Collection Ianco : Gelsomino, Zagara, Mandorlo
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Compositrice de fragrances indépendante et rédactrice pour Nez, la créatrice nous explique comment le parfumeur se joue de notre odorat avec sa palette.
il y a 11 heures
L’actuelle version EDP, testeur neuf en grand magasin, n’est franchement pas à négliger. Moins(…)
Lavande délavée
Église en flammes
Fraîcheur souterraine
J’ai été ravie de pouvoir tester ces trois parfums d’une marque qui m’était jusqu’alors inconnue. Merci à Via Dei Mille et auparfum.bynez.com !
J’avoue que le test a été quelque peu fastidieux pour moi cette fois-ci en raison d’une crise de sinusite aigüe. J’ai donc dû profiter des rares moments de calme et de « narines dégagées » pour pouvoir découvrir les parfums dans de bonnes conditions. Mais peut-être est-ce justement cette contrainte qui m’a permis d’apprécier pleinement la délicatesse et l’esthétique des parfums Via Dei Mille.
Pour éviter d’être influencée par la communication de la marque et des avis des auparfumistas, j’ai préféré sentir les parfums en aveugle.
Zagara :
Un pschitt sur le poignet, je ferme les yeux et je sens…Mon esprit embrumé et fatigué s’éclaire soudainement. Les images défilent derrière mes yeux. Mon nez lévite au-dessus de mon poignet et semble comme aimanté par le doux parfum qui s’élève. C’est une explosion de couleurs et d’effluves. Les agrumes fusent et chatouillent (agréablement) mon nez. Ca pétille de toutes parts. Bergamote et citron semblent mener la danse avant d’être rattrapés par une mandarine verte particulièrement coquine. J’adore cette envolée fraiche et zestée à l’esprit cologne dont la naturalité est saisissante. Jaune et vert sont les couleurs qui dominent à ce stade. Une image en particulier s’impose à mon esprit : Je sirote un cocktail de jus d’agrumes fraichement pressé. Une goutte s’est échappée du verre et coule le long de ma gorge.
Puis le parfum évolue en douceur. Le départ hespéridé-tonique cède la place à un coeur floral. La fleur d’oranger se pose sur un lit de muscs duveteux. C’est délicat et charmant. Je pose mon cocktail tonifiant et m’allonge à l’ombre d’un oranger en fleurs. Du linge fraichement lavé claque au vent et ses effluves bercent mon sommeil. Je me sens apaisée, réconfortée et insouciante. Je pense être partie pour une grande sieste, mais soudainement les agrumes titillent à nouveau mon nez. Cet éclat pétillant est de courte durée. Le parfum se fait à nouveau très doux sur ma peau avant de se muer brièvement en une caresse plus sensuelle et ambrée…pour finir par chuchoter une berceuse qui m’envoie définitivement dans les bras accueillants et réconfortants de Morphée.
Bref, vous l’aurez certainement compris, j’ai été conquise par le pouvoir évocateur de ce parfum à l’apparence simple mais au propos fort charmant et poétique.
Mandorlo :
Je suis la même procédure. Deux pschitts sur le poignet, je ferme les yeux et j’inspire. Si Zagara m’a fait rêver et a réussi à accompagner et transformer mon songe éveillé, Mandorlo me laisse une impression autrement plus abstraite… au début. Bizarrement, j’éprouve quelque peu de mal à mettre des mots sur mon ressenti. Je vois du blanc, une matière compacte, une grosse boule cotonneuse se forme devant mes yeux lorsque je respire le parfum. Je sens une facette fortement amandée, quelque peu grasse, lourde et collante qui m’évoque la colle Cléopâtra. Avant que mon imagination ne puisse me transporter dans une salle de classe de mon enfance, Mandorlo s’habille d’un grand nuage de poudre qui m’évoque l’ambiance d’un boudoir d’une coquette à l’époque de Scott F. Fitzgerald. Des images d’une coiffeuse croûlant sous le nombre impressionnant de cosmétiques divers et variés s’impose. Pêle-mêle, je découvre anciens bâtons de rouge-à-lèvres, poudres de riz et leurs houppettes duveteuses et fards-à-joues cramoisis. La jeune et jolie garçonne se farde devant un miroir au décor mordoré, impatiente de retrouver son amant au bal pour danser le fox-trot.
Au-delà de l’univers cosmétique-vintage que m’évoque le parfum, je sens une délicate sensualité poindre au fil du développement de Mandorlo. Comme si l’excitation gagnait de plus en plus la jeune fille s’apprêtant dans son boudoir et que l’idée de retrouver son amant chauffait son sang.
D’image abstraite d’un grand nuage blanc duveteux, le parfum se mue en une histoire sensuelle et débridée. L’impression finale du parfum sera celle d’un lit défait encore chaud du corps des deux amants.
Donc, si l’accès initial au parfum me semblait moins intéressant, son déroulement m’a de plus en plus séduite. J’ai été charmée par l’accord poudré violette-iris et son cortège de bois sombres et de fleurs charnelles. Il m’a aussi semblé percevoir une facette anisée qui me fait penser à la réglisse.
Gelsomino :
Troisième et dernier test. Le départ est très médicamenteux et indolé. Je reconnais tout de suite le jasmin et l’acétate de benzyle me saute au nez. Heureusement, son aspect vernis à ongles disparaît rapidement. Subsiste un accord fleurs blanches narcotiques et épicées, particulièrement charnel. J’ai la sensation de me retrouver au milieu d’un champ de jasmin, au coeur de la nuit. Je lève la tête vers le ciel étoilé en quête d’espace et de liberté. Le lourd parfum des fleurs est entêtant et provoque un sentiment de vertige. La torpeur de cette nuit d’été et les effluves enivrants du jasmin me font partir à la dérive. J’ai des hallucinations. Tour à tour, je me retrouve dans le corps d’une abeille ayant butiné tout son saoul et qui, étourdie par sa frénétique collecte de pollen, a perdu tout sens de l’orientation. Puis, je suis à nouveau femme, alanguie dans mon champs de jasmin, en proie à une fièvre torride.
Peut-être ai-je trop « sniffé » de parfums ces jours-ci, toujours est-il que mon esprit divague fortement. Mais peu m’importe la raison, tant que j’en apprécie l’ivresse…
Pour conclure ce long commentaire écrit sous l’influence narcotique des senteurs, j’ai beaucoup apprécié la découverte de ces trois parfums Via Dei Mille. Il me semble avoir une préférence pour Zagara et Mandorlo qui m’ont le plus fait voyager virtuellement, mais l’expérience hypnotique de Gelsomino m’a également beaucoup amusée. Le dénominateur commun des trois parfums étant une forte impression de naturalité, de qualité des matières premières et de poésie. J’ai donc été enchantée d’avoir pu prendre connaissance des créations olfactives de cette maison de parfums sicilienne. Seul petit bémol : les sprays des échantillons ne fonctionnaient pas très bien.