses pour justifier que la parfumerie ne saurait être considérée comme un art, et j’aurais vraiment aimé que ça puisse être une vraie dissertation en fait, où l’on se demanderait : qu’est-ce que la beauté ? La perfection ? Au lieu de faire comme si ces notions étaient évidentes et anhistoriques.
Par exemple, si le problème du parfum est d’être trop fuyant, volatil, que dire du jazz et de ses improvisations ? De même, vous dites que le parfum ne peut pas être un art parce qu’il est reproductible et susceptible d’être diffusé, or la poésie et la musique (qui sont donc selon vous des arts, faisant partie des Beaux Arts)sont eux-mêmes reproductibles (CD, concerts, livres) et par conséquent susceptibles d’une diffusion. Pourrait-on donc affiner les critères ?
Aussi je crois (mais peut-être me trompé-je) que la "poésie" des Beaux-Arts ne se limite pas à la seule poésie mais s’élargit au théâtre et au roman, par exemple (je pense à Kundera ici, L’Art du Roman). Mais certes pas forcément toujours. Je pense juste que c’est pas mal d’en discuter. Encore une fois, je n’affirme pas que ce sont des arts.
Je ne savais pas que la peinture antique était équivalente à de la peinture en bâtiment. Par contre, a priori, ce n’est pas seulement le développement technique qui a permis à la peinture de devenir reconnue comme art. C’est aussi les discours des peintres eux-mêmes et l’évolution des idées. Mais la technique a en effet un rôle déterminant, parce que se basant sur la géométrie, le peintre peut asseoir son autorité sur une base solide. Du moins c’est ce que j’ai compris en lisant Marc Jimenez, Qu’est-ce que l’esthétique ? On peut en tout cas en retenir qu’il s’agit là d’une affaire complexe, un peu plus que d’une simple affaire technique. Enfin, ce n’est pas tellement le sujet ici, je suppose. Mais si la peinture a pu se développer pour atteindre le statut d’art, on peut imaginer que la parfumerie aussi. L’imaginer.

Ce n’est pas parce que l’art contemporain n’abonde dans votre sens que vous pouvez l’écarter d’un revers de main. Je n’aime pas non plus ce dont vous parlez, mais j’aime savoir pourquoi on peut les considérer comme des œuvres d’art. Je ne comprends pas pourquoi vous ne pouvez pas en discuter, et mettant vos certitudes en suspens. Discuter de ce qui fait l’art, le beau, etc. Et je ne comprends pas non plus où est le besoin ici de devenir vulgaire.
Mais visiblement discuter ne vous intéresse pas, ou bien je suis incompréhensible. Alors, désolée d’avoir repris un stylo confisqué.

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